Qui de Alpha Condé et de Mahamadou Issoufou sera le futur président en exercice de l'Union africaine ?

Il ne reste plus que trois jours avant l’ouverture du vingt-huitième sommet de l’Union africaine (UA) à Addis Abeba, en Ethiopie. Ce 28e sommet de l’UA connaîtra la désignation d’un nouveau président à la tête de l’organisation continentale, en lieu et place du tchadien Idriss Déby Itno, président en exerce sortant. En lice pour préoccuper ce prestigieux poste de président de l’UA dont on parle peu par rapport à celui de la présidence de la commission de l’organisation, les frères socialistes Alpha Condé et Mahamadou Issoufou, tous les deux candidats de l’Afrique de l’Ouest, région à laquelle revient en principe la présidence en exercice de l’UA pour cette année 2017.

Qui de Alpha Condé et de Mahamadou Issoufou sera le futur président en exercice de l'Union africaine ?
Qui de Alpha Condé et de Mahamadou Issoufou sera le futur président en exercice de l’Union africaine ?

Qui du guinéen Alpha Condé et du nigérien Mahamadou Issoufou prendra la tête de l’Union africaine à l’issue du 28e sommet des chefs d’Etat de l’organisation continentale prévu du 30 au 31 janvier 2017 à Addis Abeba, en Ethiopie ?

Vu du Burkina, les deux hommes ne manquent pas de points communs. Ce sont tous des présidents socialistes de l’Afrique de l’Ouest qui ont accédé au pouvoir après des expériences dans l’opposition. L’un et l’autre d’ailleurs ont été réélus pour un second mandat présidentiel dans leurs pays respectifs que sont la Guinée Conakry pour Alpha Condé et le Niger pour Mahamadou issoufou.

On peut déjà imaginer la difficulté du choix  qu’auront à opérer les présidents du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, et du Mali Ibrahim Boubacar Kéita, si l’un ou l’autre candidat ne se désiste pas. En effet, Condé, Issoufou, Kaboré et Kéita forment ce qu’on a appelé la «bande à quatre présidents socialistes». Si elle n’est pas précédée d’accord tacite en amont ou en aval, cette course à la conquête du fauteuil de l’Union africaine pourrait fragiliser la bonne entente dans la famille. Il avait été entre-temps question du retrait de la candidature de Issoufou mais cette information n’a jamais, à notre connaissance, été officiellement confirmée par Niamey. Ce qui laisse place à toutes les supputations possibles.

Condé aurait les faveurs de Rabat

Si la rivalité de Alpha Condé et de Mahamadou Issoufou pour le poste de la présidence constitue une menace pour l’entente entre les deux hommes et dans la famille socialiste, il semble difficile à ce stade d’éviter l’affrontement. Surtout si se confirment les soutiens de l’un et l’autre candidat en Afrique du Nord.

Rabat soutiendrait la candidature d’Alpha Condé pendant que Alger ferait tout pour que Mahamadou Issoufou maintienne sa candidature jusqu’au bout. Le Maroc et l’Algérie s’affronteraient ainsi par des candidatures interposées. En effet, la désignation du nouveau président de l’UA revêt d’importants enjeux pour les deux pays rivaux de l’Afrique du Nord.

Pour le Maroc qui marquera son grand retour à l’Union africaine à la faveur de ce 28e sommet après 33 ans d’absence, c’est important d’avoir un président en exercice qui lui n’est pas hostile. Cela pourrait être un atout pour Rabat si une fois à l’intérieur il décidait de remettre sur le tapis la question de la présence du Sahara occidental, considéré comme une partie du Maroc.

L’Algérie qui a toujours été et reste toujours un grand soutien pour les responsables sahrouis, gagnerait elle aussi, à avoir un président en exercice de l’UA qui lui est favorable. Cela pourrait être utile à Alger si Rabat se décidait à revenir sur l’admission du Sahara occidental au sein de l’Union africaine, une admission qui avait entraîné à l’époque, faut-il le rappeler, le retrait du Royaume chérifien de l’organisation continentale.

Les atouts de Alpha Condé

Au-delà des considérations ci-mentionnées, si les frères Alpha Condé et Mahamadou Issoufou se décidaient à aller jusqu’au bout de leur candidature, chacun dispose d’atouts personnels qui pourraient faire la différence.

Alpha Condé, qui a déjà le soutien de la CEDEAO, a été l’un des artisans majeurs du dénouement heureux de la crise gambienne pourrait naturellement surfer sur cet avantage. La médiation du président guinéen avec son homologue mauritanien a permis in extremis d’éviter l’intervention armée qui aurait été plus coûteuse. Alpha Condé a réussi là où les médiateurs de la CEDEAO ont échoué. Certes, l’amitié de Condé avec Jammeh a compté pour beaucoup dans ce dénouement pacifique de la crise en Gambie. Mais, le président a tout à fait le droit de revendiquer la paternité et d’en user à sa guise pour la conquête du fauteuil de l’Union africaine. «C’est de bonne diplomatie», dirons-nous. Désamorcer les conflits avant qu’ils ne se manifestent par les crépitements des armes et leurs cortèges de morts, de blessés et de réfugiés, c’est possible par la médiation. C’est là un excellent message de campagne que pourrait faire sien Condé, fort de son succès en Gambie.

En outre, Alpha Condé, c’est connu, est un grand historien qui connait l’histoire de l’Afrique. Et connaître l’histoire d’un continent dont on veut diriger l’organisation est en soi un atout de taille. Il n’a vraiment pas besoin de se livrer à une débauche d’énergie pour prouver son panafricanisme.

Ce qui fait la force de Mahamadou Issoufou

De son côté, Mahamadou Issoufou ne manque pas d’arguments. Pour lui, l’atout majeur pourrait être l’expérience dans la lutte contre le terrorisme. En effet sous la présidence de Issoufou, le Niger fait figure depuis plusieurs  années déjà, de  leader dans la lutte contre les terroristes dans la sous-région ouest-africaine.

Cela vaut son pesant d’or pour une Afrique qui reste sous la menace des attaques djihadistes. Car,  sans sécurité il ne saurait y avoir  de mise en œuvre de l’Agenda 63 de l’Union africaine.

Fort de ses solides liens avec Alger et N’Djamena, rompues également sur la question, Mahamadou Issoufou président de l’Union africaine pourrait aussi être un excellent atout pour l’Afrique sur le front de la lutte contre l’hydre terroriste.

Bref, quel que soit celui qui sera finalement élu entre Alpha Condé et Mahamadou Issoufou au soir du 31 janvier 2017, c’est l’Afrique de l’Ouest qui sortira encore gagnante après l’expérience gambienne.

Martin Philippe

Burkina Demain

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