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Afrique du Sud : La SAE perturbée au Cap

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La ville du Cap en Afrique du Sud, abrite depuis ce lundi 4 novembre et ce jusqu’au 6 novembre l’édition 2024 de la Semaine africaine de l’énergie, sous le thème : «Investir dans l’énergie africaine». Si les choses se sont bien déroulées le premier jour, des perturbations ont été enregistrées ce mardi. A l’origine de ces manifestations de ce mardi, des écologistes, notamment des militants de Greenpeace Afrique.

Les écologistes sont vent debout contre les sociétés pétrolières internationales et leurs complices. Ils ont donné de la voix ce mardi au cap en Afrique du Sud où se tient la Semaine africaine de l’énergie. «La Semaine africaine de l’énergie organisée par la Chambre africaine de l’énergie (AEC), est présentée comme la solution à la pauvreté énergétique en Afrique alors qu’elle défend sans relâche des politiques qui donnent la priorité à l’exploitation des combustibles fossiles plutôt qu’aux besoins des peuples africains. De telles politiques ont laissé plus de 600 millions d’Africains sans accès à l’électricité et près d’un milliard sans solutions de cuisson propres, tout en détruisant les écosystèmes locaux et en augmentant l’insécurité», ont dénoncé les manifestants.

Au centre de conférence, des banderoles bien visibles indiquaient «Pas de nouveau pétrole et de gaz en Afrique », « Événements météorologiques extrêmes, fièrement sponsorisés par les combustibles fossiles » et « Faites payer les pollueurs », tandis que les militants scandaient « Justice climatique maintenant».

«Contre les profiteurs des combustibles fossiles» 

«Nous protestons contre l’un des rassemblements les plus flagrants de profiteurs des combustibles fossiles. L’AEW rassemble les plus grands pollueurs, dont TotalEnergies, BP, ExxonMobil et d’autres, qui continuent de pousser l’Afrique encore plus loin dans la crise climatique tout en récoltant des milliards de profits. Il s’agit d’une plate-forme éhontée permettant aux sociétés pétrolières multinationales de conclure des accords qui leur remplissent les poches au détriment des communautés africaine», soutient Sherelee Odayar, responsable de la campagne Pétrole et Gaz de Greenpeace Afrique. Et de Cynthia Moyo, chargée de campagne Climat et Énergie de Greenpeace Afrique, de renchérir : «Nous rendons les débris des événements météorologiques extrêmes, symboliques des dégâts causés par les grandes sociétés pétrolières, aux sociétés mêmes qui en sont responsables. L’Afrique ne restera pas silencieuse pendant que les géants pétroliers profitent de nos souffrances. Nous ne pouvons pas permettre que l’Afrique soit sacrifiée sur l’autel des ressources fossiles, alimenter les profits. Les voix de nos communautés doivent être entendues, et les entreprises responsables de cette crise doivent payer pour les dommages qu’elles ont causés».

Abdoulaye Diallo, co-responsable de la campagne Stop Drilling Start Paying de Greenpeace International, de déclarer pour sa part  : «Aux côtés des communautés en première ligne de la crise climatique, nous manifestons devant les bureaux protégés de certains des plus grands pollueurs du monde. Nous rejetons l’attaque des grandes sociétés pétrolières contre la population et la démocratie et exigeons que les gouvernements corrigent enfin cette situation en obligeant les sociétés pétrolières et gazières à arrêter les forages et à commencer à payer pour les dégâts qu’elles ont causés».

Une table ronde Russie -Afrique

La Russie participera à la présenté Semaine africaine de l’énergie. Une table ronde Russie-Afrique est en effet programmée pour le 6 novembre 2024. Celle-ci permettra d’aborder les opportunités pour les entreprises russes dans le secteur énergétique africain et sur les domaines stratégiques de coopération entre la Russie et le continent. A ce titre, plusieurs sociétés russes dont le géant gazier Gazprom ou le géant nucléaire Rosatom y participeront. «La coopération avec la Russie ne fera que contribuer à renforcer le secteur énergétique de l’Afrique», assure le NJ Ayuk, président exécutif de la Chambre africaine de l’énergie.

Martin Philippe

Burkina Demain

Présidentielle américaine du 5 novembre : Les enjeux pour le monde…

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Enfin, c’est ce mardi 5 novembre que se joue le clou de la présidentielle américaine 2024 qui oppose le républicain Donald Trump, ancien président, et la démocrate Kamala Harris, ancienne vice-présidente. Si à l’ouverture des bureaux de vote ce jour- J, comme on dit, plus de 80 millions d’électeurs avaient déjà voté, l’issue du scrutin restait toujours indécise, tant les 2 candidats sont au-à-coude dans la course à l’occupation de la Maison Blanche.

