Une vue des responsables de la Délégation officielle Burkinabè à la COP29 à Bakou

La COP29 a démarré officiellement ce lundi 11 novembre à Bakou, en Azerbaïdjan, avec un objectif clair: définir une nouvelle ambition de financement climatique pour aider les pays vulnérables à s’adapter aux effets du changement climatique et réduire les émissions de gaz à effet de serre. Bien que certains des dirigeants des plus grandes économies mondiales soient absents cette année, cela n’affaiblit en rien la détermination des représentants présents, notamment les négociateurs africains, qui voient en cette situation une opportunité de montrer le rôle crucial de l’Afrique dans les discussions climatiques mondiales.

Le président sortant de la COP28, Sultan Al Jaber, a inspiré les participants avec son discours d’ouverture : « Laissons la positivité l’emporter et alimenter le processus. Que les actions parlent plus fort que les mots. Que les résultats perdurent au-delà de la rhétorique. Et souvenez-vous, nous sommes ce que nous faisons, pas ce que nous disons. » Ces mots résonnent profondément pour les négociateurs africains, bien décidés à faire de cette conférence un moment d’action et de progrès, et non seulement de promesses.

La Demande de l’AGN : Un Objectif de Financement de 1,3 Trillion USD

L’un des éléments phares de la stratégie africaine à la COP29 est la proposition de l’African Group of Negotiators (AGN) : un objectif de financement climatique de 1,3 trillion de dollars par an pour les cinq prochaines années, jusqu’en 2030. Présentée par Dr. Eng. Festus Ng’eno, Secrétaire Principal au Ministère de l’Environnement, du Changement Climatique et des Forêts au Kenya, cette demande repose sur une décision de la Conférence ministérielle africaine sur l’environnement, et elle fixe les bases de la position africaine sur le financement climatique.

L’AGN propose également un mécanisme de partage des responsabilités entre les pays développés afin d’assurer la réalisation de cet objectif, en s’appuyant sur les principes d’engagement déjà établis dans la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et son Accord de Paris. En soulignant l’importance des engagements pris et des responsabilités différenciées, l’AGN demande aux pays riches de respecter les mandats existants et de contribuer de manière équitable à l’objectif proposé.

Mettre en Avant les Solutions Africaines

Au-delà des demandes financières, les représentants africains comptent également sur la COP29 pour présenter les initiatives locales qui ont fait leurs preuves. De l’agroforesterie au Kenya aux projets d’énergie solaire au Burkina Faso, les solutions africaines démontrent l’efficacité de projets adaptés aux réalités locales. En partageant ces succès, l’Afrique peut inspirer d’autres régions et renforcer sa position en tant que modèle pour le reste du monde.

Bâtir des Alliances avec les Pays du Sud

En l’absence de certains dirigeants des grandes puissances, l’Afrique peut également compter sur des alliances avec d’autres économies émergentes qui partagent des objectifs similaires. Des pays comme le Brésil, qui accueillera la COP30 l’année prochaine, partagent des priorités alignées avec celles de l’Afrique, notamment en matière d’adaptation climatique et de protection de l’environnement. Ces coalitions avec d’autres pays du Sud permettent aux négociateurs africains de créer un bloc fort et solidaire, capable de peser davantage dans les discussions et de promouvoir des solutions climatiques plus équitables.

Ces alliances peuvent également donner naissance à des projets conjoints, à des transferts de connaissances et à un soutien mutuel pour des initiatives de résilience climatique. En tissant des liens avec d’autres nations du Sud, l’Afrique renforce non seulement sa propre position, mais elle contribue également à construire une dynamique mondiale en faveur d’un financement climatique équitable et efficace.

Une Vision Optimiste et un Avenir Prometteur

Face à ces défis, il est essentiel de rester optimiste. Les négociateurs africains apportent une perspective unique, basée sur la résilience et une forte volonté de changement. Ils se battent non seulement pour leurs communautés mais aussi pour un avenir plus juste et durable pour tous. La COP29 peut être un tournant décisif grâce à leur engagement et à leur vision.

Le succès de la COP29 ne dépend donc pas de l’absence de certains dirigeants, mais de la force collective de ceux qui ont choisi d’être présents. Les pays africains, forts de leur unité et de leurs solutions, peuvent faire de cette conférence une réussite. C’est l’occasion de montrer que l’Afrique n’est pas seulement une victime du changement climatique, mais aussi un acteur essentiel et innovant dans la lutte pour la justice climatique.

Alors que le monde les regarde, les dirigeants africains sont prêts à prendre les devants. La COP29, loin d’être un échec annoncé, peut devenir un moment décisif pour l’Afrique et pour le monde entier, une preuve que la détermination et la solidarité peuvent transformer les défis en opportunités.

Safiatou Nana, Fondatrice et Directrice de AFRICED, à Bakou

Burkina Demain

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