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Ajay Banga, Président de la Banque mondiale : «Un développement intelligent est pérenne»

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A l’occasion des dernières Assemblées annuelles de la Banque mondiale, son Président Ajay Banga a livré une allocution fort appréciable

A l’occasion des dernières Assemblées annuelles de la Banque mondiale, son Président Ajay Banga a livré une allocution fort appréciable. C’était lors de la séance plénière le 17 octobre 2025. Lisez plutôt son Allocution.

A l’occasion des dernières Assemblées annuelles de la Banque mondiale, son Président Ajay Banga a livré une allocution fort appréciable

«Monsieur le Vice-Premier ministre Correia, merci de présider cette séance plénière.

Kristalina, je suis heureux de célébrer ce partenariat à vos côtés. 

Les récents événements en Syrie et à Gaza nous donnent des raisons d’espérer que la paix est possible partout où il y a des conflits – RDC, Soudan, Ukraine, Yémen, pour ne citer que ces pays-là.

Autant nous aspirons à la paix, autant nous devons nous y préparer.

Dans cette optique, nous avons réuni des groupes d’experts régionaux issus des secteurs public et privé pour planifier la reconstruction à Gaza et en Ukraine. Le groupe de Gaza coordonne dès à présent ses activités avec des partenaires œuvrant dans la région.

La reconstruction est un pan essentiel de notre mission.

Un service que nous sommes prêts à fournir dans toute la mesure de nos moyens quand et là où le besoin se fait sentir.

Dans le même temps, en tant qu’institution de développement, nous sommes tout aussi attachés à la prévention des conflits.

Car en plus de reconstruire ce qui a été détruit, nous devons nous employer à créer les conditions propices aux opportunités et à la stabilité.

C’est ce qui anime nos actions et nos décisions aujourd’hui.

Nous vivons l’une des plus grandes transformations démographiques de l’histoire de l’humanité.

D’ici à 2050, plus de 85 % de la population mondiale vivra dans les pays dits « en développement » aujourd’hui.

Rien qu’au cours des 10 à 15 prochaines années, 1,2 milliard de jeunes entreront sur le marché du travail, pour environ 400 millions d’emplois seulement. Le déficit est abyssal.

Pour bien saisir l’urgence de la situation, disons simplement ceci :

  • Au cours des dix prochaines années, chaque seconde verra arriver quatre jeunes sur le marché du travail dans le monde.
  • Ainsi, le temps pour moi de prononcer ce discours, des dizaines de milliers de personnes auront franchi ce grand pas, pleines d’ambition, pressées de faire leurs preuves.

C’est en Afrique que la croissance démographique est la plus rapide, et une personne sur quatre y vivra en 2050. D’ici là, selon les estimations :

  • La Zambie comptera 700 000 personnes de plus chaque année.
  • La population du Mozambique doublera.
  • Tandis que la population du Nigeria augmentera fortement d’environ 130 millions de personnes, faisant incontestablement du pays l’une des nations les plus peuplées du monde.

Ces jeunes personnes, débordantes d’énergie et d’idées, définiront le prochain siècle.

  • Des investissements judicieux – axés non pas sur les besoins, mais sur les opportunités – nous permettraient de libérer un puissant moteur de croissance mondiale.
  • Sans un effort résolu, leur optimisme pourrait se muer en désespoir, ouvrant la voie à l’instabilité, à des troubles et à des migrations massives, dont les répercussions toucheront toutes les régions et toutes les économies.

C’est pourquoi l’emploi doit être au cœur de toute stratégie de développement, d’économie ou de sécurité nationale.

Qu’entendons-nous par emploi ?

  • Le fait de travailler pour une entreprise et d’y gravir les échelons de la hiérarchie…
  • ou d’être employé dans une petite entreprise…
  • Mais peut-être aussi le fait de créer sa propre entreprise.

Un emploi, c’est bien plus qu’un chèque à la fin du mois. C’est ce qui permet aux femmes comme aux hommes de réaliser leurs aspirations.

  • C’est une raison d’être. La dignité.
  • Le fondement de la stabilité des familles, le ciment qui soude ensemble les pans de toute société.
  • C’est le chemin le plus droit vers la stabilité, et c’est l’avancée la plus difficile à défaire.

C’est pourquoi nous avons redéfini notre action… notre manière de la mesurer…et la manière dont la menons autour de cette réalité.

Au cours des deux dernières années, nous nous sommes employés à rendre nos interventions plus rapides, plus simples et plus concrètes.

  • Le délai moyen d’approbation des projets est passé de 19 à 12 mois. Certains projets sont désormais approuvés en moins de 30 jours.
  • Nous avons consolidé la direction dans 40 de nos bureaux de pays, offrant ainsi à nos clients un point de contact unique. D’ici juin de l’année prochaine, cette structure aura été étendue à tous les pays.
  • Notre Banque de connaissances est mise en commun à l’échelle du Groupe, dans le but principalement de reproduire les solutions à grande échelle.
  • Des services comme le budget, les ressources humaines, la passation des marchés et l’immobilier sont unifiés.
  • Au lieu de 153 indicateurs internes, nous avons une fiche de performance institutionnelle comportant 22 indicateurs de résultats.
  • De nouveaux instruments et l’optimisation des ressources nous ont permis d’accroître notre capacité financière d’environ 100 milliards de dollars.
  • La plateforme de cofinancement des BMD compte désormais une réserve de 175 projets. Au total, 22 de ces projets sont entièrement financés, à hauteur de 23 milliards de dollars.
  • Nous avons conclu un accord de délégation réciproque avec la Banque asiatique de développement, réduisant ainsi les doubles emplois pour les clients. Nous travaillons à en établir d’autres avec les BMD partenaires.
  • Et nous élaborons une stratégie IFC 2030 visant à renforcer la mobilisation des capitaux privés.

Ces réformes représentent le fondement.

La mission, c’est l’emploi.

La plupart des emplois — près de 90 % — proviennent en fin de compte du secteur privé. Mais ils n’y commencent pas tous.

L’évolution des pays s’inscrit dans un continuum :

  • au départ, le secteur public est le moteur de la création d’emplois ;
  • au fil du temps, les capitaux privés et l’entrepreneuriat prennent le relais.

Mais le secteur privé, grand ou petit, local ou mondial, ne peut réussir seul.

Les entrepreneurs ont besoin de conditions favorables pour démarrer, se développer et embaucher.

Ces conditions n’apparaissent pas toutes seules.

C’est là qu’intervient le Groupe de la Banque mondiale, avec sa stratégie singulière à trois piliers :

Premièrement, les gouvernements sont à l’œuvre – souvent avec la contribution du secteur privé – construisant les infrastructures humaines et physiques qui suscitent les opportunités : routes, ports, électricité, éducation, numérisation et soins de santé. Nos institutions axées sur le secteur public – la BIRD et l’IDA – financent ces investissements et aident les pays à utiliser efficacement les ressources et à établir des partenariats public-privé.

Deuxièmement, un cadre des affaires reposant sur une réglementation claire, des règles du jeu équitables et une gestion saine de l’économie doit être mis en place. Il est question ici de sécurisation des droits fonciers, de prévisibilité du système fiscal, de transparence des institutions, de gestion responsable de la dette et de politiques de change. Nous accompagnons ces réformes aux côtés du FMI par l’intermédiaire de notre Banque de connaissances, en recourant à des outils stratégiques et au financement basé sur les résultats.

Troisièmement, une fois que les bases sont posées, nous aidons le secteur privé à se développer et compensons la prise de risque par des capitaux, fonds propres, garanties et l’assurance contre les risques politiques que fournissent IFC et la MIGA – sous le regard du CIRDI.

C’est par cette boucle – fondement, politiques publiques, capitaux – que notre ambition se traduit par des emplois. Que nous transformons des possibilités en chèques de paie.

Nous avons recensé cinq secteurs porteurs pour la création d’emplois : les infrastructures et l’énergie, l’agro-industrie, les soins de santé, le tourisme et l’industrie manufacturière à valeur ajoutée, y compris les minerais critiques.

Ces secteurs ne sont pas tributaires de l’aide. Ce sont des moteurs de croissance, capables de créer des emplois pertinents au niveau local sans délocaliser ceux des économies développées.

Et ils contribuent à bâtir la classe moyenne qui nourrira la demande mondiale de demain, notamment de biens et services en provenance des marchés développés.

Au cours des deux dernières années, nous avons lancé une série d’initiatives stratégiques dans bon nombre de ces secteurs. Loin d’être cloisonnées, ces initiatives se renforcent mutuellement et font appel à toute la panoplie du Groupe de la Banque mondiale, aux côtés de partenaires. Parce que nous devrons travailler ensemble pour obtenir des résultats à grande échelle.

Notre stratégie en matière d’électricité privilégie l’accessibilité physique, l’accessibilité financière et la fiabilité, parallèlement à la gestion responsable des émissions. Elle étaye Mission 300, notre initiative pour apporter l’électricité à 300 millions d’Africains d’ici à 2030. Les pays ont la latitude de choisir ce qui correspond le mieux à leurs besoins et à leur contexte, moderniser les réseaux ou installer des solutions solaires, éoliennes, hydroélectriques, gazières et géothermiques. Pour la première fois depuis des décennies, nous avons aussi entrepris – en partenariat avec l’AIEA – d’offrir un soutien pour des solutions utilisant le nucléaire. L’objectif est d’avoir suffisamment d’énergie pour stimuler la productivité des personnes et des entreprises.

Nous nous sommes fixés pour objectif d’aider à fournir des soins de santé à 1,5 milliard de personnes. En décembre, nous réunirons des gouvernements, des investisseurs et des innovateurs lors d’un sommet à Tokyo pour accélérer les actions dans ce domaine. L’Indonésie montre déjà la voie en s’engageant à offrir chaque année à chaque citoyen des soins primaires le jour de son anniversaire, une approche qui pourrait révolutionner les soins de santé pour 300 millions de personnes.

Avec AgriConnect, nous voulons aider les petits exploitants agricoles à passer d’une activité de subsistance à une production excédentaire. Grâce à un écosystème de coopératives intégrant les financements pour les agriculteurs et les PME, reliant les producteurs aux marchés et exploitant des outils numériques comme l’IA à petite échelle.  Cette initiative donne corps à notre engagement de doubler notre financement pour le porter à 9 milliards de dollars par an et de mobiliser 5 milliards de dollars supplémentaires.

Nous sommes également en train de finaliser une stratégie sur les minéraux et l’extraction minière destinée à aider les pays à passer de l’extraction de matières premières à la transformation et la fabrication régionale, afin de retenir sur place plus de valeur et plus d’emplois. Nous espérons la rendre publique dans les mois à venir.

Concrètement, comment réalisons-nous tout ça ?

Nous commençons par un cadre de partenariat-pays unique pour l’ensemble du Groupe de la Banque mondiale, préparé conjointement par les responsables nationaux et nos experts thématiques.

Chaque cadre est un plan stratégique à long terme qui réunit les capacités de l’IDA, de la BIRD, d’IFC, de la MIGA et du CIRDI autour d’un ensemble de priorités bien ciblées, et il est adapté aux besoins et aux ambitions de chaque pays.

Pour un pays, il peut s’agir de chaînes de valeur minérales complètes… pour un autre, d’activités touristiques ancrées dans la nature et la culture… peut-être de systèmes de santé plus solides qui guérissent et emploient… ou alors d’écosystèmes agro-industriels qui améliorent le sort des petits agriculteurs.

Le parcours est certes personnalisé, mais les fondements sont les mêmes :

  • construire les infrastructures,
  • fixer des règles claires et prévisibles,
  • et faciliter l’investissement privé.

Pour atteindre l’échelle voulue — et libérer notre bilan pour des défis plus complexes — nous devons débloquer tout le potentiel du secteur privé.

C’est pourquoi nous levons les barrières à l’investissement et créons les conditions propices à l’apport de capitaux privés au profit du développement.