La question reste intacte : qui de Trump ou de Harris succédera à Joe Biden à la Maison Blanche ?

Comme à chaque présidentielle américaine, ce sont les Américains qui votent mais c’est tout le monde qui pourrait être plus ou moins impacté des décisions du futur locataire du Bureau ovale à Washington, selon que ce soit l’un ou l’autre candidat qui sera finalement élu.

Dans une planète globalisée, mouvementée, minée par de nombreux clivages ou conflits et au bord de la rupture, cette présidentielle américaine ne pouvait que revêtir d’énormes enjeux, notamment géostratégiques. Selon que l’on soit à Kiev, à Moscou, Bruxelles, Budapest, Seoul, Pyongyang, Pékin, Tokyo, Abidjan, Bamako, Addis Abeba, Rabbat, Alger, Tel-Aviv, Téhéran, Gaza, Riyad, Brasilia, Mexico, Ottawa, La Havane…, ces enjeux et les attentes pour les uns et les autres ne seront guère les mêmes.

Et il y a de fortes chances que la marche du monde dans les quatre prochaines années se décline en fonction du vainqueur de la présente présidentielle américaine. Les décisions du futur président américain peuvent, directement ou indirectement, contribuer à désamorcer certains conflits, alimenter d’autres et renforcer les processus d’autonomisation des peuples dans bien de parties du Globe. Il suffit par exemple, que le futur locataire de la Maison Blanche, décide comme son prédécesseur, de soutenir les troupes de Kiev dans leurs offensives contre celles de Moscou pour que la Guerre en Ukraine perdure encore. En revanche, un retrait du soutien de Washington à Kiev pourrait l’obliger à revoir ses plans, voire négocier un traité de paix.

De même, sur le front du développement, la mise en œuvre du Pacte du Futur adopté en septembre dernier par l’Assemblée Générale de l’ONU pourrait être momentanée, compromise si le futur président américain s’en écarte.  En un mot comme en mille, les enjeux de cette présidentielle américaine pour le monde, sont réels. C’est pourquoi, tous les regards, en ce jour, des quatre coins de la Planète, directement ou indirectement, sont rivés sur ce scrutin serré du pays de l’Oncle Sam. La lancinante question reste la même : Qui de Trump ou de Harris l’emportera ? Le suspense reste entier et pourrait même jouer les prolongations. Vivement que tout se déroule et se dénoue dans un esprit démocratique !

Christian Tas

Burkina Demain

Pont de Tarfila : Reprise du trafic sous régime d’urgence

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La circulation a effectivement repris, ce dimanche 27 octobre 2024, sur le Pont de Tarfila

C’est un réel soulagement pour les usagers et les autorités. La circulation a effectivement repris, ce dimanche 27 octobre 2024, sur le Pont de Tarfila ; suite notamment à un communiqué du Gouverneur de la Région des Cascades, Badabouè Florent Bazié. Un pont d’urgence a en effet été érigé pour permettre cette reprise progressive du trafic en attendant une fortification de cette infrastructure névralgique de franchissement entre les Régions des Cascades et des Hauts Bassins.

kambiré Sié, un transporteur venant de la Côte d’Ivoire en partance pour Bobo Dioulasso

C’est officiel. La circulation a repris sur le Pont de Tarfila dans la matinée de ce dimanche 27 octobre 2024. C’était en présence des autorités administratives de la région dont Mathieu Tinguéri, Haut-Commissaire de la province de la Comoé et de Yakouba Barro, Président de la Délégation Spéciale de Banfora.

Vives satisfactions des autorités et usagers sur place

Mathieu Tinguéri, Haut commissaire de la Comoé, se félicite de la reprise du trafic

Aux environs de 7 heures et quart, les premiers véhicules et autres usagers ont en effet commencé à franchir avec enthousiasme le seuil du nouveau pont d’urgence de Tarfila en direction de Bobo Dioulasso, à la satisfaction des autorités sur place.

