Le président Thomas Sankara face président François Mitterand, avec qui les rapports n'ont pas été des plus cordiaux

Dans cette déclaration faite à l’occasion du 36e anniversaire de l’avènement de la Révolution burkinabè du 4 août 1983, le Mouvement pour la réhabilitation de la patrie revient sur les acquis de cette période révolutionnaire sous la houlette de Thomas Sankara, président du Conseil national de la révolution (CNR). Lisez plutôt !

Le président Thomas Sankara face au président François Mitterand, avec qui les rapports n’ont pas été souvent des plus cordiaux

« APPEL DU 30+2A

Saambiissi, Badéw, Suudu baaba, chers compatriotes !

Le 4 août prochain, cela fera exactement 36 ans que des patriotes de tous rangs et de toutes les catégories socio-professionnelles, intervenaient « dans la conduite des affaires de l’Etat, pour rendre à notre pays son indépendance et sa liberté, et à notre peuple, sa dignité. »

Pour empêcher les ennemis intérieurs et extérieurs de nuire aux intérêts du peuple, l’organe dirigeant, le CNR (Conseil national de la révolution), nous invitait tous à nous constituer en CDR (Comités de défense de la révolution) pour participer à la grande lutte pour le progrès économique et social.

La formidable mobilisation qui a suivi cet appel a permis des avancées dans tous les domaines, en opérant un « bouleversement qualitatif » des esprits et des chiffres.

Parmi les nombreux facteurs de changements, nous retiendrons, au regard de l’actualité, les éléments suivants :

  • le principe du compter sur ses propres forces et son volet alimentaire : Produire ce que nous consommons ! Consommer ce que nous produisons !;
  • l’Environnement, à travers les Trois luttes: contre la divagation des animaux, contre les feux de brousse, contre la coupe abusive du bois, avec leur pendant : le reboisement, la promotion des foyers améliorés, la promotion du bio-gaz (avec les bio-digesteurs), la promotion de l’énergie hydraulique (Kompienga) et la promotion de l’énergie solaire ;
  • l’assainissement public, par les Travaux d’intérêt commun (TIC) dont l’Opération mana mana qui portait sur le curage collectif et citoyen des caniveaux et le nettoyage des ordures de toutes sortes ;
  • les lotissements à grande échelle et la participation directe des habitants des zones à lotir dans l’attribution transparente et rigoureuse des parcelles, prioritairement à ceux qui n’en avaient pas du tout ;
  • le logement par la construction des Cités (An2, An3, An4 A et B et de L’Avenir, des 1200 Logements, à Ouagadougou) et celles du 4-Août (dans les différentes provinces) ;
  • l’emblématique Bataille du rail pour désenclaver le Nord et exploiter le manganèse de Tambao ;
  • le culturel, par :
    • la création de l’IPN (Institut des peuples noirs),
    • la transformation du Fespaco en une grande fête populaire et une tribune porteuse des combats libérateurs du Monde Noir, à travers le 7e..
    • le port du Faso dan fani (FDF), obligatoire pour les responsables administratifs aux cérémonies officielles ;
  • la Santé par :
    • la mise en place des Postes de santé primaire (PSP) avec l’Opération un village, un PSP et des Centres de santé et de promotion sociale (CSPS) ;
    • l’exemplaire OpérationVaccination commando qui a permis en quelques jours, de vacciner des millions d’enfants ;
    • la tombola Instruisons nos enfants;
    • la reconnaissance officielle de la médecine traditionnelle, l’organisation des tradi-praticiens et la valorisation de leurs actes ;
    • l’encouragement, dans le contexte d’une concentration extrême des Services administratifs, à l’installation de kiosques pour assurer une alimentation saine aux travailleurs dont les domiciles sont de plus en plus éloignés de leur lieu de travail ;
  • la lutte anti-corruption sans concession aucune, et à tous les niveaux ; prévention de la corruption par la création de la Commission du Peuple chargée de la prévention de la corruption (CPPC) marquée par la déclaration publique des biens de dirigeants du CNR, Thomas Sankara en tête !
  • la réduction du train de vie de l’Etat par :
    • la limitation des salaires des membres du Gouvernement et l’obligation pour eux d’utiliser des véhicules de petite cylindrée pour leurs déplacements courants et de voyager en avion en classe touriste
    • la création du Parc automobile de l’Etat où étaient regroupés tous les véhicules d’usage commun qui ne sortaient que sur présentation d’un ordre de mission ;
    • la réglementation de l’utilisation des véhicules de l’Etat en dehors des heures de service ;
  • la Justice, par :
    • la création des TPR (Tribunaux populaires de la révolution) dont les séances étaient retransmises en direct à la radio nationale, dans un souci pédagogique et de transparence ;
    • l’opération « Justice libérée » qui a rapidement assaini la situation dans nos prisons en en faisant sortir tous ceux qui y croupissaient à tort, depuis des années, après jugement en accéléré ;
    • l’aide judiciaire, par l’intermédiaire des Songda, sortes d’avocats publics chargés d’assister le citoyen lamda dans sa quête de justice…
  • la réorganisation des ONG, par la création d’un Secrétariat permanent et d’un Bureau de suivi, pour une action positive, équitable et juste, prenant en compte les besoins réels des populations et non les influences politiciennes ;
  • l’affirmation d’un nouvel ordre mondial des relations internationales basé, non sur la domination mais sur la coopération égalitaire, dans le respect des intérêts de peuples libres ! Le Tiers-monde, la lutte contre l’Apartheid, le sionisme, les luttes pour les indépendances des derniers bastions colonialistes avaient tout leur sens pour notre peuple et ses dirigeants…

