Alino Faso, l'homme dont la parole portait la sagesse des anciens et l’espoir d’un avenir en marche

La dépouille de Christophe Traoré dit Alino Faso est de retour au bercail depuis ce lundi 18 août 202 , relançant les hommages aussi élogieux les uns que les autres à son endroit. «Dans cette terre où le ciel caresse les collines, où chaque goutte de sueur bâtit l’avenir, un homme est né, un homme qui n’a jamais trahi la voix du peuple. Sans faste, sans couronne ni sceptre, mais dont la parole portait la sagesse des anciens et l’espoir d’un avenir en marche», relève pour sa part l’homme de culture burkinabè Yé Lassina Coulibaly. Voici l’intégralité de son hommage à l’illustre défunt.

Alino Faso, l’homme dont la parole portait la sagesse des anciens et l’espoir d’un avenir en marche

«Mesdames, Messieurs, citoyens de toutes parts,

Dans cette terre où le ciel caresse les collines,

où chaque goutte de sueur bâtit l’avenir,

un homme est né, un homme qui n’a jamais trahi la voix du peuple.

Sans faste, sans couronne ni sceptre,

mais dont la parole portait la sagesse des anciens

et l’espoir d’un avenir en marche.

 

Un homme, certes. Mais en réalité, un témoin, un veilleur, un miroir tendu à la nation.

Il marchait dans Ouagadougou, à Bobo, à Kaya,

et partout, il entendait :

la voix des éleveurs oubliés,

la plainte muette des artisans sans outils,

le chant discret des cultivateurs à l’aube,

le cri des étudiants assoiffés de savoir.

 

Il n’était ni philosophe de salon, ni penseur enfermé dans sa tour d’ivoire.

Non, il était là, au cœur du réel :

entre la tradition qui nourrit et le progrès qui libère,

entre le passé et l’avenir.

 

Et que disait-il ?

Il disait :

 

« Le peuple n’est pas une foule à contenir.

Le peuple, c’est le cœur battant de la nation.

Respectons son travail, et nous tiendrons debout.

Méprisons-le, et nous tomberons dans l’oubli. »

 

Ah ! S’il avait été roi, il aurait été serviteur.

S’il avait été riche, il aurait donné.

Mais il fut peuple, il fut Burkina.

Et en cela, il fut plus grand que mille rois.

 

Il ne cherchait ni gloire, ni honneurs, mais la vérité.

Il n’évitait pas l’actualité ; il l’écoutait.

Et dans cette actualité brûlante, il tendait l’oreille aux souffrances cachées :

le travailleur épuisé,

la femme sans voix,

l’enfant privé d’école.

 

Traoré élevait le travail à la dignité,

le progrès à la responsabilité,

l’humain à la science de l’âme.

 

Aujourd’hui, alors que les vents du modernisme nous bousculent,

que les écrans brillent sans éclairer,

que les valeurs se bradent au marché,

nous avons besoin, oui, besoin de la mémoire de Traoré,

comme d’un flambeau dans la nuit.

 

Mais c’est Traoré, oui, Traoré le digne,

Né sous ce ciel d’ocre, là où la terre parle et se souvient,

Là où le baobab, géant aux racines profondes,

Garde la mémoire d’un peuple toujours éveillé.

 

Il marchait fièrement sur cette terre rouge,

et la poussière, en s’élevant dans l’air,

portait ses rêves aux confins des étoiles,

tissant des ponts entre les rites et la connaissance.

 

Il entendait – oh oui ! – les voix profondes :

La voix de l’eau, claire et vagabonde,

le chant du feu, ardent comme un secret,

la plainte du vent, la colère muette,

et la Terre enfin, mère et sanctuaire,

qui parlait en silence aux cœurs visionnaires.

 

Traoré n’était pas qu’un homme de coutume :

Il liait la sagesse ancienne à la science moderne.

Humaniste éclairé, bâtisseur de valeurs,

Il croyait au Travail, en la Dignité, en l’Honneur.