«Depuis les 7 et 8 octobre 2024, la province de la Comoé a enregistré une forte pluviométrie qui a donc endommagé le pont de Tarfila. Cela a eu un impact sur le trafic routier qui a été suspendu. Dès lors, les autorités ont adhéré pour la cause d’un pont mobile afin de rétablir le trafic. Aujourd’hui, c’est chose faite grâce au travail qui a été abattu nuit et jour par les techniciens du ministère des infrastructures. Comme vous avez si bien constaté ce matin, le pont a été ouvert aux usagers et à la population à partir de 7 heures. Le trafic se déroule très bien et sans incident. C’est le lieu pour nous de féliciter les techniciens du ministère des infrastructures pour le travail abattu. Les populations et également les usagers sont très satisfaits du rétablissement de la circulation sur ce tronçon. C’est donc un sentiment de satisfaction et de joie qui nous anime ce matin», s’est félicité le Haut-Commissaire de la province de la Comoé, Mathieu Tinguéri.

Remerciements aux autorités et forces vives des Cascades

Salfo Pacéré, Directeur Général de l’entretien routier, a remercié les autorités

«Nous avons rencontré d’énormes difficultés mais sur instructions de monsieur le Ministre des infrastructures, l’ensemble des techniciens étaient engagés ; ce qui nous a permis de réaliser ce pont d’urgence avant la date prévue. Il y a quelques travaux de finition que nous sommes en train de faire, mais cela n’empêche pas donc le trafic de poursuivre. Je voudrais remercier les autorités de la région, Monsieur le Gouverneur, le Haut-Commissaire, le Président de la Délégation Spéciale, les FDS, le Génie militaire, les premiers responsables de la SN SOSUCO, l’entreprise EKS, l’ensemble des forces vives de la région, la population et l’ensemble des transporteurs routiers. Les travaux de finition consistent en des travaux de protection qu’on va juste réaliser. Cela n’empêche pas le passage des véhicules. Avec le compacteur à côté, c’est de voir s’il y a de petits affaissements, on corrige rapidement et on poursuit avec le trafic», a indiqué le directeur général de l’entretien routier Salfo Pacéré.

«Merci au Président Ibrahim Traoré et à tous les acteurs ! »

Après près de trois semaines de blocage de leurs activités, les usagers ne cachent pas leur soulagement et surtout leur gratitude aux plus hautes autorités d’avoir permis cette reprise du trafic.

En témoignent ces propos de Kambiré Sié, transporteur venant de la Côte d’Ivoire : «En tout cas, on a souffert. Aujourd’hui, on peut dire Dieu merci. C’est une grande joie pour nous. On a eu à traverser. On va retrouver nos familles qui seront d’ailleurs contentes. Merci au Président Ibrahim Traoré et à tous les acteurs !».

Vers un désengorgement progressif de la RN 7

Les camions transportant des marchandises et stationnés à perte de vue depuis Tarfila jusqu’à Banfora.

La mise sur pied de ce pont mobile ouvre ainsi la voie à un désengorgement progressif de la route nationale n°7 et de la ville de Banfora.

En effet, suite au blocus d’une vingtaine de jours, un nombre important de véhicules de divers gabarits avaient stationné depuis Tarfila jusqu’à l’intérieur de la ville de Banfora.

Même à Niangoloko, localité située à 45 km de Banfora, d’autres centaines de véhicules et gros porteurs attendaient de gré ou de force la finition des travaux avant d’emprunter le trajet. A présent, ces gros véhicules peuvent oser poursuivre leur chemin.

Les usagers invités à la prudence

Salfo Pacéré, Directeur Général de l’entretien routier

Si le trafic a repris sur le Pont de Tarfila, la prudence doit toutefois être encore de mise. «J’invite les usagers à la prudence; étant donné que c’est une chaussée rétrécie de 4 m. Il y a des panneaux de signalisation qui ont été implantés, des panneaux de chaussée rétrécie, des panneaux de limitation de vitesse, veuillez respecter le code de la route ! », a prévenu Salfo Pacéré, Directeur Général de l’entretien routier dans un message aux usagers.

Soumaïla Soma, Banfora

Burkina Demain

SIAO 2024 : Début sous haute protection sécuritaire !

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Les FDS ont veillé au grain tout au long de la cérémonie officielle d'ouverture

C’est bien parti depuis ce vendredi 25 octobre pour la dix –septième édition du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO). Mais, une trentaine de minutes avant l’ouverture officielle de cette 17ème édition du SIAO, le site de l’évènement et ses abords ont aussitôt cessé leurs airs de foire. En effet, avec l’arrivée tant attendue du Président Ibrahim Traoré, les impératifs de sécurité ont rapidement pris le dessus sur toutes les autres considérations.