Nous mettons en œuvre la feuille de route fournie par le Laboratoire de l’investissement privé, en déployant des outils et des solutions pratiques dans l’ensemble de l’institution :

  • La clarté réglementaire — d’abord appliquée dans le cadre de Mission 300 et maintenant sur d’autres initiatives ; notre Banque de connaissances remaniée poursuivra le travail.
  • Les garanties, désormais gérées de manière centralisée par la MIGA et avec succès jusqu’ici, l’objectif étant de tripler les activités d’ici à 2030.
  • Les solutions en matière de change – avec le FMI, nous développons des marchés financiers locaux dans 20 pays. IFC a quant à elle réalisé un tiers de ses prêts en monnaie nationale, son objectif étant d’atteindre 40 % d’ici à 2030.
  • Les participations de second rang – nous avons lancé le Frontier Opportunities Fund, dont les fonds proviennent du revenu net d’IFC, mais il a besoin de contributions supplémentaires de la part d’organisations philanthropiques et d’États.
  • Et, sans doute l’initiative la plus transformatrice, un modèle d’octroi puis de cession, qui permet de regrouper les actifs en produits d’investissement pour attirer des capitaux institutionnels à grande échelle dans les marchés émergents. Une initiative pilotée par l’ancien PDG de S&P, Doug Peterson.

Il y a quelques semaines à peine, nous avons finalisé notre première transaction, regroupant 510 millions de dollars de prêts d’IFC dans des titres notés. La demande était importante. Reste le problème de l’offre : nous avons donc entrepris de constituer une solide réserve à long terme dans l’ensemble de la Banque. Et nous prévoyons de collaborer avec d’autres.

Chaque pas réduit les risques, renforce la confiance et contribue à tendre la main aux capitaux privés.

Mais les capitaux ne viendront pas sans une base solide dès le départ.

C’est pourquoi nous nous attachons à faire en sorte que le développement soit résilient, responsable sur le plan budgétaire, ancré dans la confiance et pérenne : un développement intelligent.

De nombreux pays essaient aujourd’hui de se développer, de créer des emplois et de sortir leur population de la pauvreté, tout en essuyant des sécheresses, des tempêtes et des inondations – souvent sur une base budgétaire précaire, fragilisés par la dette, affaiblis par la corruption ou privés des ressources nécessaires pour avancer.

Un développement intelligent, c’est renforcer la résilience physique et raffermir les institutions.

C’est ce que demandent nos clients. Et cette exigence est en train de redéfinir notre travail.

Les chiffres en disent long. L’année dernière, 48 % de nos financements ont été classés comme produisant des avantages climatiques annexes selon la méthodologie commune des BMD, bien au-delà de nos attentes.

La résilience représentait 43 % du portefeuille du secteur public, contre un tiers il y a seulement deux ans.

Permettez-moi d’expliquer quelque peu ce concept d’avantages connexes et pourquoi nous y sommes poussés par les clients.

  • Lorsque nous construisons une route qui relie un fabricant de produits pharmaceutiques à un marché, et que la qualité est telle qu’elle peut résister aux inondations et n’a pas besoin d’être reconstruite.
  • Cela est comptabilisé.
  • Lorsque nous construisons une école ou un incubateur de talents et les recouvrons d’une toiture aux propriétés isolantes et réfléchissantes, de sorte que la chaleur ou le froid extrêmes ne nuisent pas à l’apprentissage.
  • Cela est comptabilisé.
  • Lorsque nous aidons les agriculteurs à accéder à l’irrigation au goutte-à-goutte et à des semences résistantes à la sécheresse qui augmentent les rendements agricoles et les bénéfices et prémunissent contre les périodes sèches.
  • Cela est comptabilisé.
  • Et si nous construisons un corridor de transport de marchandises par train plutôt que par camion, qui transporte le fret plus rapidement et à moindre coût.
  • Cela est comptabilisé.

Un développement intelligent est un développement pérenne.

La même exigence nous fait repenser nos interventions en matière d’institutions et de finances publiques. De plus en plus de pays demandent de l’aide pour renforcer leurs systèmes de base, et nous innovons :

  • En lançant une nouvelle série d’examens des finances publiques pour aider les gouvernements à réorienter les dépenses vers des priorités à fort impact : 14 évaluations ont été achevées et 22 autres sont attendues prochainement.
  • En aidant à gérer les risques de liquidité avant qu’ils ne s’aggravent : les apports nets de l’IDA ont atteint 21 milliards de dollars durant l’exercice écoulé, contre 12 milliards de dollars il y a trois ans.
  • En déployant des outils de conversion de la dette en projets de développement pour alléger le fardeau de la dette et libérer des ressources. Nous avons commencé avec la Côte d’Ivoire et neuf autres opérations similaires sont en préparation. Nous avons soif d’en faire plus.
  • Et nous collaborons étroitement avec des partenaires comme le FMI pour accélérer la restructuration de la dette dans le Cadre commun du G20, tout en avançant sur les réformes des recettes intérieures, en augmentant les financements et en soutenant la gestion du passif. Nous nous employons parallèlement à améliorer la transparence en étendant le Système de notification des pays débiteurs à tous les pays du G20, afin d’éclairer davantage toutes les parties et de renforcer la confiance de tous.

Et nous répondons au désir croissant d’outils qui renforcent la confiance :

  • En aidant les pouvoirs publics à lutter contre la corruption grâce à des outils fondés sur les données, à des identifiants numériques liés aux actifs, à une meilleure détection des fraudes et à l’intelligence artificielle qui relie les données fiscales, immobilières et d’identification. Au cours des dix dernières années, nous avons accompagné 120 gouvernements dans cette démarche et travaillons actuellement avec 26 autres pour combattre la corruption et les flux financiers illicites.
  • Et parce que même les meilleurs systèmes ont besoin de gestionnaires compétents, notre Académie du savoir outille les fonctionnaires pour qu’ils puissent piloter les réformes. Plus de 200 hauts fonctionnaires ont déjà été formés, et six nouvelles filières seront bientôt lancées.

Nous entrevoyons déjà ce qu’il est possible d’accomplir.

En tout juste deux ans, nos financements annuels sont passés de 107 milliards à 119 milliards de dollars.

Les capitaux privés mobilisés sont passés de 47 milliards à 67 milliards de dollars.

Le montant total des engagements, y compris la MCP, a atteint 186 milliards de dollars.

Et nous avons levé 79 milliards de dollars supplémentaires auprès d’investisseurs privés par le biais d’émissions obligataires.

Des actions de cette échelle produisent des résultats concrets :

Depuis le lancement de la nouvelle Fiche de performance du Groupe de la Banque mondiale en 2024, nous avons permis à :

  • 20 millions d’agriculteurs d’avoir accès aux technologies, aux intrants et aux marchés.
  • 60 millions de personnes de bénéficier de l’électricité
  • 70 millions de personnes d’être éduquées ou formées
  • Et à 300 millions de personnes de bénéficier de services de santé et de nutrition de qualité

Ces chiffres, certes impressionnants, rendent compte d’actions plus ciblées et d’un nouvel état d’esprit.

Qui appréhende le développement non pas comme de la charité, mais comme une stratégie. Et voit dans l’emploi non pas un contrecoup, mais le résultat d’un développement bien mené.

Car lorsque nous nous concentrons sur l’emploi, nous ne nous détournons pas des soins de santé, des infrastructures, de l’éducation ou de l’énergie ; nous intensifions notre action dans tous ces domaines.

Un emploi, c’est ce qui se trouve au bout d’une école qui mène à une compétence, d’une route qui mène à un marché, d’une clinique qui permet à une personne d’être suffisamment en bonne santé pour travailler, de l’énergie qui alimente une entreprise.

C’est ainsi que nos efforts convergent. Que nous transformons l’investissement en impact.

Et c’est ainsi que nous apportons aux gens ce qu’ils veulent le plus, ce dont ils ont le plus besoin et ce qu’ils méritent le plus :

Un emploi.

Une chance.

Un avenir.

Et… la dignité.”

15e édition du FRSIT : Le Président du Faso multiplie par 5 les prix des lauréats

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Le Président du Faso, Chef de l’État, le Capitaine Ibrahim Traoré, a fait de fortes annonce à l'ouverture de 15e édition du FRSIT

Le Président du Faso, Chef de l’État, le Capitaine Ibrahim Traoré, présidant ce mercredi la cérémonie officielle d’ouverture de la 15e édition du Forum national de la Recherche scientifique et des Innovations technologiques (FRSIT), a adressé dans le langage franc qu’on lui reconnaît, un message aux acteurs du monde de la recherche.  Et ce n’est pas tout…

Le Président du Faso, Chef de l’État, le Capitaine Ibrahim Traoré, a fait de fortes annonce à l’ouverture de 15e édition du FRSIT

«LE PRÉSIDENT DU FASO À L’OUVERTURE DE LA 15e ÉDITION DU FRSIT (2/2)

– « Un cerveau plein de savoir et un cœur vide de patriotisme, nous n’en voulons pas », dixit le Capitaine Ibrahim TRAORÉ

– Le Président du Faso interpelle les chercheurs sur leurs devoirs et multiplie les prix de récompense par 5.

(Ouagadougou, le 22 octobre 2025). Le Président du Faso, Chef de l’État, le Capitaine Ibrahim TRAORÉ, présidant ce mercredi la cérémonie officielle d’ouverture de la 15e édition du Forum national de la Recherche scientifique et des Innovations technologiques (FRSIT), a adressé dans le langage franc qu’on lui reconnaît, un message aux acteurs du monde de la recherche.

Conscient de l’importance de l’innovation et de la recherche scientifique pour le Burkina Faso à l’ère de la Révolution Progressiste Populaire, le Capitaine Ibrahim TRAORÉ, sans détour, a interpellé chercheurs, inventeurs et innovateurs sur leurs devoirs. Il les a invités à surmonter les obstacles et a promis un accompagnement du gouvernement.

«J’ai pris l’engagement. En 2026, peut-être au premier trimestre, des équipements de pointe, de dernière génération pour la recherche, seront au Burkina Faso (…) Nous mettrons les bouchées doubles pour que ceux qui veulent créer, qui veulent inventer puissent le faire », soutient le Chef de l’État. Aussi, le centre « Faso Bangré » en construction va accompagner les lauréats de la plate-forme «Faso Andubè» dans la réalisation de leurs projets, selon le Président du Faso.

À l’endroit de la jeunesse, le Chef de l’État met en garde contre les distractions qui détournent de l’innovation, et appelle à un patriotisme scientifique où les chercheurs mettent leurs compétences au service de la Nation.

«Tous ceux qui ont des têtes pleines, nous en avons besoin… Mais nous avons encore besoin de quelqu’un qui a une tête pleine de savoir et un cœur plein de patriotisme », insiste le Chef de l’État, qui souligne que la Révolution burkinabè doit être aussi scientifique et technologique.

L’autre bonne nouvelle de cette cérémonie d’ouverture du 15e FRSIT, est l’annonce par le Chef de l’État, Président du Faso, le Capitaine Ibrahim TRAORÉ de sa décision de «multiplier par 5» les prix qui récompensent les lauréats au palmarès officiel du forum.

Direction de communication de la Présidence du Faso»

Commande publique 2024 : 616 milliards de FCFA mobilisés, près de 1 000 litiges passés au crible.

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Les conférenciers de l'ARCOP face aux journalistes ce mardi 21 octobre à Ouagadougou

L’autorité de régulation de la commande publique ARCOP a dévoilé son rapport d’activité 2024 lors d’une conférence de presse tenue ce 21 octobre à son siège à Ouagadougou. Sur la période concernée, ce sont 4 492 marchés publics qui ont été conclus.

Les conférenciers de l’ARCOP face aux journalistes ce mardi 21 octobre à Ouagadougou

 En 2024, la commande publique a mobilisé près de 616 milliards de FCFA. La répartition des marchés révèle une nette priorité accordée aux investissements. Près de la moitié des montants y est consacrée contre 30% pour les marchés de fournitures.

«Comparativement en 2023 (4164 marchés conclus pour 206 milliards), on note une hausse importante de la contribution du secteur de la commande publique dans la circulation des ressources financières nationales», a indiqué Abdallah Traoré, président du conseil de régulation de l’ARCOP.

