La mobilisation contre le projet d’hôpital à Bobo devant être érigé sur le site de la forêt de Kua ne faiblit pas. Alors que les explications du Premier ministre Christophe Dabiré ce 16 mai à l’Assemblée nationale étaient certainement destinées à calmer «la tempête», celle-ci s’est même  amplifiée sur les réseaux sociaux où certains internautes n’hésitent plus à menacer le pouvoir. A cette flambée pro-forêt de Kua sur la toile, il faudra ajouter aussi l’initiative d’une pétition visant à récolter quelques 5 000 signatures afin d’impliquer le Parlement dans le combat contre le projet.

Vu de la mobilisation en cours, l’on se demande si le gouvernement pourra finalement réaliser sur le site de la forêt de Kua son projet de construction d’hôpital par les Chinois. Certes, lors de son discours sur la situation de la Nation ce 16 mai 2019 à l’Assemblée nationale, le Premier ministre Christophe Dabiré, s’est montré rassurant quant à la conduite du projet de construction de l’hôpital à bon port. Dans son intervention, le PM Dabiré  a indiqué que la protection de l’environnement tenait à cœur aussi bien son gouvernement que les partenaires chinois, disposés à mener des actions de compensation.

A écouter le Premier ministre, il n’y avait pas de quoi s’inquiéter sur ce choix du site de la forêt de Kua qui était l’option la plus avantageuse. Des explications qui n’ont pas convaincu les opposants au projet. Par conséquent, la «tempête» s’est amplifiée sur les réseaux sociaux où certains internautes ne passent plus par quatre chemins pour mettre en garde les porteurs du projet  d’aller jusqu’au bout de leur idée de construction de l’hôpital sur le site. A cet activisme sur les réseaux sociaux, il faut compter aussi avec une pétition en cours de signature et dont l’objectif est de récolter quelques 5 000 signatures. Ce qui devra permettre aux initiateurs de saisir l’assemblée nationale pour qu’elle prenne position sur le sujet.  Des intellectuels, à l’image de Yacouba Traoré, auteur de plusieurs livres et ancien directeur général de la Télévision nationale, ont exprimé leur opposition au projet, en mettant en avant des aspects culturels à préserver.

Vu du côté de la Chine…

Par ailleurs, en écoutant des experts de la biodiversité, détruire une partie de la forêt pour construire l’hôpital pourrait se révéler plus coûteuse. Les compensassions sont presqu’impossibles. Car, selon ces experts, pour remplacer une forêt primaire par une forêt secondaire, cela prend sept siècles.

Pour toutes ces raisons, le gouvernement ne gagnerait-il pas à revenir sur sa décision, cela d’autant plus qu’il existe d’autres possibilités de construire l’hôpital ailleurs ? Cela relève évidemment du pouvoir discrétionnaire du gouvernement, qui devrait pouvoir, en tenant compte non seulement des avantages et des inconvénients, mais aussi dans un souci d’apaisement, surseoir à l’idée de construire l’hôpital sur le site de la forêt. Par exemple pour les dédommagements en cas de déguerpissement sur un autre site choisi ; l’argent des Chinois destiné aux actions de compensation, pourrait bien servir à cela.

Sinon, vu du côté de la Chine, cette polémique autour du choix du site peut faire sourire plus d’un. Car, à Pékin, les choix du pouvoir central ne se discutent pas, ils s’exécutent. Et là-bas comme les réseaux sociaux sont sous contrôle, tout se passe comme une lettre à la poste.

Mais, dans un Burkina Faso, où l’on parle de plus en plus de cohésion sociale, de réconciliation nationale, de dialogue politique; le gouvernement devrait pouvoir, en toute souveraineté,  prendre en compte, autant que faire se peut, les préoccupations des uns et des autres.

Bref, sur cette question chacun doit jouer sa partition pour que tout se passe bien.

Affaire à suivre…

Grégoire B. Bazié

Burkina Demain

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