Les FDS ont veillé au grain tout au long de la cérémonie officielle d’ouverture

A partir de 8 h 30, toutes les portes étaient fermées. Impossible de passer. Tout autour, les Forces de défense et de sécurité (FDS) sont sur le qui-vive et veillent scrupuleusement à ce que l’artère que devrait emprunter le cortège présidentiel soit totalement dégagé. En ce moment dans leurs rangs, c’est clair : «les ordres sont les ordres». Et aucune explication, d’où qu’elle venait, ne pouvait tenir devant ces impératifs sécuritaires. Et ce n’est pas ce ‘’Wayiyan’’ qui a tenté sans succès de négocier son entrée, qui dira le contraire.

Les officiels dont le Président du Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré lors de la cérémonie d’ouverture

De représentants accrédités des médias ont aussi dû se plier sans broncher aux consignes sécuritaires. Et ce n’est qu’après le départ du Chef de l’Etat qu’ils ont été autorisés à franchir le portail principal du site du SIAO. Bref, la sécurité est prise très au sérieux à cette édition du SIAO. Depuis la veille, des éléments des FDS veillaient déjà au grain dans ce périmètre de l’arrondissement 5 de la capitale.

«Vous, vous êtes bien, depuis hier 5 h du matin, nous nous sommes ici», a confié un élément des FDS à une citoyenne qui semblait pressée de voir la fin de la cérémonie d’ouverture afin qu’elle puisse se rendre dans son stand d’exposition». Cette confidence cordiale témoigne de l’ambiance bon enfant qui régnait entre les éléments de sécurité et les nombreux citoyens massés tout au long du boulevard. Cette cordialité était telle qu’une autre citoyenne a eu de l’empathie pour une femme FDS. Et un autre FDS de lui expliquer qu’il n’y a pas de privilèges particuliers à être femme dans l’armée. «Ce sont les même conditions de travail. C’est l’égalité…et c’est le même salaire», a-t- il laissé entendre. Et à côté de lui, il y a cette autre citoyenne qui regrette de n’être pas arrivée plus tôt et de pouvoir voir ainsi réaliser son rêve de voir le Capitaine Ibrahim Traoré de si près. «Je n’ai pas encore eu l’occasion de le voir de près. Si je savais qu’il allait venir, je n’allais pas rater cette occasion».

«Artisant africain, entrepreneuriat des jeunes et autonomisation»

Peu de temps après le départ du Président Traoré, l’édition 2024 du SIAO a repris son allure de foire.

Quelques 350 000 visiteurs sont attendus au SIAO 2024. Une trentaine de pays devraient y être représentés par 4 000 exposants. Les pays de l’AES dont fait partie le Burkina Faso, seront fortement représentés. Il s’agit notamment du Mali et du Niger. Pour rappel, cette 17e édition du SIAO est placée sous le thème : «Artisant africain, entrepreneuriat des jeunes et autonomisation».

Rachel Bazié

Burkina Demain

Système éducatif burkinabè : L’Inspecteur Adama Hema pour de «vraies réformes»

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Adama Hema, Inspecteur de l'Enseignement secondaire, se prononce sans détour sur les défis du système éducatif burkinabè

Alors que le débat en ce début d’année scolaire 2024-2025 fait encore rage, l’Inspecteur de l’Enseignement secondaire Adama Hema fait sans doute figue de partisan convaincu de la revalorisation du système éducatif au Burkina Faso. Pour lui, «il n’y a pas mille et une solutions pour tirer vers le haut notre système éducatif». Il faut, préconise-t-il «des moyens : moyens pour la construction suffisante des infrastructures d’accueil des apprenants, moyens pour la formation continue des acteurs du système, moyens pour le suivi des enseignants dans la mise en œuvre des différentes réformes». Et ce n’est pas tout.

Inspecteur Adama Hema, un partisan convaincu des réformes en cours dans le système éducatif