118 sessions tenues, 1 000 recours déposés

Le Président du Conseil de régulation de l’ARCOP, Abdallah Traoré, dressant le bilan de son institution en 2024

Sur le front des litiges, l’Organe de règlement des différends a été fortement sollicité. Il a tenu 118 sessions pour examiner près de 1 000 recours déposés. «En matière de litige, les ministères et institutions, les sociétés d’État et les Établissements publics de l’État sont les catégories d’AC (Autorités Contractantes dont les procédures ont le plus fréquemment fait l’objet de recours), lit-on dans le rapport intégral.

Le rapport de 54 pages met également en lumière des activités menées autour de la formation et la sensibilisation, les dénonciations ainsi que les audits du système.

«(Sur le deuxième volet, ndlr), 24 dénonciations ont été reçues par l’ARCOP, dont la moitié s’étant révélée fondée, a permis de corriger des procédures en cours ou de déceler des documents non authentiques utilisés», déclare Abdallah Traoré.

«Le bilan global des actions de l’ARCOP au titre de l’année 2024 présente des résultats fort appréciables allant de l’élaboration des politiques et autres outils stratégiques de régulation à la mise en œuvre des programmes d’actions de renforcement de la qualité du système national de la commande publique», s’est par ailleurs réjoui le président du conseil de régulation de l’ARCOP.

Au-delà des actions et des  avancées

Au-delà des actions, des avancées, les échanges des premiers responsables de l’ARCOP, ce mardi 21 octobre, avec les hommes et femmes des médias, ont permis donc d’éclairer bien des aspects de la problématique, notamment la formation et la sensibilisation, le règlement des différends, les audits du système, ainsi que la définition des politiques publiques relatives à la gestion des marchés.

Autant d’aspects dont la bonne maîtrise participe à une meilleure gouvernance de la commande publique au Burkina Faso.

Pour les perspectives, les responsables de l’ARCOP renforceront la dématérialisation des procédures de passation des marchés et la mise en œuvre de l’Initiative pour une gouvernance performante, afin d’améliorer la traçabilité et la transparence du système.

Deux semaines après la remise du rapport au Premier ministre

 La  présente conférence de presse  intervient près de deux semaines après la remise du rapport 2024 de l’ARCOP au Premier ministre Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, l’autorité de tutelle de l’institution.

C’était le 6 octobre dernier au cours d’une audience solennelle à la Primature au cours de laquelle le Chef du Gouvernement avait félicité les responsables et personnels de l’ARCOP pour les efforts accomplis tout en les exhortant à plus d’efficacité et d’innovation dans l’action de régulation pour plus de résultats appréciable sur le terrain.

«On ne peut plus se payer le luxe des lourdeurs. Sortez des sentiers battus et proposez des textes qui favorisent l’efficacité dans les marchés publics», avait notamment exhorté le Premier ministre Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo.

Et au sortir de la présente conférence de presse, au regard des explications et des assurances des conférenciers, on peut dire que tout est en bonne voie pour renforcer la gestion de la commande publique au Burkina Faso.

Windemi Ouédraogo

Burkina Demain

Réorganisation agraire et foncière au Burkina : Une nouvelle loi adoptée par l’ALT

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Dans les pipelines depuis quelques mois, avec notamment l’adoption le 5 février 2025 par l’exécutif d’un projet de loi dans ce sens, la nouvelle loi portant réorganisation agraire et foncière adoptée à l’unanimité ce mardi 21 octobre 2025 par l’Assemblée législative de transition (ALT), était attendue par les acteurs du secteur et surtout ses porteurs avec en tête le ministre de l’économie et des finances, Dr Aboubacar Nacanabo.

Le ministre de l’économie et des finances, Dr Aboubacar Nacanabo, a défendu le projet de loi avec succès

Au terme de cette loi qui introduit plusieurs réformes majeures par rapport à la loi de 2012 portant réorganisation agraire et foncière (RAF) ; la terre du Burkina Faso appartient désormais à l’Etat. Mais, des anciens acteurs comme les coutumiers ne sont pas exclus de la gestion du foncier. Ainsi, ils bénéficieront des attestations de possessions foncières rurales (APFR), qui leur permettront de continuer d’exploiter la terre pour subvenir aux besoins des communautés.

Autres innovations majeures : l’introduction de baux de longue durée (18 à 99 ans) pour favoriser des investissements pérennes sur le foncier et l’impossibilité pour un étranger de posséder un titre de propriété sur la terre rurale.

L’ensemble des 71 députés présents dans l’enceinte de l’ALT ce 21 octobre, ont donné leur quitus pour l’adoption de la nouvelle loi

Cette nouvelle loi qui comporte au total 214 articles, vise aussi à résoudre un certain nombre de problèmes sur le foncier rural, notamment les conflits entre agriculteurs et éleveurs et les difficultés d’accès au foncier rural dans le cadre d’investissements structurants.

En tout cas, c’est une victoire le ministre de l’économie et des finances, Dr Aboubacar Nacanabo qui a défendu avec succès le projet de loi devant les parlementaires. Résultat :  l’ensemble des 71 députés présents dans l’enceinte de l’ALT ce 21 octobre, ont donné leur quitus pour l’adoption de la nouvelle loi. Cela étant, reste maintenant l’application de la loi. A commencer par l’élaboration des textes d’application.

Martin Philippe

Burkina Demain

Evènements du 15 octobre 1987 : Ce que Papa et Maman Sankara ont confié à Jonas Hien

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La récente décision du Président- Capitaine Ibrahim TRAORE, d’instaurer un cérémonial militaire chaque jeudi du mois sur les lieux du mémorial Thomas Sankara, redonne l’occasion Jonas Hien de faire d’importantes confidences reçues de Papa et Maman Sankara peu avant les tragiques évènements du 15 octobre 1987 marqués par l’assassinat de l’ex-Président du Conseil national de la Révolution, feu le Capitaine Thomas Sankara et de ses 12 compagnons.  Relisez plutôt cette tribune digne d’intérêt déjà en 2006 par le quotidien Le Pays.

Proche de la Famille Sankara à l’époque, Jonas Hien relate les confidences des parents du Président du CNR le Capitaine Thomas Sankara

«Le 15 octobre 2013, c’était le 26è anniversaire de l’assassinat du Président Thomas Sankara. A l’occasion de la commémoration de ce 26è anniversaire, j’ai livré le message du Comité national d’organisation, au cimetière de Dagnoën. Un passage de ce discours du Comité national d’organisation disait ceci : « nous devons faire en sorte que le Président Thomas Sankara soit encore et toujours vivant, non seulement par notre détermination plus prononcée à faire rayonner son idéal à travers le monde, mais aussi à travers une unité d’action. C’est pour vous dire, qu’on le veuille ou pas, l’idéal sankariste va s’imposer à nous, car tout montre que la génération montante est déterminée à réhabiliter Thomas Sankara. Nous n’avons donc pas d’autres choix, car le seul choix qui vaille, c’est de constituer dès maintenant, une force, une unité sans faille en vue d’imposer une alternative sankariste au Burkina Faso. »

C’était comme une prémonition. Aujourd’hui, nous y sommes. Ces jeunes, ces enfants, qui venaient massivement au cimetière de Dagnoën à chaque commémoration et qui écoutaient les slogans hostiles à l’impérialisme, ont grandi et sont aujourd’hui à l’avant-garde de la réhabilitation de l’idéal Thomas Sankara. C’est la génération montante dont nous parlions. Et ils sont effectivement aujourd’hui déterminés à réhabiliter Thomas Sankara et l’idéal révolutionnaire qu’il a incarné. La décision forte, prise par le Capitaine Ibrahim TRAORE, Président du Faso, Chef de l’Etat, d’instaurer un cérémonial militaire chaque jeudi du mois sur les lieux du mémorial Thomas Sankara, traduit cette détermination à faire rayonner l’idéal Thomas Sankara à travers le monde.

Quand je revisite le passé, les différentes commémorations du 15 octobre que nous avions conduites jusqu’aux déterrements des corps au cimetière pour les besoins des tests d’ADN dans le cadre du dossier judiciaire sur la tragédie du 15 octobre, les difficultés et brimades subies par beaucoup de nos camarades parce qu’ils osaient se réclamer sankaristes ou pour avoir été collaborateurs du Président Thomas Sankara, les souffrances infligées à la famille Thomas Sankara, les tentatives d’effacement des traces de la RDP, je ne peux, à mon tour, que rendre hommage au Capitaine Ibrahim TRAORE et à ses camarades pour cette inspiration éclairée et qui montre qu’ils ne sont pas venus au pouvoir par hasard mais pour conduire un idéal vers une vie meilleure dont le peuple burkinabè est en droit de rêver.

Cet engagement fort du Président du Faso ainsi que la rencontre internationale Carrefour africain Thomas Sankara, tenue du 12 au 14 octobre 2025 à Ouagadougou, à l’occasion du 38è anniversaire, confortent les conclusions du symposium international sur l’idéal Sankara, tenu en octobre 2007 à Ouagadougou, à l’occasion du 20è anniversaire avec la participation des cinq continents du monde. En effet, les travaux de ce symposium avaient conclu qu’il faut aller vers l’élaboration d’un code d’éthique sankariste afin d’établir des points de repères de comportements que devraient avoir un Sankariste. Ce processus devrait être parachevé par la production d’un document de conceptualisation du sankarisme. En d’autres termes, donner une définition consensuelle du concept de sankarisme.

Il en résulte que les jalons sont encore relancés et permettent la poursuite de la Révolution Démocratique et Populaire (RDP) sous le format de la Révolution Progressiste Populaire (RPP). La réhabilitation de Thomas Sankara est pour moi un acte qui va au-delà de la continuation de la RDP en RPP. L’acte du Capitaine Ibrahim TRAORE et de ses camarades console les familles des parents assassinés le 15 octobre 1987, d’une part, et apaisent les esprits des ancêtres, d’autre part. En effet, le père et la mère de Thomas Sankara sont tous décédés sans avoir mis pied au cimetière de Dagnoën, après plus de 12 ans pour la mère et près de 20 ans pour le père. J’ai supplié le Vieux Joseph Sankara pour qu’il ne meure pas sans avoir vu la tombe. Il a fini par me dire qu’il est fort possible qu’il meurt sans voir la tombe et il m’a dit pourquoi. Le Vieux Joseph Sankara et moi étions des parents à plaisanterie. En effet, sa vie à Gaoua, où Thomas Sankara a fait son école primaire, avait fait de lui un Lobi de Gaoua. Il était tellement bien intégré et adopté par une famille Kambou qui lui a donné le nom de Joseph Kambou. Et Sachant que les HIEN et apparentés sont des parents à plaisanterie avec les KAMBOU, KAMBIRE et apparentés, lorsque j’arrivais à son domicile à Paspanga, il m’accueillait en parent à plaisanterie avant qu’on se lance dans des causeries. A chaque fois que je passais une semaine sans venir le voir, il envoyait s’assurer que son esclave n’a pas été enlevé par ‘’Blaise’’. A côté de lui, j’ai pu mesurer combien le père et la mère de Thomas Sankara ont moralement souffert de la trahison de Blaise Compaoré, jusqu’à mourir sans avoir vu la bombe de leur fils.

Un jour, je lui ai demandé si Thomas (c’est comme ça qu’on l’appelle en famille) était au courant de son assassinat qui se préparait, comme le disent les rumeurs. Le Vieux Sankara soupira, un silence puis me dit : « oui, c’est vrai, il était au courant ». Et suivez le récit de Feu Joseph Sankara.

«Une nuit, vers deux heures du matin, j’ai été réveillé et on me disait qu’un Monsieur voudrait me voir. Quand nous sommes assis à huis clos, il s’est présenté : il est militaire, un des commandos de Blaise à Pô. Il m’a dit qu’il vient tout droit de Pô à l’insu de ses camarades d’armes ; qu’il a pris le risque de venir me voir. Il m’informa du projet du coup d’Etat contre mon fils. Il m’a précisé qu’il ne s’agira pas de l’arrêter mais de le tuer. Il m’a supplié de le convaincre de quitter d’urgence le pays. Pour être curieux, je lui ai demandé si Blaise est au courant. Il m’a dit que c’est lui le cerveau du coup en préparation. Il a quitté la même nuit aux environs de trois heures du matin pour regagner Pô. C’est d’ailleurs un de tes parents mais je ne peux pas dire son nom car il est toujours en fonction. Il m’a dit que le risque qu’il a pris en venant me voir en valait la peine car il ne peut pas laisser tuer son frère Thomas.

