La surexploitation des forêts et d'autres ressources de la biomasse en Afrique pour répondre à la demande toujours croissante de bois de feu...

Si l’Afrique dans sa grande partie est une grosse consommatrice d’énergie de biomasse ou bioénergie- deux tiers des pays africains en dépendent à plus de 50% et un tiers à plus de 80%- les données statistiques en la matière restent pour la plupart obsolètes, avec, dans la plupart des cas, des enquêtes datant de plus de 20 ans. Une situation qui rend impossible une planification efficace dans un secteur crucial présentant d’importants défis pour le développement de l’Afrique : défi sanitaire (plus de 500 000 décès par an), défi environnemental (déforestation et désertification), défis économique et de développement.

L’atelier a réuni en ligne plusieurs experts continentaux et internationaux de la question de bioénergie

Pour contribuer à rompre avec cette situation inacceptable de pénuries de données récentes en matière de bioénergie et travailler à la mise en place d’un système plus efficace de collecte de données, des experts africains et des acteurs internationaux de la problématique participent en ligne, depuis ce mardi à un atelier international de trois jour.

«Mieux comprendre la situation de la bioénergie en Afrique». C’est le thème de l’atelier international sur le suivi et rapport sur la bioénergie en Afrique organisé du 22 au 24 juin 2021 par la Commission africaine de l’ énergie (AFREC), en collaboration avec ses principaux partenaires continentaux et internationaux.

Rashid Ali Abdallah, directeur exécutif de la CAE, s’est résolument engagé en faveur d’une d’optimisation des ressources énergétiques du continent

L’objectif principal  dudit atelier, c’est  de fournir une opportunité de discuter et d’explorer les meilleurs moyens de renforcer les capacités des pays africains en matière de collecte de données sur la bioénergie et / ou l’utilisation de sources d’information existantes pour fournir des estimations fiables ; d’élaborer une stratégie pour la création d’une base de données viable sur la bioénergie en Afrique ; de promouvoir une coopération durable entre les principaux parties prenantes en Afrique et dans le reste du monde pour améliorer le suivi, le rapport et la durabilité des ressources bioénergétiques en Afrique.

Plus de 500 000 décès par an sur le continent

L’Afrique paie un lourd tribut sur le plan sanitaire à cause du manque d’accès à l’énergie de cuisson propre

Qu’on se le dise, l’ampleur actuelle et l’évolution future de l’utilisation traditionnelle de la bioénergie en Afrique, restent liées à plusieurs défis vitaux, notamment sanitaire, environnemental et de développement durable, sans oublier les aspects liés au genre et à la garantie d’un accès universel à l’énergie propre.

Pour leur non accès à l’énergie propre, les Africains (les femmes et enfants de moins de 5 ans) paient le lourd tribut sanitaire. En effet, les estimations de l’Organisation mondiale de la santé, ce sont au total plus de 500 000 décès qui sont enregistrés chaque année sur le continent. A cause de l’exposition à la pollution de l’air intérieur par le bois de feu, le charbon de bois et les résidus agricoles, occasionnant de maladies respiratoires aiguës et chroniques (tuberculose, asthme, pathologies cardiovasculaires et prénatales). Pour la seule Ethiopie, l’estimation de l’OMS se chiffre à plus de 55 000 décès par an.

Faut-il le rappeler, 900 millions de personnes en Afrique manquent encore de dispositifs de cuisson propres.

Problèmes de déforestation dans de nombreux pays

La surexploitation des forêts et d’autres ressources de la biomasse en Afrique pour répondre à la demande toujours croissante de bois de feu…

C’est un fait incontestable. La surexploitation des forêts et d’autres ressources de la biomasse en Afrique pour répondre à la demande toujours croissante de bois de feu et de charbon de bois pourrait contribuer à d’énormes problèmes de déforestation dans de nombreux pays.

Si l’on ajoute à cela  la part croissante de la biomasse sur les dépenses totales des ménages pauvres, le fardeau de la collecte de carburant, y compris une perte de coût d’opportunité, limitant la possibilité pour les femmes et les enfants d’améliorer leur éducation et de s’engager dans des activités génératrices de revenus ainsi que des cartels de charbon de bois en activité dans certains pays, la biomasse en Afrique devrait donc mériter toute l’attention des décideurs politiques de nombreux pays.

4 groupes pour réfléchir sur 4 thématiques centrales

Yagouba Traoré de la CAE, l’un des modérateurs de l’atelier qui s’achève ce jeudi

Il est vraiment urgent de changer la donne et de placer l’énergie de la biomasse au premier plan de l’agenda politique en donnant aux décideurs une image globale de la situation et de ses impacts négatifs. D’où toute l’importance du présent atelier international.

Après deux jours d’intenses échanges, les discussions de groupe de ce jeudi, dernier jour des travaux, seront focalisées sur quatre thématiques capitales, à savoir :

-les données de consommation pour le groupe 1 ;

-les données de ressources pour le groupe 2

-les données sanitaires et socioéconomiques pour le groupe 3

-‘utilisation des données pour les actions et les politiques.

Il faut signaler que des pays comme le Burkina Faso, auteur de 2 études récentes, le Bénin ou le Sénégal ont partagé leurs bonnes pratiques en matière de collecte de données. Des institutions internationales comme l’Agence internationale des énergies renouvelables (IRENA) ont également présenté des exposés sur leurs expériences dans le secteur de bioénergie en Afrique.

Grégoire B. Bazié

Burkina Demain

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