«Au-delà de tout cela, il convient d’entreprendre de vraies réformes visant à adapter le système éducatif à nos réalités, le rendre plus opérationnel, plus efficient, faire en sorte que son efficacité externe ne soit pas sujette à des polémiques…À cela, s’ajoute la prise en compte des paramètres tels l’abondance des documents actualisés et en lien avec le vécu des apprenants, les effectifs dans les classes, la régularité du suivi des enseignants chargés de la mise en œuvre du nouveau dispositif, la mise en place des cadres réguliers, trimestriels par exemple, de recyclage continu des enseignants». Ce sont là entre autres éléments qui, assure-t-il, «mis ensemble, devraient permettre de véritablement parler d’accroissement ou d’élévation du niveau et/ou de la qualité de l’enseignement au Burkina Faso». Et quid de la philosophie et de la politique ? Politique et philosophie font-elles oui ou non bon ménage ? «En théorie, on est tenté de répondre par l’affirmative que politique et philosophie sont compatibles. En ce sens que toutes deux poursuivent la réalisation du plein épanouissement de l’homme, la défense des valeurs qui caractérisent l’espèce humaine, l’égale dignité des hommes par-delà les différences naturelles et sociales. Cependant, dans les faits, les deux ont tendance à se donner dos-à-dos ; quand par exemple la politique bascule dans la démagogie, la violence, la malhonnêteté, les intrigues de tous ordres, la philosophie s’égare», soutient l’Inspecteur Hema. Entretien exclusif.

Burkina Demain : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Inspecteur Adama Hema :  Je m’appelle HEMA Adama. Je suis Inspecteur de l’Enseignement Secondaire, option PHILOSOPHIE. J’ai débuté ma carrière d’Encadreur en tant que Conseiller Pédagogique de l’Enseignement Secondaire dans la Région du Sud-Ouest où j’ai servi un an à Gaoua, la capitale de la région et chef-lieu de la province du Poni, et trois ans à Diébougou, chef-lieu de la province de la Bougouriba. Disons que j’étais en mission de civilisation, de raffinage de mes esclaves que je trouvais trop brutes. C’est au terme de ces quatre années passées dans cette partie du Burkina que j’ai été admis au concours d’Inspecteur de l’Enseignement Secondaire. Plus tôt, une affectation m’a permis de faire un passage furtif à la Direction Provinciale/ Comoé. Et à ce jour, je suis dans l’expectative de l’affectation.

 Selon la formation reçue, en quoi consistera votre travail d’inspecteur ?

De prime abord, disons que le travail de l’Inspecteur de l’Enseignement Secondaire est essentiel pour assurer la qualité de l’éducation au niveau de cet ordre d’enseignement. Ce travail est étendu et se résume entre autres à : la supervision et l’évaluation des enseignants afin de s’assurer que les normes pédagogiques et administratives sont respectées ; la visite-accompagnement ou visite-conseils rendue aux enseignants pour les aider à résoudre des problèmes pédagogiques et administratifs ; la visite-contrôle vise à vérifier la prise en compte effective de ce qui a été dit lors de la visite-accompagnement ; la visite-certification qui consiste à évaluer les capacités d’un enseignant et lui permettre d’accéder à un grade ; la formation continue des enseignants à travers les séances de formation pour les aider à résoudre des problèmes pédagogiques et administratifs ; l’élaboration et la mise à jour des programmes scolaires pour s’assurer qu’ils sont pertinents et adaptés aux besoins des apprenants ; l’audit ou l’inspection des établissements scolaires pour se rendre compte des conditions d’enseignement et de travail des enseignants, et pour s’assurer que les infrastructures sont adéquates ; la rédaction des rapports sur les faits observés et faire des recommandations pour l’amélioration de la qualité de l’enseignement ; l’accomplissement des fonctions managériales, c’est-à-dire planifier, organiser, diriger et contrôler…

Bref, ces tâches permettraient de maintenir haut le niveau de l’éducation et de garantir un enseignement de qualité aux élèves pour peu que les conditions de réalisation soient réunies.

Notre société est en crise et le secteur de l’éducation n’est pas en reste. À votre sens, quelles sont les principales difficultés de votre secteur ?

Les principales difficultés du secteur de l’éducation dans ce contexte de défi sécuritaire se résument essentiellement à la fermeture des écoles, la désertion des enseignants de leur lieu de travail, l’affluence des élèves dans les localités plus paisibles occasionnant sinon accentuant le phénomène des grands groupes. Le corollaire de cet état de fait, c’est la déscolarisation des élèves, les mouvements d’humeur des enseignants intervenant dans ces classes à grand groupe, la formation continue des enseignants prend un coup, la difficulté de la mise en œuvre de certains méthodes, techniques et procédés pédagogiques, etc. Vivement que notre belle et chère patrie recouvre la quiétude et devienne le havre de paix qu’on lui reconnaît.

Et depuis quelques années maintenant, on parle beaucoup de réformes du système éducatif et pour cette rentrée 2024-2025 un nouveau pas est franchi avec notamment la révision des curricula. Pour vous, produit de l’ancien système et l’ayant expérimenté en tant qu’enseignant, est-ce que tout cela se justifie ?