Je suis resté assis là et j’ai envoyé appeler d’urgence Thomas à cette heure tardive. Comme je n’avais pas l’habitude de le déranger de cette façon, il a eu certainement peur car il est arrivé en catastrophe à la maison et déjà du dehors il criait en disant ‘’Papa, qu’est-ce qui se passe’’ ! Je lui ai répété mot par mot ce que j’ai entendu. Il m’a dit : ‘’Papa merci. Si c’est ça, je suis déjà au courant depuis. On me dit de quitter le pays, c’est pour aller où ! Mon pays c’est ici, je reste ici, qu’on me tue ici et qu’on m’enterre ici.’’. Il s’est levé et il est reparti. »

Une autre fois, lors de nos causeries habituelles, le Vieux Sankara déplora le comportement de Blaise Compaoré envers lui. Ecoutons : « le 8 octobre 1987, j’ai envoyé appeler Blaise. Il est venu et on s’est assis ici. Je lui dis que des rumeurs circulent faisant état que ça ne va pas entre lui et son frère. C’est quoi le problème ? Blaise m’a dit qu’il a entendu aussi les mêmes rumeurs et qu’il s’agit de la manipulation politique pour le mettre en conflit avec Thomas. Il m’a dit de rester tranquille car il n’y a aucun problème entre lui et son frère Thomas. C’était donc un jeudi, une semaine avant l’assassinant de Thomas (le Vieux Sankara resta silencieux comme pour retenir des larmes, avant de continuer). Comme il m’a rassuré, on a causé un peu et il est réparti. »

En fait, le Capitaine Blaise Compaoré s’est moqué du Vieux Sankara car il avait déjà planifié l’assassinat du fils de celui avec qui il causait. Et le jeudi 15 octobre 1987 arriva. Le Vieux Sankara me recite ce qui s’est passé ce jour-là : « le 15 octobre, Thomas est venu ici à la maison dans la matinée. Quand il est devenu Président, c’est la seule fois qu’il est venu à la maison et il est resté longtemps avec nous. On a parlé de tout et de rien. Il nous a dit, sa mère et moi, qu’on ne connaît pas sa valeur ; que quand il va mourir, c’est là qu’on va savoir qu’on a mis au monde un fils valeureux. ‘’Vous ne pouvez pas comprendre ce que je vaux pour le monde’’, nous a-t-il dit. Quand il s’est levé pour repartir, il s’est adressé à sa mère : ‘’Maman, je pars, mais on ne se reverra plus’’ et il est sorti. J’ai dit à sa mère si elle a compris ce que son fils a dit. Il a dit que vous ne vous reverrez plus et tu ne cherches pas à comprendre ! Sa Maman a couru dehors et lui a dit de revenir. Elle lui a demandé ce qu’il a voulu dire par ‘’on ne se reverra plus’’. Thomas a répondu à sa mère en disant ceci : ‘’Je meure ce soir. On a une réunion ce soir et j’ai appris qu’on va me tuer là-bas ! C’est pourquoi j’ai dit ça’’ (sur ce point, la mère de Sankara qui nous écoutait intervient pour apporter d’autres précisions). Le Vieux Joseph Sankara poursuit le récit. « Je suis resté en train de secouer la tête. C’est là qu’il a saisi l’occasion pour s’adresser à sa mère et moi : ‘’Papa, écoute, toi et Maman, si vous apprenez qu’on m’a tué, gardez patience. Si c’est quelqu’un d’autre qui m’a tué, vous êtes libre de faire ce que vous voulez. Mais si c’est Blaise Compaoré qui m’a fait tuer, vous deux-là, je vous interdis de verser une seule goutte de larme’’. Et il est ressorti en disant ‘’Adieux Maman’’ ».

J’avoue que ce récit a produit des larmes en moi et encore plus quand le Vieux Joseph Sankara a terminé en disant : « vers les 16h30mn on a entendu des crépitements de kalachnikov. J’ai appelé sa mère en lui disant ‘’c’est sûr que c’est ton fils là qu’on est en train de tuer comme ça. Il nous avait prévenus’’. Nous sommes restés là, dans l’angoisse, sans nouvelles. Entre-temps, Mariam, son épouse, est entrée en courant et en criant ‘’donner moi un foulard noir’’. On a tout de suite compris. J’ai immédiatement dit à sa mère de tout faire pour respecter ce qu’il a dit, en ne laissant couler aucune larme. Dieu merci elle a pu contenir ses larmes. »

Ces récits justifient mes propos que la réhabilitation de Thomas Sankara peut apaiser les esprits des ancêtres.

En attendant, Blaise Compaoré meurt à petit feu à Abidjan. Visiblement, les ancêtres ne sont pas prêts à l’accueillir. C’est le prix de la haute trahison !

Jonas Hien»

Source : Lefaso.net

Coupe du monde U20 : Les Lionceaux de l’Atlas champions

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Les Lionceaux de l'Atlas peuvent jubiler, ils tiennent leur première coupe du monde

C’est fait. Après le Ghana en 2009, le Maroc, est le deuxième pays africain à remporter une coupe du monde de moins de 20 ans. Les Lionceaux de l’Atlas ont en effet dominé leurs homologues argentins sur le score de 2-0 avant de s’emparer du trophée à l’issue de la finale disputée dans la nuit de dimanche à lundi en Chili.

Bien en jambes et déterminés, les Marocains ont pris très tôt le contrôle du jeu, ouvrant le score à la 12e minute avant de doubler la mise à la 28e minute de la première mi-temps. Les efforts des argentins pour revenir au score, resteront vains. Score final : 2- 0.

Le Maroc remporte ainsi sa première coupe du monde de moins de 20 ans, à quelques deux de mois de l’ouverture de la CAN à partir du 21 décembre prochain. Une véritable alerte quant à la volonté des Lions de l’Atlas de remporter cette CAN. Il y a quelques mois, plus précisément le 30 août dernier, les Lions de l’Atlas locaux remportaient à Nairobi le CHAN 2025 face aux Barea de Madagascar.

Amidou Traoré

Burkina Demain

Modernisation du réseau routier national : Une nouvelle ère de transparence et de rigueur

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Le Premier ministre, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, a présidé, ce samedi 18 octobre 2025 à Koudougou, la cérémonie officielle d’inauguration de la Route nationale n°14 (RN14), reliant Sakoinsé à Koudougou

Le Premier ministre, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, a présidé, ce samedi 18 octobre 2025 à Koudougou, la cérémonie officielle d’inauguration de la Route nationale n°14 (RN14), reliant Sakoinsé à Koudougou, avant de se rendre à Tintilou pour ouvrir symboliquement les nouveaux postes de péage modernes de Boudtenga, Tintilou et Kotédougou. Plus qu’un acte administratif, cet événement marque un tournant dans la réalisation et la gouvernance des infrastructures au Burkina Faso.

‎Sous un soleil d’octobre radieux, la région du Nando s’est parée des couleurs du développement. Des coupures de ruban, des poignées de main, mais surtout un message clair : celui d’un Gouvernement décidé à faire de la qualité et de la rigueur les maîtres mots de la gestion des infrastructures publiques. Longue de 42 kilomètres et financée à hauteur de 9,14 milliards FCFA par l’État burkinabè et la BOAD, la RN14 réhabilitée illustre la volonté ferme des autorités de ne plus transiger avec la médiocrité. Après les dégradations précoces constatées dès la réception technique, le Président du Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré, avait ordonné une reprise intégrale des travaux, entièrement à la charge du prestataire. Le résultat est aujourd’hui visible : une route solide, durable et digne des attentes des populations.

‎Le cortège officiel a ensuite pris la direction de Tintilou, sur la RN1, où s’étend l’un des trois nouveaux postes de péage ultra-modernes du pays. Érigés sur des superficies allant de 12 à 13 hectares, ces sites – Boudtenga sur la RN4, Tintilou sur la RN1 et Kotédougou à l’entrée de Bobo-Dioulasso – disposent chacun de 9 à 13 voies de passage, dont une voie d’urgence. Entièrement financés sur fonds propres de l’État burkinabè pour un coût global de 17,425 milliards FCFA, ces ouvrages sont dotés d’équipements modernes de gestion : systèmes informatisés, caméras de vidéosurveillance et capteurs d’essieux. Autant d’outils destinés à garantir la traçabilité des recettes, la fluidité du trafic et la sécurité des usagers.

‎Sans détour, le Premier ministre a rappelé le sens profond de ces réalisations : elles appartiennent au peuple et appellent à la responsabilité collective. « C’est l’argent du peuple. Chacun doit être responsable dans l’usage de ces infrastructures. Ce que nous avons inauguré aujourd’hui, ce n’est pas simplement une route ni des péages. C’est le fruit du labeur du peuple burkinabè. Nous n’accepterons plus aucune malfaçon, aucun laisser-aller. Chaque franc investi doit correspondre à un ouvrage de qualité », a déclaré Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo.

‎Devant les transporteurs et automobilistes, le Chef du Gouvernement a également insisté sur la discipline et la prudence sur les routes : « Le Burkina Faso emprunte pour réaliser ces infrastructures. C’est donc une dette collective. Toute négligence, toute dégradation, toute surcharge est une trahison du peuple. Cette route est belle. Elle est solide. Mais elle appelle au civisme. Trop souvent, nos routes se dégradent non pas à cause du temps, mais à cause de comportements irresponsables.»

‎Le ministre des Infrastructures et du Désenclavement, Adama Luc Sorgho, a salué pour sa part un « acte de souveraineté technique» : « Ces péages sont les premiers du genre au Burkina Faso. 100 % numériques, construits par des entreprises burkinabè, ils incarnent un nouveau modèle de gestion : plus transparent, plus efficace, plus responsable. » Il a également rendu hommage à l’entreprise tunisienne Soroubat, qui a repris les travaux sans indemnité ni contentieux après les malfaçons initiales. Un « rare sens du devoir », selon lui, qui doit inspirer l’ensemble des acteurs du secteur.

‎‎L’inauguration de la RN14 et des trois postes de péage modernes ouvre ainsi une nouvelle ère dans la gestion des infrastructures publiques. Au-delà des routes, c’est un véritable pacte de responsabilité et de transparence que le Gouvernement entend bâtir avec les citoyens, les entreprises et les partenaires au développement. Une route bien construite, bien gérée et bien entretenue est plus qu’un symbole : elle incarne la marche résolue du Burkina Faso vers un développement fondé sur la rigueur, la souveraineté et le civisme.

DCRP/Primature

Commémoration du 15 octobre : Voici l’intégralité du Discours du Capitaine Traoré

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Voici l’intégralité du Discours du Capitaine Traoré à l'occasion de la commémoration du 15 octobre

«En ce jour 15 octobre 2025, le Burkina Faso, l’Afrique et le monde se souviennent avec fierté et reconnaissance d’un homme dont le nom, trente-huit ans après sa mort tragique en ces lieux, continue de résonner comme un appel à la justice, à la souveraineté et à la dignité : le Président Thomas Sankara. Autour de lui, douze compagnons de lutte, douze fils du peuple qui ont partagé son destin et son idéal jusqu’au sacrifice suprême. Aujourd’hui, nous leur rendons un hommage solennel». Ceci est un extrait du Discours du Président du Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré, à l’occasion de la 38e Journée d’hommage au Président Thomas Sankara et ses 12 compagnons. Voici l’intégralité du Discours du Chef de l’Etat…

Voici l’intégralité du Discours du Capitaine Traoré à l’occasion de la commémoration du 15 octobre

«DISCOURS DE SON EXCELLENCE MONSIEUR LE PRÉSIDENT DU FASO, CHEF DE L’ÉTAT A L’OCCASION DE LA 38 ÈME JOURNÉE D’HOMMAGE AU PRÉSIDENT THOMAS SANKARA ET SES 12 COMPAGNONS

15 OCTOBRE 2025

Chers Camarades,

En ce jour 15 octobre 2025, le Burkina Faso, l’Afrique et le monde se souviennent avec fierté et reconnaissance d’un homme dont le nom, trente-huit ans après sa mort tragique en ces lieux, continue de résonner comme un appel à la justice, à la souveraineté et à la dignité : le Président Thomas Sankara.

