La tension est encore montée d’un cran entre les autorités nigérianes et le groupe séparatiste biafrais, Peuple indigène du Biafra (IPOB), dont le chef est détenu, depuis plusieurs semaines, les deux parties s’accusant mutuellement de meurtres.
NIGERIA

Ce mois-ci, les services secrets nigérians les ont accusés d’avoir enlevé puis tué 55 éleveurs Haoussas et Peuls, deux ethnies majoritairement musulmanes, surtout présentes dans le nord du Nigeria.

Le Département nigérian des Services de l’Etat (DSS), qui a dit avoir découvert les corps enterrés sommairement dans une forêt du Sud-est du pays, bastion de l’IPOB, a estimé que cette tuerie était la preuve des « objectifs » du groupe séparatiste, « voué à semer la discorde » et à « encourager le terrorisme ethnique et la défiance ».
Depuis la guerre du Biafra, les Igbos disent souvent avoir le sentiment d’être marginalisés par le gouvernement fédéral, qui les tient à l’écart des postes clés et les prive de grands projets d’infrastructures dans leur région.

Le président Muhammadu Buhari, lui-même Peul musulman, adopte une attitude vis-à-vis de l’IPOB qui ne fait que raviver ce fort sentiment d’injustice dans la première économie africaine.

Alors que la croissance est à son plus bas niveau depuis plus de dix ans et que l’inflation et les pénuries de carburant créent un ras-le-bol général, les attaques présumées des Peuls dans le Sud-est laissent craindre de nouvelles tensions ethniques et la montée d’aspirations séparatistes.
« L’IPOB multiplie les réunions au Biafra pour trouver une solution, pendant combien de temps encore vont-ils nous tuer? Et jusqu’à quand doit-on rester silencieux? » s’indigne Prince Emmanuel Kanu, frère de l’indépendantiste biafrais emprisonné Nnamadi Kanu.

Détenu depuis octobre pour « trahison », le dirigeant de l’IPOB n’a toujours pas été jugé. Pour ses avocats, cela prouve que l’Etat nigérian a du mal à constituer un dossier solide contre lui.
Les manifestations en faveur de sa libération à Aba et Owerri, dans le sud-est, ont dû cesser à cause de « meurtres à répétition » perpétrés par les forces de l’ordre, selon Prince Emmanuel Kanu.

Aussi « plus de 200 personnes sont détenues » en lien avec ces manifestations « et le pire (…), ce sont ceux qui ont disparu, sans que l’on puisse en retrouver la trace », explique l’avocat, qui compte poursuivre le gouvernement au nom des blessés et des familles des défunts.

En 1967 la guerre de sécession du Biafra, qui a duré trois ans a entrainé la mort d’un million de personnes, dont beaucoup de maladie ou de famine, le Biafra avait finalement capitulé et réintégré le Nigeria. Depuis, les séparatistes de l’IPOB continuent à militer pour la sécession du Biafra.

Anderson Koné
Burkina Demain

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