En tant que produit de l’ancien système et l’ayant expérimenté en tant qu’enseignant, ces réformes du système éducatif sont amplement justifiées en ce sens qu’elles allègent la tâche et aux apprenants et aux enseignants. Les apprenants seront dorénavant à l’abri des fameux hors-sujets dont nous avions tous été victimes. Les enseignants fourniront moins d’effort durant les évaluations par rapport à l’ancien système en ce qui concerne la discipline Philosophie. Mais comme on le dit, l’enfer est pavé de bonnes intentions pour dire que ces réformes du système qui font rêver peuvent désenchanter si elles ne sont pas bien comprises et assimilées. On le sait, l’enfance de toutes choses est décisive sinon fondamentale ; pour dire qu’il faut éviter les précipitations et prendre le temps nécessaire pour former et bien former les différents acteurs afin qu’ils maîtrisent les tenants et aboutissants de ces réformes pour mieux les appliquer au grand bonheur de la communauté éducative Burkinabè. Cela nous éviterait, de mon humble point de vue, cette imagerie de ce conducteur qui arrive à destination sans les passagers à cause de la précipitation. Et pour montrer à quel point l’éducation est essentielle dans la vie d’une nation, lisons ce sage chinois qui faisait observer à son empereur ceci : « si vous voulez détruire un pays, inutile de lui faire une guerre sanglante qui pourrait durer des décennies et coûter cher en vies humaines. Il suffit de détruire son système d’éducation et d’y généraliser la corruption ». Ces propos mettent en lumière l’importance cruciale de l’éducation pour la stabilité et le développement d’une nation. C’est en clair dire qu’aucune réforme ne doit se faire à la hâte en tout cas pas de façon bâclée. C’est vrai que de grands efforts sont fournis par les plus hautes autorités ayant permis la révision des curricula et former les acteurs, enseignants et encadreurs mais beaucoup d’autres efforts restent encore à fournir.

Le nouveau dispositif suffira-t-il à rehausser le niveau, la qualité de l’enseignement au Burkina Faso ?

Je ne sais pas pourquoi vous faites allusion à l’enseignement uniquement alors même qu’il y a aussi le volet apprentissage qui est tout aussi important qu’il ne faut surtout pas occulter. Autrement, on ne saurait parler seulement d’enseignement sans son complice, l’apprentissage dans ce contexte d’APC/PI, puisque l’APC/PI vise à faire acquérir à l’apprenant des compétences dont il doit se servir pour résoudre au quotidien les problèmes auxquels il est confronté, pour ne pas me répéter.

Le nouveau dispositif, l’APC/PI puisque c’est d’elle qu’il s’agit, est une approche pertinente, socialement équitable au vu de ses objectifs humbles et réalistes. Elle engage d’ailleurs l’école dans sa mission sociale d’éduquer et non seulement d’instruire. La mise en œuvre de l’APC, en prônant l’interdisciplinarité, le recours au travail collectif, la socialisation des élèves à travers des pratiques contextualisées permet de dépasser cette incertitude sur le bien-fondé de l’école. L’APC, en français facile, c’est l’application pratique des savoirs livresques, des savoirs enseignés par les apprenants ; dans le cas de la philosophie, le terme sagesse prend pleinement tout son sens en tant que savoir et art de vivre, toutes choses qui participent à la démystification de la philosophie considérée à tort comme ésotérique, qui font montre de son utilité dans la société : elle n’est pas une pure spéculation .Dans l’enseignement/ apprentissage APC, l’acteur principal est l’apprenant, ce qui lui permet de mieux s’approprier les connaissances véhiculées pour les intégrer dans des situations de vie réelle. En d’autres termes, L’APC, c’est l’usage des connaissances acquises pour résoudre au quotidien les problèmes concrets. L’APC permet de mieux mesurer l’atteinte des objectifs de l’enseignement/apprentissage. La réduction du d’échec scolaire, la contextualisation des savoirs aux réalités des apprenants. Ce sont là quelques avantages du nouveau dispositif à même de contribuer à rehausser le niveau et la qualité de l’enseignement au Burkina Faso. Cependant, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. À côté de ces avantages que présente l’APC, existent des limites objectives qui ne nous permettent malheureusement pas de stipuler avec certitude que le nouveau dispositif, comme vous l’appelez, à lui seul permet de rehausser le niveau et la qualité de l’enseignement/apprentissage. Ce sont entre autres l’insuffisance de la maîtrise des mécanismes de l’APC par les acteurs chargés à leur mise en œuvre, absence de formation conséquente pour une réforme qui engage l’avenir de toute une nation. L’apprenant est certes l’acteur principal dans le processus enseignement/apprentissage mais il y a une facilitation de sa tâche par l’enseignant qui doit concevoir ou élaborer des situations d’apprentissage ou d’intégration de façon régulière ; dans le contexte de la philosophie, cela peut réduire la capacité de l’apprenant à penser par lui-même et c’est le début de l’installation insidieuse d’une paresse intellectuelle chez l’apprenant. Ces limites objectives constituent la plaie du nouveau dispositif devant permettre de rehausser le niveau et la qualité de l’enseignement/apprentissage au Burkina Faso à mon humble avis.