La liste est longue !

Les succès de la Révolution inquiétaient l’ordre néocolonial et angoissaient tous ceux qui vivent de la misère des peuples. Le Pays des hommes intègres séduisait particulièrement la Jeunesse africaine assoiffée d’idéal et de modèles positifs et constituait le « mauvais exemple » qui inquiétait les pouvoirs par procuration des Républiques serviles.

Le 15 octobre 1987 fut la réponse violente à ce formidable élan de liberté du peuple burkinabé. Cette liquidation barbare et scandaleuse de la Révolution a été rendue possible grâce à la cupidité et à la manipulation de « camarades révolutionnaires » de l’intérieur et de l’extérieur du pouvoir populaire, incapables de suivre le train des sacrifices nécessaires.

La réaction à cet élan fut terrible : assassinats ciblés, tortures, emprisonnements, déportations administratives…ont été le lot des fidèles de la RDP. Certains furent contraints à l’exil ou interdits de séjour, de facto ! Parmi les « exploits » du pouvoir du Front populaire sous la conduite du capitaine Blaise Compaoré :

  • les tueries de Kamboinsé, avec l’assassinat du Lieutenant Koama Michel,
  • celles de Koudougou avec la mort de jeunes officiers résistants, à l’image de Kéré Daniel, Sanogho Elysée, Ky Bertoua… enterrés sommairement dans une tombe collective, au sortir de la capitale du Boulkiemdé, sur la route menant à Réo !

La sale besogne accomplie, les nouveaux maîtres n’étaient toujours pas satisfaits. Ils se mirent en tête de tuer le mort Thomas SANKARA ! : en le vilipendant, le trainant dans les eaux sales du mensonge et de la perfidie, le traitant de renégat, d’autocrate, etc. Ce fut une femme (de surcroît !) qui lui asséna le coup le plus ignoble en hurlant à la radio nationale que Sankara était…misogyne ! Face à ces déchainements éhontés, n’en pouvant plus, excédé, l’ancien Président Sangoulé Lamizana avait publiquement exprimé son étonnement et son dégoût de ces discours scabreux !

A partir de 1991 (IVe République), la répression menée par la mue du Front populaire devenu Organisation pour la démocratie populaire, mouvement du travail, O.D.P./M.T (dont les populations qualifieront les dernières lettres de Mange et tais toi !) se fit plus sournoise mais tout aussi rigoureuse : le sang ne coulait plus par balles essentiellement, mais se coagulait surtout par le poison. Les fidèles du Président SANKARA assassiné ou tous ceux qui étaient identifiés comme tels, étaient mis au banc de l’Administration d’Etat, bloqués dans leurs activités et initiatives de survie et réduits à la misère.

