
Alors qu’ouvre officiellement ce mercredi 20 août 2025 à Yokohama, la neuvième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD9), ce sera l’occasion par excellence de revenir sur le bilan du précédent TICAD qui projetait d’investir quelques 30 milliards de dollars US sur le continent en quatre ans.

En effet, s’il y a de nouvelles annonces à faire au cours de cette 9e TICAD, elles devraient d’abord viser à consolider les acquis du TICAD 8 et ensuite chercher aller de l’avant avec de nouvelles initiatives adaptées aux défis socioéconomiques et politiques d’aujourd’hui et de demain. Alors, quels sont les acquis de la TICAD 8 ?
Avant d’aborder quelques actions concrètes de la TICAD 8, il sied de rappeler l’importance de la coopération de l’Afrique avec le Japon qui figure parmi les quatre premiers partenaires commerciaux du continent avec des échanges commerciaux estimés à 24 milliards de dollars en 2024, contre 16,5 milliards de dollars en 2020. L’on note là une nette reprise des relations commerciales après le ralentissement dû à la pandémie du Covid- 19.
Et la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD) dont la huitième couvrait la période 2022 2024 a certainement contribué à cette fulgurante reprise des échanges commerciaux avec l’empire du soleil levant.
Mais, les réalisations de cette TICAD9 vont bien au-delà des aspects commerciaux pour toucher bien de domaines (infrastructures, formation professionnelle, société, paix et stabilité), dans plusieurs pays du continent. Et les bons chiffres commerciaux ne sont en réalité que le reflet d’une bonne dynamique d’ensemble de la mise en œuvre du plan d’action dudit TICAD.
Des investissements dans les zones du Liptako et du Lac Tchad

Pour les investissements dans la zone de l’Alliance des Etats du Sahel, le Japon a fourni environ 6,3 millions USD par l’intermédiaire du PNUD pour stabiliser les zones frontalières du Mali, du Niger et du Burkina Faso (région du Liptako-Gourma) de 2022 à 2023. Le nombre total de bénéficiaires directs et indirects dans les trois pays cibles était respectivement de 8 782 et 121 138.
Côté Burkina Faso par exemple, des investissements de plus de 6 milliards de francs ont été réalisés en 2023 dans le cadre notamment du Mécanisme pour la stabilisation de la Région du Liptako Gourma
En outre, environ 3,1 millions USD ont été fournis toujours par l’intermédiaire du PNUD pour le projet «Renforcer la stabilisation et la sécurité humaine dans le bassin du lac Tchad» de 2023 à 2024, qui vise à soutenir le renouvellement de l’infrastructure des services sociaux, le maintien des moyens de subsistance en renforçant les communautés locales, et le maintien de la cohésion sociale par le dialogue dans certaines zones touchées par le conflit au Cameroun, au Tchad et au Niger.
Des investissements dans la promotion de l’économie verte sur le continent