Sinon, en tant qu’acteur du système, entrevoyez-vous d’autres pistes pour tirer vers le haut notre système éducatif ?

Pour tirer vers le haut le système éducatif, il n’y a pas mille et une solutions : il faut mettre les moyens, moyens pour la construction suffisante des infrastructures d’accueil des apprenants, moyens pour la formation continue des acteurs du système, moyens pour le suivi des enseignants dans la mise en œuvre des différentes réformes car comme le dit cet adage : la plus belle femme ne peut donner que ce qu’elle a. Au-delà de tout cela, il convient d’entreprendre de vraies réformes visant à adapter le système éducatif à nos réalités, le rendre plus opérationnel, plus efficient, faire en sorte que son efficacité externe ne soit pas sujette à des polémiques.

À cela, s’ajoute la prise en compte des paramètres tels l’abondance des documents actualisés et en lien avec le vécu des apprenants, les effectifs dans les classes, la régularité du suivi des enseignants chargés de la mise en œuvre du nouveau dispositif, la mise en place des cadres réguliers, trimestriels par exemple, de recyclage continu des enseignants. Ce sont là entre autres éléments qui, mis ensemble, devraient permettre de véritablement parler d’accroissement ou d’élévation du niveau et/ou de la qualité de l’enseignement au Burkina Faso. Le rehaussement du niveau et/ou de la qualité de l’enseignement reste aussi tributaire d’un phénomène national voire international persistant et généralisant : les grands groupes ; ils constituent une des difficultés pour un enseignement de qualité. Soucieux d’un enseignement de qualité, de bonnes conditions d’études des apprenants et de leurs enseignants, j’ai été amené à faire des grands groupes l’objet de mes recherches en fin de formation à l’exercice du métier d’Inspecteur sous le titre : « Enseignement/apprentissage de la philosophie et les Grands Groupes dans la ville de Banfora : état des lieux et perspectives ». J’y propose entre autres des voies et moyens à la communauté éducative dans son ensemble et plus spécifiquement aux enseignants et apprenants pour surmonter les difficultés qui y sont inhérentes pour un enseignement efficace et efficient. J’invite tous les acteurs du système éducatif à se l’approprier principalement et prioritairement les enseignants de philosophie. En rappel, un mémoire est un document scientifique, une fois validé par les esprits compétents de la sommité éducative, son contenu doit être au maximum vulgarisé et non jalousement conservé dans sa bibliothèque de maison tel un objet d’art destiné à la seule contemplation encore moins considéré comme un tabou après la soutenance. De là dépend en partie la hausse et du niveau et de la qualité de l’enseignement. NB : Les exemplaires de ce mémoire traitant des grands groupes sont disponibles dans les bibliothèques de l’École Normale Supérieure (ENS) à Koudougou et de l’Institut pour le Développement des Sciences (IDS) à Ouagadougou.

Inspecteur Adama Hema à propos des réformes : « Les cadres traditionnels de formation continue, de recyclage des savoirs pédagogiques sont restés intacts sinon sont en train de s’étioler. L’illustration la plus éloquente est l’introduction de l’éducation civique au post primaire et secondaire dont l’enseignement a été imposé aux enseignants d’histoire et géographie sans aucune formation. L’esprit est à saluer mais la manière laisse perplexe. Les cadres traditionnels de formation continue, de recyclage des savoirs pédagogiques sont restés intacts sinon sont en train de s’étioler. L’illustration la plus éloquente est l’introduction de l’éducation civique au post primaire et secondaire dont l’enseignement a été imposé aux enseignants d’histoire et géographie sans aucune formation. L’esprit est à saluer mais la manière laisse perplexe.  »

Est-ce que le capital humain, sa valorisation est prise en compte, est pris en compte dans la nouvelle politique de l’éducation nationale ?