Autour de lui, douze compagnons de lutte, douze fils du peuple qui ont partagé son destin et son idéal jusqu’au sacrifice suprême. Aujourd’hui, nous leur rendons un hommage solennel. Leur sang versé le 15 octobre 1987 a irrigué la conscience nationale et éveillé chez des générations entières la fierté d’être Burkinabè, la fierté d’être africain, la fierté d’être debout et digne en tant qu’être humain, capable de décider par lui-même et pour lui-même.

Chers Camarades

Thomas Sankara n’est pas seulement un héros national, il est un symbole universel. Il a parlé à son peuple, mais aussi à tous les peuples opprimés. Il a rêvé d’un monde libéré de la domination, de la corruption et du renoncement. Il a montré que la dignité ne se quémande pas. Elle se conquiert. Nous marchons sur les sillons tracés par cet homme de valeur et de dignité, et nous avons le devoir de parachever son œuvre.

Par sa droiture, son humilité, sa discipline et son courage, il a donné à la jeunesse africaine une boussole morale. Il a prouvé qu’un autre modèle de gouvernance est possible : un modèle fondé sur la responsabilité, le travail et l’amour de la patrie. Il a démontré que le développement véritable commence dans la tête et dans le cœur des hommes et des femmes libres.

Aujourd’hui encore, son message résonne dans nos écoles, dans nos villages, au sein de nos forces de défense et de sécurité. “La patrie ou la mort, nous vaincrons” n’est un pas seulement une devise, c’est un véritable cri de guerre et l’expression de notre détermination à lutter pour la libération totale de notre cher Faso.

Chers Camarades d’Afrique et du monde

Rendre hommage au Président Thomas Sankara et à tous ses compagnons tombés le 15 octobre et les jours suivants, est un engagement à prolonger son œuvre, à défendre les valeurs auxquelles il a dédié sa vie : la justice, la souveraineté, l’intégrité et la solidarité.

Ce devoir de mémoire, nous le devons à nos enfants, à nos soldats, à nos paysans, à nos enseignants, à nos bâtisseurs, à tous ceux qui refusent de se résigner.

C’est en suivant cette voie que nous continuerons de construire un Burkina Faso fort, uni et libre, au cœur d’une Afrique en renaissance.

Chers camarades

Dans l’optique de maintenir une mémoire vive du sacrifice de Thomas SANKARA et ses douze compagnons, nous allons instituer en ces lieux, un cérémonial militaire tous les 1ers jeudis du mois à partir de 16 heures.  Ce cérémonial qui combine rigueur militaire et ferveur populaire se veut un moment solennel de recueillement et d’hommage. Il se destine également à promouvoir les idéaux du père de la Révolution et permettra de marquer l’esprit des visiteurs sur l’héritage que Thomas SANKARA, a laissé au Burkina Faso, à l’Afrique et au monde.

Chers Camarades

Aujourd’hui, nous faisons plus que commémorer : nous construisons. Car un idéal aussi grand que celui de Thomas Sankara mérite un lieu à sa hauteur — un espace de mémoire, d’éducation et d’inspiration pour les générations à venir.

Nous avons ici le mausolée Thomas SANKARA. Mais ce mausolée n’est qu’une partie d’un ensemble d’infrastructures qui composent le Mémorial Thomas SANKARA, conçu par l’architecte Francis KERE.

Ce Mémorial sera un monument d’espoir, un lieu d’inspiration, de recueillement, et de renaissance.

Le flambeau de la révolution sera permanemment allumé en ces lieux, et chaque jeune pourra venir ici prendre sa part de flamme et aller construire le monde dont il rêve.

Le Mémorial Thomas Sankara qui sortira de terre dans quelques années racontera au monde qu’ici, au Burkina Faso, un peuple a osé croire que la probité pouvait gouverner, que la jeunesse pouvait transformer son destin, que la souveraineté n’était pas un mot, mais une voie.

En ce 15 octobre 2025, souvenons-nous que l’assassinat de Thomas Sankara fut une tentative de tuer un rêve. Mais ce rêve, nourri par le peuple, n’est pas mort. Il vit dans les cœurs de millions de jeunes à travers l’Afrique. Il vit dans la volonté d’un peuple qui refuse la fatalité. Il vit dans la renaissance de notre nation, debout, digne et souveraine. Thomas Sankara n’est pas un souvenir. Il est une promesse. Et cette promesse, c’est à nous de la tenir.

Vive la mémoire de Thomas Sankara et de ses 12 compagnons !

Vive le Burkina Faso libre et digne !

Vive l’Afrique debout et souveraine !

La Patrie ou la Mort, nous Vaincrons !

Capitaine Ibrahim TRAORÉ

Président du Faso, Chef de l’État »

38ᵉ Journée d’hommage au Président Traoré : Le PM Ouédraogo a salué au nom du PF la Grandeur du Président du CNR

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Dans son message porté par le Premier ministre, le Chef de l’État, le Capitaine Ibrahim Traoré, à l’occasion de la commémoration du 15 octobre 1987, a salué la grandeur d’un homme dont le nom demeure indissociable des valeurs de justice et de souveraineté. «En ce jour 15 octobre 2025, le Burkina Faso, l’Afrique et le monde se souviennent avec fierté et reconnaissance d’un homme dont le nom, trente-huit ans après sa mort tragique en ces lieux, continue de résonner comme un appel à la justice, à la souveraineté et à la dignité : le Président Thomas Sankara », a déclaré le Capitaine Ibrahim Traoré. Plus de détails dans ce communiqué.

Portant le message du Président du Faso, le Premier ministre, le Chef de l’État a salué la grandeur de Thomas Sankara, d’un homme dont le nom demeure indissociable des valeurs de justice et de souveraineté

‎ «Commémoration du 15 octobre 1987 : un cérémonial militaire désormais institué

‎Le Premier ministre, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, a présidé, ce mercredi 15 octobre 2025 à Ouagadougou, la cérémonie officielle marquant la 38ᵉ Journée d’hommage au Président Thomas Sankara et à ses douze compagnons. Il a livré le message du Capitaine Ibrahim Traoré à l’occasion de cette commémoration empreinte de recueillement et de ferveur patriotique, qui a réuni les membres des familles des victimes aux côtés des plus hautes autorités du pays, des représentants diplomatiques, des délégations étrangères et de nombreux citoyens venus saluer la mémoire du père de la Révolution.

‎Dans son message porté par le Premier ministre, le Chef de l’État a salué la grandeur d’un homme dont le nom demeure indissociable des valeurs de justice et de souveraineté.

‎«En ce jour 15 octobre 2025, le Burkina Faso, l’Afrique et le monde se souviennent avec fierté et reconnaissance d’un homme dont le nom, trente-huit ans après sa mort tragique en ces lieux, continue de résonner comme un appel à la justice, à la souveraineté et à la dignité : le Président Thomas Sankara », a déclaré le Capitaine Ibrahim Traoré.

‎Le Président du Faso a souligné l’universalité du message sankariste : «Thomas Sankara n’est pas seulement un héros national, il est un symbole universel. Il a parlé à son peuple, mais aussi à tous les peuples opprimés. Il a montré que la dignité ne se quémande pas, elle se conquiert. » Il a invité la jeunesse africaine à s’inspirer de son exemple, rappelant que par sa droiture, son humilité et son courage, Sankara a montré qu’un autre modèle de gouvernance est possible, fondé sur la responsabilité, le travail et l’amour de la patrie.

‎Le Chef de l’État a également annoncé l’institution d’un cérémonial militaire mensuel en hommage au Président Sankara et à ses compagnons :

‎«Dans l’optique de maintenir une mémoire vive de leur sacrifice, nous allons instituer en ces lieux un cérémonial militaire tous les premiers jeudis du mois à partir de 16 heures. Ce moment solennel de recueillement et d’hommage combinera rigueur militaire et ferveur populaire.»

‎«Thomas Sankara n’est pas un souvenir. Il est une promesse. Et cette promesse, c’est à nous de la tenir», a-t-il lancé  avant de conclure par la devise qui résonne encore dans toutes les consciences :    «La Patrie ou la Mort, nous Vaincrons ! »

‎La cérémonie a été marquée par le dépôt de gerbe par le Premier ministre au pied du monument et une salve de 21 coups de canon en hommage au Capitaine Thomas Sankara et à ses douze compagnons.

‎Trente-huit ans après le drame du 15 octobre 1987, l’histoire n’a pas effacé le souvenir. Elle l’a gravé plus profondément encore, dans la terre et dans les cœurs. Car par cette commémoration, ce n’est pas seulement un homme que l’on honore, c’est une idée qui refuse de mourir.

DCRP/Primature»

Président Sankara à la Tribune de l’ONU : Retour sur le discours historique du 4 octobre 1984

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Le 4 octobre 1984, le Président Thomas Sankara s’adressait pour la première fois à la Tribune onusienne.

Le 4 octobre 1984, le Président Thomas Sankara s’adressait pour la première fois à la Tribune onusienne. C’était à l’occasion de la Trente-neuvième session de l’Assemblée générale des Nations Unies. Retour sur ce Discours historique du Président Sankara…

Le 4 octobre 1984, le Président Thomas Sankara s’adressait pour la première fois à la Tribune onusienne.

«Discours de Sankara devant l’Assemblée générale de l’ONU le 4 octobre 1984

Le 4 octobre 1984, Sankara s’adresse à la Trente-neuvième session de l’Assemblée générale des Nations Unies. L’un de ses discours, parmi les plus importants et les plus beaux.

Monsieur le Président, Monsieur le secrétaire Général,

Honorables représentants de la Communauté internationale

Je viens en ces lieux vous apporter le salut fraternel d’un pays de 274000 km², où sept millions d’enfants, de femmes et d’hommes, refusent désormais de mourir d’ignorance, de faim, de soif, tout en n’arrivant pas à vivre véritablement depuis un quart de siècle d’existence comme Etat souverain, siégeant à l’ONU.

Je viens à cette Trente-neuvième session vous parler au nom d’un peuple qui, sur la terre de ses ancêtres, a choisi, dorénavant de s’affirmer et d’assumer son histoire, dans ses aspects positifs, comme dans ses aspects négatifs, sans complexe aucun.

Je viens enfin, mandaté par le Conseil National de la Révolution (CNR) du Burkina Faso, pour exprimer les vues de mon peuple concernant les problèmes inscrits à l’ordre du jour, et qui constituent la trame tragique des évènements qui fissurent douloureusement les fondements du monde en cette fin du vingtième siècle. Un monde où l’humanité est transformée en cirque, déchirée par les luttes entre les grands et les semi-grands, battue par les bandes armées, soumise aux violences et aux pillages. Un monde où des nations, se soustrayant à la juridiction internationale, commandent des groupes hors-la-loi, vivant de rapines, et organisant d’ignobles trafics, le fusil à la main.

Monsieur le Président

Je n’ai pas ici la prétention d’énoncer des dogmes. Je ne suis ni un messie ni un prophète. Je ne détiens aucune vérité. Ma seule ambition est une double aspiration : premièrement, pouvoir, en langage simple, celui de l’évidence et de la clarté, parler au nom de mon peuple, le peuple du Burkina Faso ; deuxièmement, parvenir à exprimer aussi, à ma manière, la parole du “Grand peuple des déshérités”, ceux qui appartiennent à ce monde qu’on a malicieusement baptisé Tiers Monde. Et dire, même si je n’arrive pas à les faire comprendre, les raisons que nous avons de nous révolter.

Tout cela dénote de l’intérêt que nous portons à l’ONU, les exigences de nos droits y prenant une vigueur et la rigueur de la claire conscience de nos devoirs.