Pendant longtemps, les enragés du 15-Octobre ont régné, se pavanant dans tous les secteurs de la vie politique, économique et sociale et étalant partout leur arrogance. Ce fut le temps de la légalisation de l’exercice d’un pouvoir assassin, résumé dans l’expression : Si tu fais, on te fait et puis il n’y a rien ! : les victimes étaient sommées de pardonner aux bourreaux, en brûlant la case « Vérité » et en allant à la réconciliation, sans autre forme de procès ! C’était le temps du Sabari kagni (Pardonner est beau), avec sa Journée nationale du pardon, purement démagogique, cynique et folklorique, une imposture que des attardés de l’évolution nous ressortent, contre toute logique et surtout, à contre-courant de l’Histoire !

Le 13 décembre 1998, le pouvoir du capitaine Blaise Compaoré assassine, dans un scénario des plus ignobles, cruels et inhumains, le journaliste Norbert Zongo ! Très vite, tous les patriotes, progressistes, révolutionnaires et même simples révoltés se joignent à ce mouvement de contestation des crimes de sang, des crimes économiques et de la Vie chère qui allait ébranler les fondements du régime.

Poursuivis, malmenés, écrasés, les fidèles compagnons de la Révolution ont poursuivi ainsi leur Longue marche jusqu’à l’Insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 qui vit la fuite en plein jour de Blaise Compaoré, exfiltré par Paris sur l’Abidjan d’Alassane Dramane OUATTARA ! Une insurrection populaire qui nous a ainsi admirablement vengés, et de la plus éclatante des manières, de cet autre Octobre de la honte qui a vainement tenté  d’effacer de nos mémoires, les formidables œuvres de dignes fils du Faso.

Citoyens, citoyennes,

Burkinabé de tous les âges, de toutes les religions, de toutes origines,

Dignes filles et fils de la Patrie des hommes intègres,

Après le sauve qui peut qui a suivi le 15 octobre 1987, après le souci du salut individuel bien compréhensible d’alors, est venu le temps du salut collectif, le temps  de brandir à nouveau le flambeau de l’espérance.

Pendant des décennies, des camarades ont consenti des sacrifices énormes et payé dans leur chair, parfois leur vie, leur fidélité à l’idéal. Des hommes et des femmes de bonne volonté les ont protégés, souvent dans la discrétion, à leurs risques et périls !

Mais il y a eu aussi, hélas, des déchirements et des anathèmes proférés à l’encontre de camarades par d’autres camarades qui prétendaient avoir le monopole du sankarisme. Les dérives, les exclusions et l’auto-destruction ont gagné les rangs des révolutionnaires. De tels agissements et comportements ont sérieusement entamé la confiance que pouvait avoir en nous, notre peuple désespérément en quête d’espérance ! C’est ce qui justifie en grande partie la perte de vitesse continue des « Sankaristes » lors des élections, alors que le symbole, le Président SANKARA, plus que vivant dans nos cœur, est désormais héros pour l’Eternité !

L’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, si elle a balayé le Front populaire et ses métamorphoses, n’a pas pour autant mis fin au régime d’exploitation du peuple. Les bénéficiaires de 27 ans du pouvoir apatride de Blaise Compaoré qui ont utilisé l’élan de rejet inconditionnel de l’ancien Régime pour se hisser à la tête de l’Etat, devraient comprendre que c’est là une occasion unique que le sort leur donne pour se racheter et se réhabiliter, en mettant entièrement au service du peuple, leurs énergies. En faisant de sorte que les orpailleurs en tous genres, les armées de collecteurs de marchés publics et autres dealers de parcelles qui étaient au cœur du Pouvoir défunt et dans ses démembrements et qui l’ont accompagné au quotidien jusqu’à sa chute, ne restent pas impunis. Et que les différents dossiers connaissent un examen  sérieux par la Justice, dans le souci de l’intérêt général !

