Alors que les déforestations et les incendies, surtout en Amazonie (augmentation de 60% des incendies depuis 2014 et au moins 13 400 incendies depuis 2024) ne cessent de dévaster les forêts tropicales, grand rempart contre le réchauffement climatique ; une étude scientifique inédite, dont les résultats ont été publiés ce jeudi 11 septembre 2025 à Belém, ville hôte de la COP30, vient toute une autre dimension de leur importance dans le secteur de la santé.

Menée dans huit pays amazoniens, cette étude révèle en effet, que les forêts des territoires autochtones réduisaient la propagation de 27 maladies, des affections respiratoires aux maladies transmises par les insectes et les animaux.
Ainsi, les forêts des territoires autochtones constituent une mesure préventive contre les maladies qui menacent les 33 millions d’habitants de l’Amazonie, cette vaste région d’Amérique latine dominée par la plus grande forêt tropicale du monde et traversée par l’Amazone, le plus grand fleuve en débit.
Pour parvenir à ces résultats intéressants publiés ce jeudi 11 septembre dans la revue «Communications Earth and Environnment», cette première étude du genre, menée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), a recueilli des données auprès de 1 733 municipalités représentant plus de 74 % de l’Amazonie.
Ces résultats rendus publics au début de la saison des feux de forêt dans la région et en amont des négociations sur le climat (COP30) à Belém, au Brésil, constituent la dernière évidence en date d’un ensemble croissant de preuves démontrant que les droits fonciers autochtones sont essentiels pour lutter contre le changement climatique, la perte de biodiversité et la propagation des maladies qui, en cas d’incendies de forêt, créent des risques sanitaires immédiats et généralisés.
30 millions de cas de maladies liées aux incendies
«Les forêts autochtones d’Amazonie sont bénéfiques pour la santé de millions de personnes. Nous savons depuis longtemps que la forêt tropicale abrite des plantes et des animaux médicinaux qui ont guéri d’innombrables maladies. Cette étude apporte de nouvelles preuves que les forêts elles-mêmes sont un baume contre les menaces liées aux incendies pour les poumons et le cœur des populations, ainsi que contre des maladies comme la maladie de Chagas, le paludisme et la fièvre boutonneuse. Garantir aux communautés autochtones des droits solides sur leurs terres est le meilleur moyen de préserver les forêts et leurs bienfaits pour la santé», a indiqué Paula Prist, coordinatrice principale du programme Forêts et Prairies de l’Union internationale pour la conservation de la nature.
En effet, entre 2001 et 2019, près de 30 millions de cas de maladies liées aux incendies, zoonotiques et vectorielles ont été signalés en forêt amazonienne. Les maladies étudiées comprennent la maladie de Chagas, le paludisme, l’hantavirus, la leishmaniose viscérale et cutanée et la fièvre boutonneuse. Des études ont montré que la déforestation est directement liée à l’augmentation de ces maladies tropicales dites négligées, pour lesquelles il n’existe pas de traitement facilement disponible. Dans toute la région, la déforestation s’intensifie en raison de l’expansion agricole agressive, des forages pétroliers et des grands projets d’infrastructures tels que les routes et les centrales hydroélectriques.
Incendies de forêt, grande menace pour l’Amazonie
Les incendies de forêt intentionnels sont devenus une menace particulièrement importante pour la région amazonienne et ses habitants. De nombreux incendies sont déclenchés par des acteurs illégaux qui abattent des forêts sans autorisation, puis brûlent la végétation restante pour faire place au pâturage du bétail ou aux cultures. Ces incendies entraînent une augmentation des symptômes respiratoires, des maladies cardiaques, des accidents vasculaires cérébraux, de l’emphysème et du cancer du poumon, ainsi que des bronchites, de l’asthme, des douleurs thoraciques et des problèmes pulmonaires et cardiaques chroniques. En Amazonie, la fumée des feux de forêt est directement liée à une augmentation des hospitalisations pour ces maladies. Rien qu’en Amazonie brésilienne, entre 2002 et 2011, les incendies ont été responsables, en moyenne, de 2 906 décès prématurés dus à des maladies cardio-pulmonaires et à des cancers du poumon.
«L’étude publiée aujourd’hui s’appuie sur des résultats de recherche récents selon lesquels les forêts indigènes d’Amazonie brésilienne pourraient potentiellement prévenir environ 15 millions de cas d’infections respiratoires et cardiovasculaires chaque année en absorbant les polluants émis par les incendies de forêt», assure l’UICN.
Martin Philippe
Burkina Demain

































