Yé Lassina Coulibaly rêve qu'un jour notre pays, le Burkina Faso soit dirigé par une femme

Pour Yé Lassina Coulibaly, monument de la culture burkinabè et africaine, la célébration de la Journée nationale de la femme, le 8 mars de chaque année, est une occasion de réflexion sur la vision de l’évolution des relations femme-homme, aussi vieilles que le monde. Décryptage, dans la pure tradition africaine.

Yé Lassina Coulibaly rêve qu’un jour notre pays, le Burkina Faso soit dirigé par une femme

«Cœur  de Faso

La question des rapports entre la femme et l’homme, c’est vieux comme le monde… Dans ma famille, mes parents Yée et Sékou Coulibaly m’ont sensibilisé très tôt au principe d’égalité entre les filles et les garçons, les tâches étaient partagées indifféremment entre nous. J’ai d’ailleurs tenu à écrire un texte de chanson « Daga », sur ce thème.

La célébration de la Journée nationale de la femme, le 8 mars de chaque année, est une occasion de réflexion sur la vision de l’évolution de ces relations.

Se rappeler les valeurs ancestrales, socle de la famille et de la société

Avant de parler de civilisations matriarcales et patriarcales il faut se rappeler les valeurs ancestrales sur lesquelles se fonde la solidité du socle de la famille et de la société.

Personne n’a jamais contesté l’importance de la femme au sein de la famille.

La femme savait de quelle famille elle venait, à quelle culture elle appartenait, de quelles valeurs humaines elle était porteuse.

Quand la femme décidait d’épouser l’homme de son choix, elle était fière et consciente de la décision qu’elle avait prise de vivre avec cet homme, elle avait déjà observé son comportement, repéré ses qualités de travailleur et son courage, apprécié ses qualités humaines et sa capacité à tenir ses engagements.

Ces critères prévalaient chez la femme, au-delà de l’aspect physique de son homme

Au-delà de l’aspect physique, ce sont ces critères qui prévalaient car il fallait que l’homme puisse assurer la protection des enfants qui allaient naître de cette union et qu’elle puisse en être fière… Qu’il soit cultivateur, éleveur, commerçant, artisan ou fonctionnaire, il était important pour l’homme d’exercer un métier.

L’homme était aussi fier de sa femme. C’est sur elle que reposait, au moins dans les premières années de l’enfant, l’éducation, la transmission des valeurs… Donc leur lutte pour construire ensemble une famille digne des valeurs qui leurs avaient été transmises était commune, leur coopération allait de soi. Quand ça se passe bien l’amour conjugal est une force.

Longévité du couple, une fierté pour l’homme et la femme

La longévité d’une vie de couple était une fierté pour l’homme et la femme. Passé le stade de la séduction, cela signifiait qu’ils avaient su conjuguer leurs valeurs pour le bien de leur famille, et acquérir la sagesse.

De nos jours, surtout dans les villes, le divorce est de plus en plus fréquent. Le désir de se réaliser en tant que personne, l’individualisme à outrance prévalent souvent sur les responsabilités familiales… Sans parler des dégâts causés par l’addiction aux réseaux sociaux qui subliment l’égocentrisme et érigent le mensonge en vérité, les méfaits de la société de consommation, l’emprise des marques, l’envie de ce qu’on n’a pas… Tout cela est destructeur, crée des tensions, des frustrations et conduit souvent à l’endettement, toutes choses qui, indépendamment des sentiments, menacent le couple.

Ces comportements qui appauvrissent la société

Je n’ignore pas les pratiques des mariages arrangés ou opportunistes, c’est autre chose…

Ce sont souvent aussi les hommes qui soumettent la femme qui, de son côté cherche parfois à dominer. Ces comportements appauvrissent la société et ça n’est pas le temps fort de la journée de la femme qui suffira à changer cela… Il ne faut pas qu’elle serve d’alibi à la société pour se donner bonne conscience vis à vis des femmes.

En revanche, cette journée du 8 mars devrait célébrer la complémentarité, la solidarité et  la coopération entre les femmes et les hommes, quelle que soit leur condition de vie, mariage ou célibat.

Compromis femme-homme pour que la coopération aille loin

S’il n’y a pas de compromis entre la femme et l’homme, la coopération ne peut pas aller loin, il faut souvent résister à la facilité et à la bêtise… C’est à chacun de trouver le bon équilibre, quel que ce soit le projet, sans craindre de perdre ses prérogatives, sans renoncer à sa différence, en acceptant le partage et l’aide mutuelle..

Le souhait d’émancipation de la femme est légitime et s’inscrit dans des contextes où les questions de coutume, de territoire et de religion ont leur importance, on ne peut donc généraliser mais il serait dommageable pour la société de réduire cette aspiration à un problème de pouvoir et de rapport de force.

L’éducation permettra d’atteindre la parité femme-homme

C’est l’éducation qui compte et qui permettra d’atteindre la parité femme-homme, en s’appuyant sur le même enseignement, dans un principe d’égalité. La femme moderne est de plus en plus diplômée et c’est formidable qu’elle puisse, au même titre que les hommes apporter sa pierre à l’édifice.

C’est l’accès à l’instruction et à la culture qui favorisera l’équilibre nécessaire entre les compétences des hommes et des femmes et leur fera prendre conscience que c’est ensemble qu’ils bâtiront une Afrique fière de ses valeurs et respectée pour son courage et sa combativité.

Place importante donnée à la femme africaine

Une place importante doit être donnée à la femme africaine dans les institutions et les projets de développement durable, ce qui passe par l’instruction et la formation professionnelle des femmes, parce que sans leur implication l’Afrique ne pourra pas se libérer.

Je rêve qu’un jour notre pays, le Burkina Faso soit dirigé par une femme ! Néanmoins, dans l’organisation de la société africaine, la femme a toujours eu un très grand rôle, notamment chez les animistes. Au temps des Empires et de la conquête des territoires, chez nous, de grandes femmes ont combattu avec les hommes sur le front, on les appelait « les amazones ».

8 mars, temps fort d’une réflexion permanente et vivante

Je tiens à saluer les femmes fières et courageuses qui se battent encore, de nos jours, pour le respect de leur dignité et de leur culture africaine et contre les violences faites aux femmes, contre l’excision, la pédophilie, l’injustice…

Avant tout, la journée du 8 mars se doit d’être le temps fort d’une réflexion permanente et vivante, qui salue tout ce que l’on doit aux femmes, qui les reconnaisse et les respecte dans leur diversité, dans leur liberté et dans leur choix de vie.

Et c’est quotidiennement que ces valeurs doivent être enseignées et vécues au travers de l’éducation et de l’exemplarité.

J’ai confiance dans la force des femmes pour valoriser leurs talents…

Yé Lassina Coulibaly»

Burkina Demain

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