Aujourd’hui, le Burkina ne s’est jamais aussi mal porté. De nombreux voyants sont au rouge. Le pays est devenu une poubelle à ciel ouvert : poubelle à ordures morales et matérielles, réceptacle de déjections et dépotoir de rebuts en tous genres.

L’Economie est désarticulée, déconstruite si non asphyxiée. Les rares qui fonctionnent encore sont condamnées à terme à la fermeture tandis que le Commerce général bat son plein, faisant de nous, essentiellement un peuple de consommateurs affamés que l’on tiendrait par le ventre ! Un manque de vision et de décision lamentables. Les grèves se succèdent sans fin, donnant la preuve que le pouvoir refuse de jouer franc-jeu, mû par des considérations qui conduisant à la jonglerie avec pour résultats, les rapports de force ou le bras de fer.

Le Nord du Burkina est venu au Centre du Burkina et les réfugiés du Sahel, terrorisés, sont aux portes de Ouagadougou, si non à l’intérieur, avec armes et bagages ! Le diagnostic est partagé !

A ce tournant de notre Histoire, face à cette situation dramatique marquée par le terrorisme et l’abandon des valeurs, face aux périls en tous genres qui menacent les fondements de notre société, il n’est pas bon que des hommes et des femmes qui ont avec eux, la vérité historique, restent aphones. L’expérience et le temps ont validé les recettes de la Révolution populaire dans les pays dont les leaders ont eu le courage et l’intelligence de les appliquer.

L’idéal n’est pas mort, parce qu’il ne peut pas mourir ! Notre devoir est de le raviver, de le porter et le maintenir aussi haut que possible. Pour l’honneur du Burkina ! Pour celui des martyrs ! Pour le développement véritable du Burkina et l’avenir de notre Jeunesse !

Citoyennes, citoyens, hommes et femmes, jeunes et vieux, acteurs, témoins, REVEILLONS-NOUS ! Semons la graine de l’Espoir de tout un peuple. Créons un vaste Mouvement pour la réhabilitation de la Patrie des hommes intègres ! Révolution et intégrité ont été longtemps galvaudées. C’est le moment de leur donner tout leur sens.

A tous ceux qui partagent le même rêve que Thomas SANKARA et nos autres héros, à l’image de Ouézin COULIBALY, Nazi BONI, Amirou THIOMBIANO, Norbert ZONGO, du Professeur Joseph KI-ZERBO, d’Hama Arba DIALLO ; à notre Jeunesse combattante qui a fait la preuve de sa maturité et de son engagement éclairé à défendre les intérêts supérieurs du Peuple, comme l’ont révélé l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et la résistance héroïque et victorieuse au putsch de septembre 2015, à vous tous, hommes et femmes qui croyez fermement que le BURKINA mérite mieux que ce que nous vivons aujourd’hui, nous lançons cet appel : VENEZ !

Venez, pour qu’Octobre prochain soit un nouveau départ ! Dans l’Unité Retrouvée ! Venez, pour aider à construire un Burkina nouveau véritablement réconcilié avec lui-même. Un Burkina sécurisé, résolument tourné vers un avenir radieux, sur la voie du véritable développement, avec une nation de paix, de travail et de justice !

Venez, pour qu’ensemble, nous puissions créer un cadre démocratique et les conditions d’une nouvelle révolution populaire ! Un peuple organisé et déterminé dans la maîtrise des choix qui engagent son destin est invincible !

  • L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. (…) Seule la lutte libère ! (Thomas SANKARA).
  • Le pire n’est pas la méchanceté des gens mauvais mais le silence des gens biens ! (Norbert ZONGO).
  • Nan lara, an saara ! : Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ! (Joseph KI-ZERBO).
  • Carton rouge aux exploiteurs et aux affameurs du peuple ! (Hama Arba DIALLO)

Nous nous sauverons tous, ou tous, nous périrons !

La patrie ou la mort, nous vaincrons !

Pour le Mouvement pour la réhabilitation de la patrie

Le Comité d’initiative

Ismaël DIALLO

Ambroise FARAMA

Ramata GANOU

Cyprien NANEMA

Jean-Hubert BAZIE

Contact : Téléphone 60191815. Mail : jeanhubertbazie@gmail.com »

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