Le président du Faso accueilli à Paris contre toute attente par l'ambassadeur Gilles Thibault

Le spectacle auquel l’on a assisté ce lundi à l’arrivée de la délégation présidentielle burkinabè à Paris est, à priori, déshonorant aussi bien pour Roch Marc Christian Kaboré que pour le Burkina Faso qu’il représente. Que s’est-il bien passé pour que ce soit l’ambassadeur de France au Burkina, Gilles Thibault, qui soit à l’accueil du président du Faso et sa suite ? Où est passé son homologue français ou à défaut le Premier ministre Valls ? L’ambassadeur Thibault qui sera déjà bientôt en fin de mission au Burkina était-il la personne la mieux indiquée pour accueillir le haut dirigeant burkinabè ?

Le président du Faso accueilli à Paris contre toute attente par l'ambassadeur Gilles Thibault
Le président du Faso accueilli à Paris contre toute attente par l’ambassadeur Gilles Thibault

Le président du Faso, Roch Marc Christian, auréolé de son grand oral réussi de fort belle manière devant la presse nationale et internationale à l’occasion de ses 100 premiers passés à la tête de l’Etat, ne pouvait guère s’imaginer l’accueil qui lui a été réservé à Paris ; où il est arrivé ce lundi pour sa première visite officielle de 72 heures dans l’Hexagone.
Tenez ! A la descente d’avion du chef de l’Etat burkinabè, c’est l’ambassadeur de France au Burkina, Gilles Thibault, qui était là pour l’accueillir. Alors qu’en pareille circonstance, c’est François Hollande qui devrait être là pour accueillir son homologue burkinabè. A défaut, il devrait se faire représenter par son Premier ministre Manuel Valls. A la limite, le ministre des Affaires étrangères pouvait encore faire l’affaire.

Une tentative de déstabilisation du président du Faso

Ce qui vient de se passer n’est ni plus ni moins qu’une tentative de déstabilisation du président visiteur. Les plus hautes autorités françaises auraient voulu saper le moral du président du Faso, elles ne se seraient pas prises autrement. Il est clair que le franc-parler utilisé par le président Kaboré lors de sa conférence du 3 avril à Bobo n’a pas plu à Paris.
Et en écoutant bien Kaboré, il ne partait pas à Paris pour une légitimation de son pouvoir. Il y partait pour parler des intérêts du Burkina Faso. A Paris où l’on est habitué à jouer aux légitimateurs de pouvoir des présidents nouvellement élus, cette posture de président indépendant ne pouvait pas plaire. Le président Kaboré qui se considère comme le président des insurgés, entend jouer pleinement la carte de l’indépendance du pays. Et en bon politique doté de vision, ce ‘’chaleureux’’ accueil parisien ne devrait pas le surprendre.

Le président Kabore visiblement à l'aise malgré l'accueil à minima à lui réservé par les autorités françaises
Le président Kaboré visiblement à l’aise malgré l’accueil à minima à lui réservé par les autorités françaises

La bonne réaction du président du Faso

Malgré ce piège du mauvais accueil visiblement destiné à saper son mental de président indépendant dès son arrivée sur le sol français, Roch Marc Christian Kaboré a su visiblement, à notre sens, adopter la bonne attitude. Il a gardé son calme et sa jovialité habituelle. C’est ainsi qu’on le voit rire aux éclats aux côtés de Son Excellence Thibault. Alors que d’autres dirigeants à sa place auraient rapidement crié au scandale. Assurément, c’était la meilleure manière de juguler cette première tentative de déstabilisation psychologique. S’il devrait perdre la face dès ce premier piège, le reste allait être catastrophique pour lui. Il gagnerait à garder son calme et à voir venir les choses. Au fond, être accueilli par un ambassadeur n’enlève en rien la confiance placée en lui par ses compatriotes pour diriger leurs destinées. Le président Kaboré, aurait, peut-être, été encore plus digne dans sa situation, s’il était habillé en faso dan fani. Car, on ne le dira jamais assez, l’indépendance, ça ne se donne pas; ça se conquiert et au parfois au prix d’humiliations.

Tenir absolument le coup
Logiquement, Roch Marc Christian Kaboré ne peut pas clamer haut et fort l’indépendance du pouvoir de Ouaga vis-à-vis de celui Paris et s’attendre à être traité au premier abord en ami adoré par les autorités françaises, désireuses de préserver l’influence de leur pays dans la région. De ce point de vue-là, l’on peut dire que le président du Faso est sur le bon chemin, celui de l’indépendance véritable pour son pays et il doit absolument tenir le coup malgré les peaux de banane qui ne manqueraient sur sa voie. Mais, cette volonté d’indépendance affichée ne doit pas, naturellement, exclure la coopération avec l’ex-puissance colonisatrice qui reste un partenaire de choix pour le Burkina. D’où tout l’intérêt de la présente visite officielle du président du Faso en France. Visite qui devrait, malgré tout, tenir ses promesses, aussi bien du côté français que burkinabè.
En Vérité !
Burkina Demain

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