Le président Patrice Talon doit se faire de sérieux soucis

Au Bénin, le régime Talon est dans une impasse avec son projet controversé de réforme constitutionnelle. Les unes après les autres, les forces vives du pays ne cessent de décrier le projet présidentiel. Après la manifestation des syndicats et le coup d’arrêt des parlementaires à la réforme emblématique du chef de l’Etat vendredi dernier, c’était le tour des magistrats de crier ce lundi leur colère devant le Parlement, pendant que le ministre de la défense, Candide Azannaï, bras de droit du président  Talon annonçait sa démission.

Le président Patrice Talon doit se faire de sérieux soucis
Le président Patrice Talon doit se faire de sérieux soucis

Rien n’est aussi mouvant qu’en politique, où l’on passe facilement du statut d’adulé à celui de paria et vice-versa. «Ils t’ovationnent aujourd’hui pour que tu montes sur le podium. Demain ils te huent pour que tu en descendes», a indiquait à ce sujet Alpha Blondy dans une de ses chansons.

Pour avoir apparemment minimisé cette réalité, le président béninois se trouve aujourd’hui dans une situation inconfortable. En effet, après les syndicats qui ont manifesté vendredi dernier devant le Parlement pour protester contre son projet de réforme constitutionnelle controversé, ce sont les parlementaires qui ont suivi en rejetant en bloc le même jour le projet de réforme constitutionnelle. Le malheur n’arrivant pas seul, ce sont les magistrats qui sont entrés dans la danse ce lundi  pour manifester farouchement leur opposition au projet de réforme constitutionnelle qui limiterait l’indépendance de la magistrature.

Pire, la garde rapprochée de Talon a commencé à se lézarder. Ce lundi même, c’est son ministre de la défense Candide Azannaï qui l’a lâché en annonçant sa démission. La question que l’on pourrait se poser : jusqu’où ira cette hémorragie autour de Patrice Talon. Surtout dans un pays où les majorités présidentielles se forment et dissipent au gré des humeurs du peuple.

Un chèque en blanc pour Talon ?

L’on a visiblement l’impression que le chef de l’Etat béninois a cherché ce qui lui arrive aujourd’hui. Et s’il n’arrive pas à maîtriser l’hémorragie à temps, il pourrait se retrouver dans une impasse, lui qui n’a même pas encore un an plein à la tête de l’Etat. Talon récolte là manifestement la rançon de son entêtement de vouloir faire inscrire dans la Constitution un mandat présidentiel unique de six ans. Les détracteurs y voient une manœuvre pour l’homme d’affaires président de se procurer un chèque en blanc. Dès l’annonce du projet, les opposants se recrutaient aussi bien dans l’opposition que dans la garde rapprochée du président.

Mais, oubliant qu’il n’est plus en entreprise mais l’administration publique, Patrice Talon a voulu passer outre en pesant de tout son poids pour que le dossier soit inscrit à l’ordre du jour des parlementaires béninois qui n’ont pas hésité à imposer leur véto à ce projet emblématique du président.

Pourtant Patrice Talon était bien placé pour retenir la leçon qui veuille que l’on n’impose rien au peuple. Lui qui est passé en l’espace de quelques mois, du statut de paria vers la fin du régime de son prédécesseur Yayi Boni au statut de favori de la présidentielle qu’il a finalement remporté du seul fait de la volonté du peuple béninois. Et comme le disait si bien  philosophe allemand, «celui qui oublie l’histoire de son pays, est condamné à la revivre».

Philippe Martin

Burkina Demain

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