Le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré a annoncé, mardi 05 juin 2018, à l’ouverture des 12è Journées européennes du développement (JED) à Bruxelles, des concertations avec la classe politique burkinabè pour une révision de la loi sur le «quota genre» avant 2020.

S’exprimant devant un parterre de personnalités venues prendre part aux 12è Journées européennes du développement (JED) qui se déroulent cette année sous le thème : «Les femmes et les filles au premier plan du développement : protéger, autonomiser, investir», le chef de l’Etat a décrit minutieusement une situation mi-figue mi-raisin de la femme et de la fille burkinabè.

D’abord sur le plan de la protection juridique des femmes, le président Roch Marc Christian Kaboré a indiqué que le Burkina Faso qui compte 52% de femmes a ratifié l’ensemble des instruments juridiques internationaux afin de promouvoir les droits des femmes et des filles sur tous les plans.

Il a rappelé que le pays a mis en place une politique nationale volontariste, consacrée au genre dont l’objectif est d’instaurer une société débarrassée de toutes formes d’inégalités et d’iniquités, et qui assure à l’ensemble de ses citoyens et citoyennes les sécurités essentielles pour leur épanouissement social, culturel, politique et économique.

«L’élaboration de cette politique nationale du genre qui associe la société civile, les notabilités coutumières et les autorités religieuses vise à bâtir un partenariat fort avec l’ensemble des composantes de la Nation pour donner à la femme toute la place qu’elle mérite dans la société», a dit le président Kaboré.

Concernant les mesures prises dans le cadre de la Politique nationale genre, le président du Faso a salué des progrès importants réalisés dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’accès à la terre et de la participation des femmes à la vie politique.

«Aujourd’hui, presqu’autant de filles que de garçons sont scolarisés dans le primaire avec un taux brut de scolarisation de 86,4% pour les jeunes filles», s’est-il félicité.  A ce niveau, le Président du Faso a noté les insuffisances de la scolarisation des filles au niveau du secondaire et du supérieur, car, a-t-il relevé «l’éducation reste un vecteur incontournable de la transformation de la vie des jeunes filles dans tous les secteurs de la vie d’une Nation».

Mieux, elle constitue une arme efficace de lutte contre les mariages précoces et toutes les autres pratiques qui relèvent d’une autre époque.

«Au plan de la santé, nous avons pris en 2016 la décision d’accorder la gratuité des soins aux femmes enceintes et aux enfants de moins de 5 ans, ainsi que celle du dépistage du cancer du sein et du col de l’utérus afin de réduire le taux de mortalité maternelle», a indiqué le président Kaboré.

Concernant l’accès des femmes au foncier, le président du Faso a affirmé que la politique nationale de sécurisation foncière qui accorde 30% de terres aménagées par l’Etat aux femmes est bien mise en œuvre. En 2016 par exemple, 38% de terres nouvellement aménagées par l’Etat sont allées aux femmes.

Quant à l’autonomisation économique des femmes et des jeunes filles, le président a cité la mise en place de mécanismes appropriés de financement de leurs activités rémunératrices et d’appui à la formation professionnelle qui ont permis la création de nombreux emplois en leur faveur.

Toutefois, a regretté le chef de l’Etat, toutes les politiques adoptées par le gouvernement n’ont pas toujours eu les effets escomptés. Par exemple, la loi sur le «quota genre» adoptée  en 2009 qui visait à accorder 30% des postes de représentativité de femmes sur les listes électorales n’a pas été véritablement appliquée. A ce niveau, le Président du Faso, garant de l’unité nationale souhaite l’ouverture de discussions avec la classe politique au regard de la modeste représentation des femmes dans les sphères de décision malgré l’existence de cette loi.

«…Des discussions seront engagées, avec les partis politiques, avant les prochaines échéances électorales en vue de réviser cette loi pour renforcer la participation des femmes aux instances de gouvernance», a annoncé le chef de l’Etat.

Autres difficultés qui entravent l’épanouissement des femmes au Burkina Faso,  les nouveaux défis sécuritaires auxquels le pays est confronté, notamment les attaques terroristes.

Ces attaques qui touchent quasiment tous les pays du Sahel dont le Burkina Faso sont des «facteurs» de dégradation de la condition des femmes sahéliennes qui paient un lourd tribut.

«C’est pourquoi il est important de développer des actions qui allient à la fois les problématiques de développement et de sécurité», a plaidé le président Kaboré.

50 millions d’euros pour le PUS

Le PF Roch Kaboré en entretien avec la Premier ministre norvegienne

Afin justement d’aider le Burkina Faso à faire face à la situation au Sahel, l’Union européenne a accordé une aide budgétaire de 50 millions d’euros à notre pays. La Convention de financement a été signée la veille de l’ouverture des JED par le chef de la diplomatie burkinabè Alpha Barry et le commissaire européen à la Coopération internationale et au Développement Neven Mimica en présence du chef de l’Etat. Cet appui entre dans le cadre du financement du Programme d’Urgence pour le Sahel (PUS).

Par ce financement, l’Union européenne veut saluer l’action du gouvernement burkinabè, seul Etat parmi les pays du sahel touchés par le terrorisme, a avoir une politique d’urgence de développement régional. En effet, on admet au Burkina Faso que la lutte contre le terrorisme n’est pas que militaire. Il faut aussi rendre accessibles les services sociaux de base aux populations locales notamment l’eau, les routes, les centres de santé et d’éducation, mettre en place des activités rémunératrices afin d’essayer de réduire le taux de sous-emploi pour protéger la population jeune surtout, contre les tentations de s’engager dans des réseaux terroristes et de criminalité transfrontalière. Le PUS du Burkina Faso d’un montant de 694 millions d’euros couvre la période 2017-2020 et reçoit donc le soutien de partenaires comme l’Union européenne.

En marge de sa participation aux Journées européennes du développement, le président Kaboré a également eu des entretiens avec de nombreuses personnalités notamment avec la Première ministre néerlandaise Erna Solberg. Les deux personnalités ont évoqué les questions de lutte contre le paludisme et de santé de façon globale, et les possibilités de coopération entre les deux pays.

Les échanges avec le Premier ministre belge Charles Michel ont aussi porté sur la lutte anti-terroriste. Touchée par les attaques terroristes, la Belgique partage avec le Burkina Faso  les mêmes douleurs mais surtout, la même détermination de vaincre l’hydre. Il s’est agi donc pour les deux pays de partager leurs expériences surtout que la Belgique a une expérience en matière de renseignements sur le retour des combattants terroristes.

La Haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la Politique sécuritaire, Federica Mogherini a également eu un riche entretien avec le chef de l’Etat pour évoquer encore et justement la lutte contre le terrorisme dans le Sahel et l’opération rapide de la Force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S) à laquelle l’UE apporte un soutien de 100 millions d’euros. Il a été question du soutien au Programme d’investissement prioritaire (PIP) du G5Sahel destiné au développement de cette région.

Romaric Ollo HIEN

Ambassade du Burkina Faso à Bruxelles

Mission auprès de l’Union européenne

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