Dans le cadre de l’engagement de Tokyo à contribuer à la promotion d’une croissance verte sur le continent axée sur une transition structurelle vers la décarbonation, la Banque japonaise pour la coopération internationale a signé des accords de prêt pour soutenir plusieurs projets de «croissance verte» auxquels participent des entreprises japonaises : deux projets de parcs éoliens terrestres en Égypte (281 millions USD et 240 millions USD) ; des projets de lanternes électrifiées et de panneaux solaires photovoltaïques au Bénin (14,5 millions d’euros) et un projet de l’opération d’une unité flottante de stockage et de regazéification (FSRU) au Sénégal (35 millions USD).
Parallèlement, Toyota Tsusho Group, en partenariat avec Scatec ASA, s’est lancée dans le développement de deux centrales solaires d’une capacité totale de 100 MW en Tunisie. Ces projets sont les premiers en Tunisie à être sélectionnés par le Japon pour le programme de financement des projets modèles du Mécanisme de crédit conjoint.
Le Japon a également soutenu l’expansion de la capacité de production d’énergie géothermique à 121 MW, fournissant de l’énergie verte à 6,46 millions de personnes à travers des projets au Kenya.
En ce qui concerne le développement des lignes de distribution et la stabilisation du réseau, des projets de coopération technique et des programmes de formation sont mis en œuvre au Kenya, au Mozambique, au Nigeria, en Ouganda, et en Tanzanie. La coopération technique sur les Pools énergétiques africains débutera bientôt.
Par ailleurs, le Japon a contribué à hauteur de 15 millions USD au fonds fiduciaire de la Banque mondiale pour le développement de l’hydrogène vert, de l’énergie géothermique et du stockage des batteries, et à hauteur de 5 millions USD au fonds fiduciaire de l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) pour promouvoir les investissements privés dans les projets d’énergie renouvelable, y compris en Afrique.
Six projets, notamment aux Comores, en Mauritanie et en Sierra Leone, d’une valeur totale d’environ 6,5 millions USD au titre du fonds fiduciaire de la Banque mondiale et trois projets de prêts en Afrique d’une valeur totale d’environ 60 millions USD au titre du fonds fiduciaire de la MIGA sont en cours de réalisation.
La JICA a également mené une enquête de collecte de données sur le développement et de l’utilisation de l’hydrogène vert et de l’ammoniac en Éthiopie, en Namibie et en Afrique du Sud de mai 2023 à avril 2024.
Les capacités de 291 000 professionnels renforcées
Dans le cadre du TICAD8, le Japon s’était engagé à former 300 000 personnes en trois ans dans un large éventail de domaines, et notamment dans l’industrie, la santé et les soins médicaux, l’agriculture, la justice et l’administration publique.
Il y a quelques mois, l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) assurait avoir déjà formé à elle seule 291 000 personnes dans le cadre de divers projets tels que l’initiative d’éducation dans le secteur des affaires en faveur des jeunes Africains (initiative ABE), le programme de master et de stages reposant sur des partenariats entre le public, le privé et le monde universitaire.
Le Japon a aussi soutenu le développement des ressources humaines industrielles de 34 000 personnes en Afrique. Un projet de développement des capacités pour le bon fonctionnement des postes frontières à guichet unique (OSBP) sur le corridor de transport Nord-Sud est mis en œuvre au Botswana, en Afrique du Sud, en Zambie et au Zimbabwe.
En outre, 41 fonctionnaires des douanes ont été formés pour devenir des Maîtres formateurs sur les règles d’origine afin de mettre en œuvre la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
De même, un projet de développement des capacités pour le bon fonctionnement des postes frontières à guichet unique (OSBP) sur le corridor de transport Nord-Sud est mis en œuvre au Botswana, en Afrique du Sud, en Zambie et au Zimbabwe. En outre, 41 fonctionnaires des douanes ont été formés pour devenir des Maîtres formateurs sur les règles d’origine afin de mettre en œuvre la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
Le rôle moteur de la JICA dans la promotion de la coopération avec l’Afrique

Depuis le lancement de l’Aide publique au développement (APD) du Japon en 1954, l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) a œuvré dans plus de 190 pays, soutenant le développement à travers les infrastructures, la formation des ressources humaines et la coopération technique. L’APD japonaise, dirigée par la JICA, a longtemps défendu le principe du « développement autochtone ». Cette approche vise à autonomiser les communautés locales afin qu’elles trouvent leurs propres solutions, plutôt que d’imposer des modèles extérieurs.
Les programmes de la JICA en Afrique illustrent cette philosophie. Ainsi, la Coalition pour le développement du riz en Afrique (CARD), lancée lors de la TICAD IV en 2008, a doublé la production de riz sur le continent en une décennie. Aujourd’hui étendue à 32 pays, la CARD vise à doubler à nouveau la production pour atteindre 56 millions de tonnes d’ici 2030, transformant l’Afrique en une région autosuffisante sur le plan alimentaire.

D’autres initiatives comme la SHEP (Promotion et autonomisation de l’horticulture des petits exploitants) et le KAIZEN (méthode d’amélioration de la productivité inspirée des pratiques japonaises) ont permis aux agriculteurs et aux travailleurs d’améliorer leurs moyens de subsistance et productivité avec des ressources limitées. Ces programmes sont désormais dirigés par des formateurs africains, diffusant un développement durable à travers le continent.
«La sécurité humaine est le principe fondamental de toutes les actions de la JICA — un principe réaffirmé dans la Charte révisée de la coopération au développement du Japon en 2023. Elle signifie garantir que chaque individu soit libre de la peur et du besoin, et puisse vivre dans la dignité. Dans un monde confronté à des crises imbriquées, ce principe est plus pertinent que jamais», assure le Président de la JICA, Tanaka Akihiko, à l’entame de cette neuvième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD9).
Martin Philippe
Burkina Demain
































