Maiga/Ayinabom, présidente de l'association pour la protection des animaux domestiques et sauvages au Burkina Faso

Alors que le Burkina Faso tout entier attend ce lundi les  résultats de son cas suspect de coronavirus pour être situé, le nombre des victimes de la maladie ne cesse de croître en Chine (Plus de 810) morts). Une situation qui repose quelque part la problématique des rapports Hommes-Animaux, ce d’autant plus que le coronavirus est d’origine animale. Faut-il avoir peur des animaux ? Où en est-on avec la lutte contre l’abattage  sauvage des ânes dans le  pays ? Ce sont entre autres les questions auxquelles répond Juliette Maiga/Ayinabom, présidente de l’association pour la protection des animaux domestiques et sauvages au Burkina Faso (APA-BF. Entretien exclusif.

Maiga/Ayinabom, présidente de l’association pour la protection des animaux domestiques et sauvages au Burkina Faso

Burkina Demain : Une psychose s’est emparée du monde avec la maladie de Coronavirus qui a dépassé à ce jour 810 morts en Chine. Faut-il avoir peur des animaux ?

Juliette Maiga/Ayinabom :  Nous, nous  attendons que les professionnels de la santé humaine et animale nous éclairent un peu,  si la maladie est commune à l’homme et à l’animal ou si la contagion est de l’homme à l’animal ou vice-versa et aussi sur les espèces concernées. Cela Nous permettra d’en tenir compte lors de nos ateliers et sorties de sensibilisation. Au niveau du Burkina, nous attendons aussi les résultats du cas suspect qui est pris en charge au CHU Blaise Compaoré. Nous espérons que le cas en question ne sera pas confirmé. Comme c’est une maladie qu’on ne maîtrise pas encore, il vaut mieux pour notre pays de n’avoir pas à gérer des cas.

Comment vous est venu votre intérêt pour la défense des animaux ?

A ma tendre enfance, les animaux de la compagnie et ceux de la basse-cour étaient ma passion, j’en prenais bien soin d’eux si bien que quand on tuait un poulet dans la cour je refusais de consommer la viande, même au champ quand papa utilisait le fouet pour conduire l’âne je pleurais. Ainsi j’ai gardé cette passion qui m’a conduit à créer une association avec des amis qui éprouvaient les mêmes sentiments que le mien pour les animaux.

Quelles sont Les missions et objectifs de votre association ?

Nos objectifs, c’est :

– Soigner, protéger, défendre les animaux domestiques et sauvages ;

– Sensibiliser les citoyens contre toutes les formes de maltraitance des animaux : abandon, séquestration, privations d’aliments, mauvais traitements).

– Notre mission, c’est de renforcer les capacités des acteurs (propriétaires de bergers, les ouvriers agricoles, les dignitaires coutumier et religieux les femmes et les enfants) ;

– Promouvoir le civisme (surtout dans les écoles, les assemblées, les marchés à bétail et les abattoirs).

Y-a-t-il un engouement des gens par rapport à vos actions ?

Les sorties de sensibilisation (causeries débats ateliers) effectuées dans 4 provinces ont connu la participation massive des populations, en majorité des éleveurs, bouchers,  propriétaires d’animaux de compagnie et commerçants de bétail, des autorités administratives,  coutumières et religieuses.

Dans notre pays, la question de l’abattage en grand nombre des ânes avait fait planer à un moment le spectre de leur disparition. Quelle est la situation aujourd’hui ?

Effectivement à une certaine période, il y a eu des abattages d’ânes en nombre très important et même un abattoir uniquement pour ânes a été installé dans la commune de Tanghin-Dassouri et partout d’ailleurs. Au vu de ces abattages hors normes, les populations rurales ont lancé un cri d’alarme aux autorités pour qu’elles mettent fin à cette hécatombe qui finira par décimer toute l’espèce. L’animal n’étant  pas abattu pour la viande comme à Saaba mais plutôt pour la peau.

Les autorités ont donc pris leurs responsabilités en interdisant l’abattage, la commercialisation hors de nos frontières des animaux vivants et leurs peaux.

La question de l’abattage des ânes reste d’actualité

Qu’avez-vous fait au niveau de votre association contre ces abattages sauvages ?

Notre association a tenu des ateliers à Nouna, Pô, Dori et des causeries-débats à Djibasso, Saaba et Guelwongo sur les équidés de trait pour faire comprendre à la population que l’âne est le premier fils de l’homme. Il nous aide dans tout ce que nous faisons.

Est-ce à dire qu’il n’y a plus d’abattage incontrôlé des ânes dans le pays ?

Je ne peux pas dire que l’abattage ne se fait plus. Il y a des abattages clandestins et la lutte à nos frontières contre un tel fléau est toujours d’actualité.

 Rencontrez-vous des difficultés ?

Les difficultés rencontrées sont d’ordre financier. La prise en charge des partenaires techniques pour les différents ateliers et causeries débats nécessitent des moyens qu’il n’est pas toujours aisé de mobiliser.

Quelles sont vos perspectives ?

L’association prévoit un lancement officiel de ses activités,  «72 heures  de l’animal ») qui vont se dérouler en fin mars 2020. Également pour cette année, nous comptons effectuer des sorties de sensibilisation, des ateliers et des causeries débats dans d’autres provinces. Le souhait est que toutes les provinces soient touchées.

Entretien réalisé par Martial W Gouba

Burkina Demain

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