Nul ne s’étonnera de nous voir associer l’ex Haute-Volta, aujourd’hui le Burkina Faso, à ce fourre-tout méprisé, le Tiers Monde, que les autres mondes ont inventé au moment des indépendances formelles pour mieux assurer notre aliénation culturelle, économique et politique. Nous voulons nous y insérer sans pour autant justifier cette gigantesque escroquerie de l’Histoire. Encore moins pour accepter d’être “l’arrière monde d’un Occident repu”. Mais pour affirmer la conscience d’appartenir à un ensemble tricontinental et admettre, en tant que non-alignés, et avec la densité de nos convictions, qu’une solidarité spéciale unit ces trois continents d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique dans un même combat contre les mêmes trafiquants politiques, les mêmes exploiteurs économiques.

Reconnaître donc notre présence au sein du Tiers Monde c’est, pour paraphraser José Marti, “affirmer que nous sentons sur notre joue tout coup donné à n’importe quel homme du monde”. Nous avons jusqu’ici tendu l’autre joue. Les gifles ont redoublées. Mais le cœur du méchant ne s’est pas attendri. Ils ont piétiné la vérité du juste. Du Christ ils ont trahi la parole. Ils ont transformé sa croix en massue. Et après qu’ils se soient revêtus de sa tunique, ils ont lacéré nos corps et nos âmes. Ils ont obscurci son message. Ils l’ont occidentalisé cependant que nous le recevions comme libération universelle. Alors, nos yeux se sont ouverts à la lutte des classes. Il n’y aura plus de gifles.

Il faut proclamer qu’il ne peut y avoir de salut pour nos peuples que si nous tournons radicalement le dos à tous les modèles que tous les charlatans de même acabit ont essayé de nous vendre vingt années durant. Il ne saurait y avoir pour nous de salut en dehors de ce refus-là. Pas de développement en dehors de cette rupture.

Du reste, tous les nouveaux “maîtres-à-penser” sortant de leur sommeil, réveillés par la montée vertigineuse de milliards d’hommes en haillons, effrayés par la menace que fait peser sur leur digestion cette multitude traquée par la faim, commencent à remodeler leurs discours et, dans une quête anxieuse, recherchent une fois de plus en nos lieu et place, des concepts-miracles, de nouvelles formes de développement pour nos pays. Il suffit pour s’en convaincre de lire les nombreux actes des innombrables colloques et séminaires.

Loin de moi l’idée de tourner en ridicule les efforts patients de ces intellectuels honnêtes qui, parce qu’ils ont des yeux pour voir, découvrent les terribles conséquences des ravages imposés par lesdits “spécialistes” en développement dans le Tiers Monde. La crainte qui m’habite c’est de voir les résultats de tant d’énergies confisquées par les Prospéro de tout genre pour en faire la baguette magique destinée à nous renvoyer à un monde d’esclavage maquillé au goût de notre temps.

Cette crainte se justifie d’autant plus que la petite bourgeoisie africaine diplômée, sinon celle du Tiers Monde, soit par paresse intellectuelle, soit plus simplement parce qu’ayant goûté au mode de vie occidental, n’est pas prête à renoncer à ses privilèges. De ce fait, elle oublie que toute vraie lutte politique postule un débat théorique rigoureux et elle refuse l’effort de réflexion qui nous attend. Consommatrice passive et lamentable, elle se regorge de vocables fétichisés par l’Occident comme elle le fait de son whisky et de son champagne, dans ses salons à l’harmonie douteuse.

On recherchera en vain depuis les concepts de négritude ou d’”African Personality” marqués maintenant par les temps, des idées vraiment neuves issues des cerveaux de nos “grands” intellectuels. Le vocabulaire et les idées nous viennent d’ailleurs. Nos professeurs, nos ingénieurs et nos économistes se contentent d’y adjoindre des colorants parce que, des universités européennes dont ils sont les produits, ils n’ont ramené souvent que leurs diplômes et le velours des adjectifs ou des superlatifs.

Il est nécessaire, il est urgent que nos cadres et nos travailleurs de la plume apprennent qu’il n’y a pas d’écriture innocente. En ces temps de tempêtes, nous ne pouvons laisser à nos seuls ennemis d’hier et d’aujourd’hui, le monopole de la pensée, de l’imagination et de la créativité. Il faut, avant qu’il ne soit trop tard, car il est déjà trop tard, que ces élites, ces hommes de l’Afrique, du Tiers Monde, reviennent à eux-mêmes, c’est-à-dire à leur société, à la misère dont nous avons hérité pour comprendre non seulement que la bataille pour une pensée au service des masses déshéritées n’est pas vaine, mais qu’ils peuvent devenir crédibles sur le plan international, qu’en inventant réellement, c’est-à-dire, en donnant de leurs peuples une image fidèle. Une image qui leur permette de réaliser des changements profonds de la situation sociale et politique, susceptibles de nous arracher à la domination et à l’exploitation étrangères qui livrent nos Etats à la seule perspective de la faillite.

C’est ce que nous avons perçu, nous, peuple burkinabè, au cours de cette nuit du 4 août 1983, aux premiers scintillements des étoiles dans le ciel de notre Patrie. Il nous fallait prendre la tête des jacqueries qui s’annonçaient dans les campagnes affolées par l’avancée du désert, épuisées par la faim et la soif et délaissées. Il nous fallait donner un sens aux révoltes grondantes des masses urbaines désoeuvrées, frustrées et fatiguées de voir circuler les limousines des élites aliénées qui se succédaient à la tête de l’Etat et qui ne leur offraient rien d’autre que les fausses solutions pensées et conçues par les cerveaux des autres. Il nous fallait donner une âme idéologique aux justes luttes de nos masses populaires mobilisées contre l’impérialisme monstrueux. A la révolte passagère, simple feu de paille, devait se substituer pour toujours la révolution, lutte éternelle contre la domination.

D’autres avant moi ont dit, d’autres après moi diront à quel point s’est élargi le fossé entre les peuples nantis et ceux qui n’aspirent qu’à manger à leur faim, boire à leur soif, survivre et conserver leur dignité. Mais nul n’imaginera à quel point ” le grain du pauvre a nourri chez nous la vache du riche”.

Dans le cas de l’ex Haute Volta, le processus était encore plus exemplaire. Nous étions la condensation magique, le raccourci de toutes les calamités qui ont fondu sur les pays dits “en voie de développement”. Le témoignage de l’aide présentée comme la panacée et souvent trompetée, sans rime ni raison, est ici éloquent. Très peu sont les pays qui ont été comme le mien inondés d’aides de toutes sortes. Cette aide est en principe censée œuvrer au développement. On cherchera en vain dans ce qui fut autrefois la Haute-Volta, les signes de ce qui peut relever d’un développement. Les hommes en place, soit par naïveté, soit par égoïsme de classe, n’ont pas pu ou n’ont pas voulu maîtriser cet afflux extérieur, en saisir la portée et exprimer des exigences dans l’intérêt de notre peuple.

Analysant un tableau publié en 1983 par le Club du Sahel, Jacques Giri dans son ouvrage “Le Sahel Demain”, conclut avec beaucoup de bon sens que l’aide au Sahel, à cause de son contenu et des mécanismes en place, n’est qu’une aide à la survie. Seuls, souligne-t-il, 30 pour cent de cette aide permet simplement au Sahel de vivre. Selon Jacques Giri, cette aide extérieure n’aurait d’autres buts que de continuer à développer les secteurs improductifs, imposant des charges intolérables à nos petits budgets, désorganisant nos campagnes, creusant les déficits de notre balance commerciale, accélérant notre endettement.

Juste quelques clichés pour présenter l’ex Haute-Volta :

– 7 millions d’habitants, avec plus de 6 millions de paysannes et de paysans

– Un taux de mortalité infantile estimé à 180 pour mille

– Une espérance de vie se limitant à 40 ans

– Un taux d’analphabétisme allant jusqu’à 98 pour cent, si nous concevons l’alphabétisé comme celui qui sait lire, écrire et parler une langue.

– Un médecin pour 50000 habitants

– Un taux de scolarisation de 16 pour cent

– et enfin un produit intérieur brut par tête d’habitant de 53356 francs CFA soit à peine plus de 100 dollars.

Le diagnostic à l’évidence, était sombre. La source du mal était politique. Le traitement ne pouvait qu’être politique.

Certes nous encourageons l’aide qui nous aide à nous passer de l’aide. Mais en général, la politique d’assistance et d’aide n’a abouti qu’à nous désorganiser, à nous asservir, à nous déresponsabiliser dans notre espace économique, politique et culturel.

Nous avons choisi de risquer de nouvelles voies pour être plus heureux. Nous avons choisi de mettre en place de nouvelles techniques.

Nous avons choisi de rechercher des formes d’organisation mieux adaptées à notre civilisation, rejetant de manière abrupte et définitive toutes sortes de diktats extérieurs, pour créer ainsi les conditions d’une dignité à la hauteur de nos ambitions. Refuser l’état de survie, desserrer les pressions, libérer nos campagnes d’un immobilisme moyenâgeux ou d’une régression, démocratiser notre société, ouvrir les esprits sur un univers de responsabilité collective pour oser inventer l’avenir. Briser et reconstruire l’administration à travers une autre image du fonctionnaire, plonger notre armée dans le peuple par le travail productif et lui rappeler incessamment que sans formation patriotique, un militaire n’est qu’un criminel en puissance. Tel est notre programme politique.

Au plan de la gestion économique, nous apprenons à vivre simplement, à accepter et à nous imposer l’austérité afin d’être à même de réaliser de grands desseins.

Déjà, grâce à l’exemple de la Caisse de solidarité nationale, alimentée par des contributions volontaires, nous commençons à répondre aux cruelles questions posées par la sécheresse. Nous avons soutenu et appliqué les principes d’Alma-Ata en élargissant le champ des soins de santé primaires. Nous avons fait nôtre, comme politique d’Etat, la stratégie du GOBI FFF, préconisée par l’UNICEF.

Par l’intermédiaire de l’Office du Sahel des Nations Unies (OSNU), nous pensons que les Nations unies devraient permettre aux pays touchés par la sécheresse la mise sur pied d’un plan moyen et long termes afin de parvenir à l’autosuffisance alimentaire.

Pour préparer le vingt et unième siècle, nous avons, par la création d’une tranche spéciale de la Tombola, “Instruisons nos enfants”, lancé une campagne immense pour l’éducation et la formation de nos enfants dans une école nouvelle. Nous avons lancé à travers l’action salvatrice des Comités de Défense de la Révolution un vaste programme de construction de logements sociaux, 500 en trois mois, de routes, de petites retenues d’eau etc… Notre ambition économique est d’œuvrer pour que le cerveau et les bras de chaque burkinabè puissent au moins lui servir à inventer et à créer de quoi s’assurer deux repas par jour et de l’eau potable.

Nous jurons, nous proclamons, que désormais au Burkina Faso, plus rien ne se fera sans la participation des burkinabè. Rien qui n’ait été au préalable décidé par nous, élaboré par nous. Il n’y aura plus d’attentat à notre pudeur et à notre dignité.

Forts de cette certitude, nous voudrions que notre parole s’élargisse à tous ceux qui souffrent dans leur chair, tous ceux qui sont bafoués dans leur dignité d’homme par un minorité d’hommes ou par un système qui les écrase.

Permettez, vous qui m’écoutez, que je le dise : je ne parle pas seulement au nom du Burkina Faso tant aimé mais également au nom de tous ceux qui ont mal quelque part.

Je parle au nom de ces millions d’êtres qui sont dans les ghettos parce qu’ils ont la peau noire ou qu’ils sont de culture différente et bénéficient d’un statut à peine supérieur à celui d’un animal.

Je souffre au nom des Indiens massacrés, écrasés, humiliés et confinés depuis des siècles dans des réserves afin qu’ils n’aspirent à aucun droit et que leur culture ne puisse s’enrichir en convolant en noces heureuses au contact d’autres cultures, y compris celle de l’envahisseur.