Il œuvrait sans relâche, sans bruit, sans artifice,

Pour que l’Homme grandisse et ne se perde pas

dans les pièges du monde, avide et indolent.

 

Il honorait l’art, la parole, les tambours,

et portait la culture comme un manteau d’amour.

Du Burkina aux scènes du monde,

Il transformait l’identité en une force fertile.

 

Respecté des anciens, aimé des compagnons,

Il ne cherchait pas la reconnaissance : il vivait sa mission.

Ses parents, ses enfants, sa femme, ses amis, ses collègues,

Tous le voyaient comme l’arbre, et non la cime aveugle.

 

Traoré, noble fils de cette terre sacrée,

Toi qui savais rêver, et pourtant, labourer,

Tu nous laisses un sillon, un souffle, une clarté :

Le legs d’un homme debout, profondément enraciné.

 

La dépouille d’Alain Christophe Traoré est arrivée à Ouagadougou.

 

Hommage à Alain Christophe Traoré

(Scène imaginaire. Un personnage seul, vêtu de deuil, s’adresse au public.)

 

Toi, Alain Christophe Traoré, qui as fait de la parole une semence,

Et de l’art un levier pour éveiller les consciences,

Tu quittes aujourd’hui l’écho des rues,

Pour rejoindre ce lieu où le silence scintille.

 

Toi dont la voix guérissait les blessures du monde,

Tu lançais la parole comme on lance une flèche,

Contre les murs érigés par la peur et l’ignorance,

Tu apportais la lumière dans l’ombre des vies.

 

Ta présence n’était pas un cri vain,

Mais l’incarnation de la résistance vraie.

Ta poésie portait les espoirs invisibles,

Les luttes des sans-nom, les douleurs inavouables.

 

Je revois encore ce cercle éclairé,

D’artistes, de penseurs, de femmes et d’hommes solidaires,

Tous cherchant, par la culture, à rendre le monde plus clair.

 

Mais toi, Alain Christophe Traoré, éclaireur infatigable,

Tu as allumé une flamme universelle.

Ton verbe, étincelle contre l’indifférence,

A réveillé les esprits, éveillé les consciences.

 

Quand tu parlais, c’était la Terre qui pleurait,

Et l’humanité même, par toi, se levait.

Tu n’étais pas poète pour orner le silence,

Mais pour crier justice, éveiller la conscience.

 

Oh ! Que ne puis-je, moi, simple messager,

Offrir une parole plus grande, plus vraie ?

Mais c’est avec mes larmes que je sculpte ce chant,

Car ton feu ne s’éteint pas : il vit autrement.

 

Tu bâtissais, par l’art, des ponts entre les âmes,

Tu défendais l’égalité, tu élevais les femmes.

Ton théâtre était science, ton poème savoir,

Et ta voix, un appel à croire, à espérer.

 

Tu incarnais ce monde que la raison désire,

Où la science et la poésie marchent ensemble.

Ton engagement était une boussole de clarté,

Dans un siècle assoiffé de vérité.

 

Repose en paix, Alain Christophe Traoré, âme éclairée,

Ton départ laisse en nous une mémoire sacrée.

Tu as semé la sagesse dans des terres stériles,

Et ton héritage est déjà devenu solide.

 

Que ton nom flotte dans l’air des libertés,

Et que ton souffle habite l’éternité.

Salut à toi, poète, porteur de dignité,

Tu fus, tu es, et tu restes : humanité.

Sincères condoléances à la famille, aux amis et aux compagnons de lutte d’Alain Christophe Traoré.

 

Yé Lassina Coulibaly art et culture,

Site officiel : www.yecoulibaly.com

Artiste auteur-compositeur interprète

Musicothérapie sociétaire de la SACEM, ADAMI, SPEDIDAM, Union des Artistes Burkinabés

Chevalier de l’ordre du mérite, des lettres et de la communication (agrafe musique et danse) du    Burkina-Faso.  concert, spectacle, pédagogie 00 336 76 03 71 66»