Le Général est le véritable homme fort du coup de force

Près de soixante ans après l’expérience éphémère de février 1964, le Gabon a enregistré dans cette nuit de mardi à mercredi 30 août 2023 son deuxième coup d’état de son histoire. Ce coup de force est intervenu après l’annonce de la victoire du président sortant Ali Bongo Ondimba à la présidentielle de samedi, avec 64,27% des suffrages exprimés, alors que le candidat de l’opposant Albert Ondo Ossa se voyait vainqueur avec moins 69% des votes.

Agissant au nom d’un « Comité de transition et de restauration des institutions », les nouveaux putschistes gabonais, qui disent vouloir préserver la paix dans le pays, ont annoncé, dans leur déclaration de prise de pouvoir, l’annulation des résultats de la présidentielle et la dissolution des institutions. Vu le contexte complexe de la situation du Gabon dans un environnement international aussi compliqué ; ce coup d’Etat suscite de nombreuses interrogations ?

Qui est le vrai commanditaire du putsch ? Le pouvoir sortant ? L’opposition empêchée une énième fois d’accéder au pouvoir ? La France ?

Ce sont là que quelques questions que l’on est en droit de se poser car, l’on ne peut pas se lever comme ça, ‘’Yada yada’’ comme on dit chez nous au Burkina, pour s’emparer une nuit du pouvoir, surtout dans un pays comme le Gabon, citadelle de l’influence occidentale, notamment française. A moins que ce ne soit pour préserver les intérêts de ce système, ce que l’on appelé la ‘’France-Afrique’’ qui depuis l’époque des De Gaulle et de Léon Mba dans les année 60 a survécu jusqu’à maintenant.

Que va faire maintenant Paris ?

En attendant d’en savoir davantage sur les auteurs réels du putsch, leurs projets ; des Gabonais applaudissent les militaires. Ce sont désormais eux les nouveaux maîtres du pays et de Libreville, paradant dans les rues de la capitale.  C’est nouveau pour les Gabonais dont beaucoup n’étaient pas encore nés lorsque pour la première fois, dans l’histoire de la jeune Nation, dans la nuit du 17 février au petit matin du 18 février 1964 des militaires dirigés par les lieutenants Jacques Mombo et Valère Essone, investissaient le palais présidentiel et démettaient de ses fonctions Léon M’Ba alors président du pays. La réaction de la France de De Gaulle ne s’était fait pas attendre. Le Général enjoignait plus tard son homme de main Jacques Foccart d’intervenir avec ses hommes de services secrets pour rétablir le président déchu dans ses fonctions. Ce qui sera vite fait.

Les putschistes sont délogés du présidentiel et Léon Mba est rétabli dans son fauteuil présidentiel quelques jours plus tard. Il y restera jusqu’à sa mort en 1967 et remplacé au pied levé par Omar Bongo avec la bénédiction des réseaux Foccart.

Aujourd’hui, c’est justement un fils de Oumar Bongo, en l’occurrence Ali Bongo, un autre grand ami de la France, qui perd ainsi le pouvoir avec ce putsch après avoir été déclaré président élu président pour la troisième fois. Alors que va faire la France ? Intervenir ou laisser faire comme Tchad ? Pour l’instant, Paris, par la voix de son cheffe de gouvernement Elisabeth Borne dit suivre avec attention la situation de près, appelant ses ressortissants au Gabon à faire preuve de prudence.

Côté africain, pas encore de réactions enregistrées sur cette situation au Gabon. Ni du côté de la CEMAC, ni de l’Union africaine.

Affaire à suivre…

 

Christian Tas

Burkina Demain

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