Je m’exclame au nom des chômeurs d’un système structurellement injuste et conjoncturellement désaxé, réduits à ne percevoir de la vie que le reflet de celle des plus nantis.

Je parle au nom des femmes du monde entier, qui souffrent d’un système d’exploitation imposé par les mâles. Pour ce qui nous concerne, nous sommes prêts à accueillir toutes les suggestions du monde entier, nous permettant de parvenir à l’épanouissement total de la femme burkinabè. En retour, nous donnons en partage à tous les pays, l’expérience positive que nous entreprenons avec des femmes désormais présentes à tous les échelons de l’appareil de l’État et de la vie sociale au Burkina Faso. Des femmes qui luttent et proclament avec nous, que l’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir. Seule la lutte libère et nous en appelons à toutes nos sœurs de toutes les races pour qu’elles montent à l’assaut pour la conquête de leurs droits.

Je parle au nom des mères de nos pays démunis, qui voient mourir leurs enfants de paludisme ou de diarrhée, ignorant qu’il existe, pour les sauver, des moyens simples que la science des multinationales ne leur offre pas, préférant investir dans les laboratoires de cosmétiques et dans la chirurgie esthétique pour les caprices de quelques femmes ou d’hommes dont la coquetterie est menacée par les excès de calories de leurs repas trop riches et d’une régularité à vous donner, non, plutôt à nous donner, à nous autres du Sahel, le vertige. Ces moyens simples recommandés par l’OMS et l’UNICEF, nous avons décidé de les adopter et de les populariser.

Je parle aussi au nom de l’enfant. L’enfant du pauvre, qui a faim et qui louche furtivement vers l’abondance amoncelée dans une boutique pour riches. La boutique protégée par une vitre épaisse. La vitre défendue par une grille infranchissable. Et la grille gardée par un policier casqué, ganté et armé de matraque. Ce policier, placé là par le père d’un autre enfant qui viendra se servir ou plutôt se faire servir parce que représentant toutes les garanties de représentativité et de normes capitalistiques du système.

Je parle au nom des artistes (poètes, peintres, sculpteur, musiciens, acteurs), hommes de bien qui voient leur art se prostituer pour l’alchimie des prestidigitations de show-business.

Je crie au nom des journalistes qui sont réduits soit au silence, soit au mensonge pour ne pas subir les dures lois du chômage.

Je proteste au nom des sportifs du monde entier dont les muscles sont exploités par les systèmes politiques ou les négociants de l’esclavage modernes.

Mon pays est un concentré de tous les malheurs des peuples, une synthèse douloureuse de toutes les souffrances de l’humanité, mais aussi et surtout des espérances de nos luttes. C’est pourquoi je vibre naturellement au nom des malades qui scrutent avec anxiété les horizons d’une science accaparée par les marchands de canons. Mes pensées vont à tous ceux qui sont touchés par la destruction de la nature et à ces trente millions d’hommes qui vont mourir comme chaque année, abattus par la redoutable arme de la faim.

Militaire, je ne peux oublier ce soldat obéissant aux ordres, le doigt sur la détente, et qui sait que la balle qui va partir ne porte que le message de la mort.

Enfin, je veux m’indigner en pensant aux Palestiniens qu’une humanité inhumaine a choisi de substituer à un autre peuple, hier encore martyrisé. Je pense à ce vaillant peuple palestinien, c’est-à-dire à ces familles atomisées errant de par le monde en quête d’un asile. Courageux, déterminés, stoïques et infatigables, les Palestiniens rappellent à chaque conscience humaine la nécessité et l’obligation morale de respecter les droits d’un peuple : avec leurs frères juifs, ils sont antisionistes.

Aux côtés de mes frères soldats de l’Iran et de l’Irak, qui meurent dans une guerre fratricide et suicidaire, je veux également me sentir proche des camarades du Nicaragua dont les ports sont minés, les villes bombardées et qui, malgré tout, affrontent avec courage et lucidité leur destin. Je souffre avec tous ceux qui, en Amérique latine, souffrent de la mainmise impérialiste.

Je veux être aux côtés des peuples afghan et irlandais, aux côtés des peuples de Grenade et de Timor Oriental, chacun à la recherche d’un bonheur dicté par la dignité et les lois de sa culture.

Je m’élève ici au nom des tous ceux qui cherchent vainement dans quel forum de ce monde ils pourront faire entendre leur voix et la faire prendre en considération réellement. Sur cette tribune beaucoup m’ont précédé, d’autres viendront après moi. Mais seuls quelques-uns feront la décision. Pourtant nous sommes officiellement présentés comme égaux. Eh bien, je me fais le porte- voix de tous ceux qui cherchent vainement dans quel forum de ce monde, ils peuvent se faire entendre. Oui je veux donc parler au nom de tous les “laissés pour compte” parce que “je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger”.

Notre révolution au Burkina Faso est ouverte aux malheurs de tous les peuples. Elle s’inspire aussi de toutes les expériences des hommes depuis le premier souffle de l’Humanité. Nous voulons être les héritiers de toutes les révolutions du monde, de toutes les luttes de libération des peuples du Tiers Monde. Nous sommes à l’écoute des grands bouleversements qui ont transformé le monde. Nous tirons des leçons de la révolution américaine, les leçons de sa victoire contre la domination coloniale et les conséquences de cette victoire. Nous faisons nôtre l’affirmation de la doctrine de la non-ingérence des Européens dans les affaires américaines et des Américains dans les affaires européennes. Ce que Monroe clamait en 1823, « L’Amérique aux Américains », nous le reprenons en disant « l’Afrique aux Africains », « Le Burkina aux Burkinabè ». La Révolution française de 1789, bouleversant les fondements de l’absolutisme, nous a enseigné les droits de l’homme alliés aux droits des peuples à la liberté. La grande révolution d’octobre 1917 a transformé le monde, permis la victoire du prolétariat, ébranlé les assises du capitalisme et rendu possible les rêves de justice de la Commune française.

Ouverts à tous les vents de la volonté des peuples et de leurs révolutions, nous instruisant aussi de certains terribles échecs qui ont conduits à de tragiques manquements aux droits de l’homme, nous ne voulons conserver de chaque révolution, que le noyau de pureté qui nous interdit de nous inféoder aux réalités des autres, même si par la pensée, nous nous retrouvons dans une communauté d’intérêts.

Monsieur les Président,

Il n’y a plus de duperie possible. Le Nouvel Ordre Economique Mondial pour lequel nous luttons et continuerons à lutter, ne peut se réaliser que :

– si nous parvenons à ruiner l’ancien ordre qui nous ignore,

– si nous imposons la place qui nous revient dans l’organisation politique du monde,

– si, prenant conscience de notre importance dans le monde, nous obtenons un droit de regard et de décision sur les mécanismes qui régissent le commerce, l’économie et la monnaie à l’échelle planétaire.

Le Nouvel Ordre Economique international s’inscrit tout simplement, à côté de tous les autres droits des peuples, droit à l’indépendance, au libre choix des formes et de structures de gouvernement, comme le droit au développement. Et comme tous les droits des peuples, il s’arrache dans la lutte et par la lutte des peuples. Il ne sera jamais le résultat d’un acte de la générosité d’une puissance quelconque.

Je conserve en moi la confiance inébranlable, confiance partagée avec l’immense communauté des pays non-alignés, que sous les coups de boutoir de la détresse hurlante de nos peuples, notre groupe va maintenir sa cohésion, renforcer son pouvoir de négociation collective, se trouver des alliés parmi les nations et commencer, de concert avec ceux qu peuvent encore nous entendrez, l’organisation d’un système de relations économiques internationales véritablement nouveau.

Monsieur le Président,

Si j’ai accepté de me présenter devant cette illustre assemblée pour y prendre la parole, c’est parce que malgré les critiques qui lui sont adressées par certains grands contributeurs, les Nations Unies demeurent la tribune idéale pour nos revendications, le lieu obligé de la légitimité des pays sans voix.

C’est cela qu’exprime avec beaucoup de justesse notre Secrétaire général lorsqu’il écrit : “L’organisation des Nations Unies est unique en ce qu’elle reflète les aspirations et les frustrations de nombreux pays et gouvernements du monde entier. Un de ses grands mérites est que toutes les Nations, y compris celles qui sont faibles, opprimées ou victimes de l’injustice, (il s’agit de nous), peuvent, même lorsqu’elles sont confrontées aux dures réalités du pouvoir, y trouver une tribune et s’y faire entendre. Une cause juste, même si elle ne rencontre que revers ou indifférence, peut trouver un écho à l’Organisation des Nations Unies ; cet attribut de l’Organisation n’est pas toujours prisé, mais il n’en est pas moins essentiel”.

On ne peut mieux définir le sens et la portée de l’Organisation.

Aussi est-il, pour chacun de nous, un impératif catégorique de consolider les assises de notre Organisation, de lui donner les moyens de son action. Nous adoptons en conséquence, les propositions faîtes à cette fin par le Secrétaire Général, pour sortir l’Organisation des nombreuses impasses, soigneusement entretenues par le jeu des grandes puissances afin de la discréditer aux yeux de l’opinion publique.

Monsieur le Président,

Reconnaissant les mérites mêmes limités de notre Organisation, je ne peux que me réjouir de la voir compter de nouveaux adhérents. C’est pourquoi la délégation burkinabè salue l’entrée du 159ème membre de notre Organisation : l’Etat du Brunei Daressalam.

C’est la déraison de ceux entre les mains desquelles la direction du monde es tombée par le hasard des choses qui fait l’obligation au Mouvement des pays non alignés, auquel je l’espère, se joindra bientôt l’Etat du Brunei Darussalam, de considérer comme un des objectifs permanents de sa lutte, le combat pour le désarmement qui est un des aspects essentiels et une condition première de notre droit au développement.

Il faut, à notre avis des études sérieuses prenant en compte tous les éléments qui ont conduit aux calamités qui ont fondu sur le monde. A ce titre, le Président Fidel Castro en 1979, a admirablement exprimé notre point de vue à l’ouverture du sixième sommet des Pays non alignés lorsqu’il déclarait : “Avec 300 milliards de dollars, on pourrait construire en un an 600000 écoles pouvant recevoir 400 millions d’enfants ; ou 60 millions de logements confortables pour 300 millions de personnes ; ou 30000 hôpitaux équipés de 18 millions de lits ; ou 20000 usines pouvant employer plus de 20 millions de travailleurs ou irriguer 150 millions d’hectares de terre qui, avec les moyens techniques adéquats pourraient alimenter un milliard de personnes…”

En multipliant aujourd’hui ce chiffre par 10, je suis certainement en deçà de la réalité, on réalise ce que l’Humanité gaspille tous les ans dans le domaine militaire, c’est-à-dire contre la paix.

On perçoit aisément pourquoi l’indignation des peuples se transforme rapidement en révolte et en révolution devant les miettes qu’on leur jette sous la forme ignominieuse d’une certaine “aide”, assortie de conditions parfois franchement abjectes. On comprend enfin pourquoi dans le combat pour le développement, nous nous désignons comme des militants inlassables de la paix.

Nous faisons le serment de lutter pour atténuer les tensions, introduire les principes d’une vie civilisée dans les relations internationales et les étendre à toutes les parties du monde. Ce qui revient à dire que nous ne pouvons assister passifs, au trafic des concepts.

Nous réitérons notre résolution d’être des agents actifs de la paix ; de tenir notre place dans le combat pour le désarmement ; d’agir enfin dans la politique internationale comme le facteur décisif, libéré de toute entrave vis-à-vis de toutes les grandes puissances, quels que soient les projets de ces dernières.

Mais la recherche de la paix va de pair avec l’application ferme du droit des pays à l’indépendance, des peuples à la liberté et des nations à l’existence autonome. Sur ce point, le palmarès le plus pitoyable, le plus lamentable _ oui, le plus lamentable_ est détenu au Moyen Orient en termes d’arrogance, d’insolence et d’incroyable entêtement par un petit pays, Israël, qui, depuis, plus de vingt ans, avec l’inqualifiable complicité de son puissant protecteur les Etats-Unis, continue à défier la communauté internationale.

Au mépris d’une histoire qui hier encore, désignait chaque Juif à l’horreur des fours crématoires, Israël en arrive à infliger à d’autres ce qui fut son propre calvaire. En tout état de cause, Israël dont nous aimons le peuple pour son courage et ses sacrifices d’hier, doit savoir que les conditions de sa propre quiétude ne résident pas dans sa puissance militaire financée de l’extérieur. Israël doit commencer à apprendre à devenir une nation comme les autres, parmi les autres.

Pour l’heure, nous tenons à affirmer du haut de cette tribune, notre solidarité militante et agissante à l’endroit des combattants, femmes et hommes, de ce peuple merveilleux de la Palestine parce que nous savons qu’il n’y a pas de souffrance sans fin.

Monsieur, le Président,

Analysant la situation qui prévaut en Afrique sur les plans économique et politique, nous ne pouvons pas ne pas souligner les graves préoccupations qui sont les nôtres, face aux dangereux défis lancés aux droits des peuples par certaines nations qui, sûres de leurs alliances, bafouent ouvertement la morale internationale.

Certes, nous avons le droit de nous réjouir de la décision de retrait des troupes étrangères au Tchad, afin que les Tchadiens entre eux, sans intermédiaire, cherchent les moyens de mettre fin à cette guerre fratricide, et donner enfin à ce peuple qui n’en finit pas de pleurer depuis de nombreux hivernages, les moyens de sécher ses larmes. Mais, malgré les progrès enregistrés çà et là par les peuples africains dans leur lutte pour l’émancipation économique, notre continent continue de refléter la réalité essentielle des contradictions entre les grandes puissances, de charrier les insupportables apories du monde contemporain.

C’est pourquoi nous tenons pour inadmissible et condamnons sans recours, le sort fait au peuple du Sahara Occidental par le Royaume du Maroc qui se livre à des méthodes dilatoires pour retarder l’échéance qui, de toute façon, lui sera imposée par la volonté du peuple sahraoui. Pour avoir visité personnellement les régions libérées par le peuple sahraoui, j’ai acquis la confirmation que plus rien désormais ne saurait entraver sa marche vers la libération totale de son pays, sous la conduite et éclairée du Front Polisario.

Monsieur le Président,

Je ne voudrais pas trop m’étendre sur la question de Mayotte et des îles de l’Archipel malgache. Lorsque les choses sont claires, lorsque les principes sont évidents, point n’est besoin d’élaborer. Mayotte appartient aux Comores. Les îles de l’archipel sont malgaches.

En Amérique Latine, nous saluons l’initiative du Groupe de Contadora, qui constitue une étape positive dans la recherche d’une solution juste à la situation explosive qui y prévaut. Le commandant Daniel Ortega, au nom du peuple révolutionnaire du Nicaragua a fait ici des propositions concrètes et posé des questions de fond à qui de droit. Nous attendons de voir la paix s’installer dans son pays et en Amérique Centrale, le 15 octobre prochain et après le 15 octobre et nous prenons à témoin l’opinion publique mondiale.

De même que nous avons condamné l’agression étrangère de l’île de Grenade, de même nous fustigeons toutes les interventions étrangères. C’est ainsi que nous ne pouvons pas nous taire face à l’intervention militaire en Afghanistan.

Il est cependant un point, mais dont la gravité exige de chacun de nous une explication franche et décisive. Cette question, vous vous en doutez, ne peut qu’être celle de l’Afrique du Sud. L’incroyable insolence de ce pays à l’égard de toutes les nations du monde, même vis-à-vis de celles qui soutiennent le terrorisme qu’il érige en système pour liquider physiquement la majorité noire de ce pays, le mépris qu’il adopte à l’égard de toutes nos résolutions, constituent l’une des préoccupations les plus oppressantes du monde contemporain.

Mais le plus tragique, n’est pas que l’Afrique du Sud se soit elle-même mise au banc de la communauté internationale à cause de l’abjection des lois de l’apartheid, encore moins qu’elle continue de maintenir illégalement la Namibie sous la botte colonialiste et raciste, ou de soumettre impunément ses voisins aux lois du banditisme. Non, le plus abject, le plus humiliant pour la conscience humaine, c’est qu’elle soit parvenue à “banaliser” le malheur de millions d’êtres humains qui n’ont pour se défendre que leur poitrine et l’héroïsme de leurs mains nues. Sûre de la complicité des grandes puissances et de l’engagement actif de certaines d’entre elles à ses côtés, ainsi que de la criminelle collaboration de quelques tristes dirigeants de pays africains, la minorité blanche ne se gêne pas pour ridiculiser les états d’âme de tous les peuples, qui, partout à travers le monde, trouvent intolérable la sauvagerie des méthodes en usage dans ce pays.

Il fut un temps où les brigades internationales se constituaient pour aller défendre l’honneur des nations agressées dans leur dignité. Aujourd’hui, malgré la purulence des plaies que nous portons tous à nos flancs, nous allons voter des résolutions dont les seules vertus, nous dira-t-on, seraient de conduire à résipiscence une Nation de corsaires qui “détruit le sourire comme la grêle tue les fleurs”.

Monsieur le Président,

Nous allons bientôt fêter le cent cinquantième anniversaire de l’émancipation des esclaves de l’Empire britannique. Ma délégation souscrit à la proposition des pays d’Antigua et de la Barbade de commémorer avec éclat cet événement qui revêt, pour les pays africains et le monde noir, une signification d’une très grande importance. Pour nous, tout ce qui pourra être fait, dit ou organisé à travers le monde au cours des cérémonies commémoratives devra mettre l’accent sur le terrible écot payé par l’Afrique et le monde noir, au développement de la civilisation humaine. Ecot payé sans retour et qui explique, sans aucun doute, les raisons de la tragédie d’aujourd’hui sur notre continent.

C’est notre sang qui a nourri l’essor du capitalisme, rendu possible notre dépendance présente et consolidé notre sous-développement. On ne peut plus escamoter la vérité, trafiquer les chiffres. Pour chaque Nègre parvenu dans les plantations, cinq au moins connurent la mort ou la mutilation. Et j’omets à dessein, la désorganisation du continent et les séquelles qui s’en sont suivies.

Monsieur le Président,

Si la terre entière, grâce à vous, avec l’aide du Secrétaire Général, parvient à l’occasion de cet anniversaire à se convaincre de cette vérité-là, elle comprendra pourquoi, avec toute la tension de notre être, nous voulons la paix entre les nations, pourquoi nous exigeons et réclamons notre droit au développement dans l’égalité absolue, par une organisation et une répartition des ressources humaines.

C’est parce que de toutes les races humaines, nous appartenons à celles qui ont le plus souffert, que nous nous sommes jurés, nous burkinabè, de ne plus jamais accepter sur la moindre parcelle de cette terre, le moindre déni de justice. C’est le souvenir de la souffrance qui nous place aux côtés de l’OLP contre les bandes armées d’Israël. C’est le souvenir de cette souffrance qui, d’une part, nous fait soutenir l’ANC et la SWAPO, et d’autre part, nous rend intolérable la présence en Afrique du Sud des hommes qui se disent blancs et qui brûlent le monde à ce titre. C’est enfin ce même souvenir qui nous fait placer l’Organisation des Nations Unies toute notre foi dans un devoir commun, dans une tâche commune pour un espoir commun.

Nous réclamons :

– Que s’intensifie à travers le monde la campagne pour la libération de Nelson Mandela et sa présence effective à la prochaine Assemblée générale de l’ONU comme une victoire de fierté collective.

– Que soit créé en souvenir de nos souffrances et au titre de pardon collectif un Prix international de l’Humanité réconciliée, décerné à tous ceux qui par leur recherche auraient contribué à la défense des droits de l’homme.

– Que tous les budgets de recherches spatiales soient amputés de 1/10000e et consacrés à des recherches dans le domaine de la santé et visant à la reconstitution de l’environnement humain perturbé par tous ces feux d’artifices nuisibles à l’écosystème

Nous proposons également que les structures des Nations Unies soient repensées et que soit mis fin à ce scandale que constitue le droit de veto. Bien sûr, les effets pervers de son usage abusif sont atténués par la vigilance de certains de ses détenteurs. Cependant, rien ne justifie ce droit : ni la taille des pays qui le détiennent ni les richesses de ces derniers.

Si l’argument développé pour justifier une telle iniquité est le prix payé au cours de la guerre mondiale, que ces nations, qui se sont arrogé ces droits, sachent que nous aussi nous avons chacun un oncle ou un père qui, à l’instar de milliers d’autres innocents arrachés au Tiers Monde pour défendre les droits bafoués par les hordes hitlériennes, porte lui aussi dans sa chair les meurtrissures des balles nazies. Que cesse donc l’arrogance des grands qui ne perdent aucune occasion pour remettre en cause le droit des peuples. L’absence de l’Afrique du Club de ceux qui détiennent le droit de veto est une injustice qui doit cesser.

Enfin ma délégation n’aurait pas accompli tous ses devoirs si elle n’exigeait pas la suspension d’Israël et le dégagement pur et simple de l’Afrique du Sud de notre organisation. Lorsque, à la faveur du temps, ces pays auront opéré la mutation qui les introduira dans la Communauté internationale, chacun de nous nous, et mon pays en tête, devra les accueillir avec bonté, guider leur premier pas.

Nous tenons à réaffirmer notre confiance en l’Organisation des Nations Unies. Nous lui sommes redevables du travail fourni par ses agences au Burkina Faso et de la présence de ces dernières à nos côtés dans les durs moments que nous t traversons.

Nous sommes reconnaissants aux membres du Conseil de Sécurité de nous avoir permis de présider deux fois cette année les travaux du Conseil. Souhaitons seulement voir le Conseil admettre et appliquer le principe de la lutte contre l’extermination de 30 millions d’êtres humains chaque année, par l’arme de la faim qui, de nos jours, fait plus de ravages que l’arme nucléaire.

Cette confiance et cette foi en l’Organisation me fait obligation de remercier le Secrétaire général, M. Xavier Pérez de Cuellar, de la visite tant appréciée qu’il nous a faite pour constater, sur le terrain, les dures réalités de notre existence et se donner une image fidèle de l’aridité du Sahel et la tragédie du désert conquérant.

Je ne saurai terminer sans rendre hommage aux éminentes qualités de notre Président (Paul Lusaka de Zambie) qui saura, avec la clairvoyance que nous lui connaissons, diriger les travaux de cette Trente-neuvième session.

Monsieur le Président,

J’ai parcouru des milliers de kilomètres. Je suis venu pour demander à chacun de vous que nous puissions mettre ensemble nos efforts pour que cesse la morgue des gens qui n’ont pas raison, pour que s’efface le triste spectacle des enfants mourant de faim, pour que disparaisse l’ignorance, pour que triomphe la rébellion légitime des peuples, pour que se taise le bruit des armes et qu’enfin, avec une seule et même volonté, luttant pour la survie de l’Humanité, nous parvenions à chanter en chœur avec le grand poète Novalis :

“Bientôt les astres reviendront visiter la terre d’où ils se sont éloignés pendant nos temps obscurs ; le soleil déposera son spectre sévère, redeviendra étoile parmi les étoiles, toutes les races du monde se rassembleront à nouveau, après une longue séparation, les vieilles familles orphelines se retrouveront et chaque jour verra de nouvelles retrouvailles, de nouveaux embrassement ; alors les habitants du temps jadis reviendront vers la terre, en chaque tombe se réveillera la cendre éteinte, partout brûleront à nouveau les flammes de la vie, le vieilles demeures seront rebâties, les temps anciens se renouvelleront et l’histoire sera le rêve d’un présent à l’étendue infinie”.

A bas la réaction internationale !

A bas l’impérialisme !

A bas le néocolonialisme !

A bas le fantochisme !

Gloire éternelle aux peuples qui luttent pour leur liberté !

Gloire éternelle aux peuples qui décident de s’assumer pour leur dignité !

Victoire éternelle aux peuples d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie qui luttent !

La Patrie ou la mort, nous vaincrons !

Je vous remercie.»