La valorisation du capital humain que sont essentiellement les enseignants, les éducateurs et les encadreurs pour ne citer que ceux-ci, est, à mon entendement, prise en compte dans la nouvelle politique de l’éducation nationale même si l’État doit faire davantage plus d’efforts. Parmi les efforts faits par l’État dans le sens de la valorisation du personnel, on peut citer : les recrutements réguliers du personnel, l’extinction de certains corps, le reclassement du personnel suite à un examen ou concours. Il faut dire que ces traitements méritent d’être améliorés pour la satisfaction de ce personnel en évitant, par exemple, les retards dans les avancements, reclassements et en recadrant les affectations, etc.

Au-delà de ces éléments ci-dessus mentionnés, il faut dire que les acteurs de l’éducation sont tous dans le bricolage pédagogique pour faire réussir ou pour donner du succès aux différentes réformes présentes. Les cadres traditionnels de formation continue, de recyclage des savoirs pédagogiques sont restés intacts sinon sont en train de s’étioler. L’illustration la plus éloquente est l’introduction de l’éducation civique au post primaire et secondaire dont l’enseignement a été imposé aux enseignants d’histoire et géographie sans aucune formation. L’esprit est à saluer mais la manière laisse perplexe.

À la faveur du dernier remaniement gouvernemental, le Burkina dispose d’un Ministère en charge de l’enseignement secondaire, de la formation professionnelle et technique. Est-ce un bon pas vers la résolution du problème d’inadéquation entre l’enseignement et le milieu de l’emploi ?

Ah oui, il faut se réjouir de la création ou de l’érection d’un ministère entièrement chargé de l’Enseignement Secondaire, de la Formation Professionnelle et Technique (MESFPT) avec l’espoir que des problèmes spécifiques puissent trouver leur résolution. Mais de là à croire que l’avènement du ministère va suffire à résoudre le problème de l’inadéquation entre l’enseignement et le milieu de l’emploi serait saugrenu comme pensée puisque quoique le MESFPT prenne en compte le volet Formation Professionnelle et Technique qui ne représente pas grand-chose comparé à l’étendue de l’Enseignement général, il ne peut pas résorber la problématique de l’inadéquation entre l’enseignement et le milieu de l’emploi. Mais pour un début, comme vous le dites, c’est un bon pas vers… qu’il faut saluer et souhaiter une inversion des tendances, c’est-à-dire que la Formation Professionnelle et Technique prenne le pas sur l’Enseignement général. C’est en ce moment qu’on pourra véritablement parler de résolution du problème d’inadéquation entre l’enseignement et le milieu de l’emploi. Disons, sans être dans le secret des dieux, puisque je ne suis pas du gouvernement, cette scission de l’ex MENAPLN vise plus l’efficacité et l’efficience au niveau des différents ordres d’enseignement.

Mais, ce n’est pas la première fois qu’on en parle. Déjà au début des années 2000, c’est ce qui avait été évoqué pour justifier la refondation de l’université…Plus de vingt ans après, le nombre des étudiants chômeurs n’a jamais été aussi élevé que maintenant…

C’est clair et il n’y a pas de doute que notre système éducatif, hérité de la colonisation, souffre d’un problème d’adaptabilité aux réalités ou aux besoins de nos sociétés et ceci depuis les indépendances ; il est plus théorique du genre bureaucratique que pratique. Tout apprenant espère, au terme de son cursus scolaire ou académique, pouvoir être dans un bureau assis sous un climatiseur. Même se rendant compte des difficultés qui poignent à l’horizon, les apprenants ne sont pas prêts à se raviser et à envisager autrement leur avenir. À chaque fois que l’occasion m’est donnée d’être avec un groupe d’étudiants, je les ai toujours taquinés pour requérir leur avis sur leur devenir. Il en ressort qu’aucun n’est prêt à retourner au travail de la terre et dans une rase mesure, quelques-uns s’intéressent aux activités commerciales Et c’est dommage et grave. Il est impératif d’abandonner ce système qui secrète sans cesse des diplômés sans emploi et de se tourner vers un système plus pratique qui permettrait à l’apprenant de savoir faire quelque chose de ses doigts une fois que les études vont s’interrompre. Ceci n’est que ma pauvre et naïve lecture des choses du système éducatif Burkinabè.

Actuellement, dans certains milieux, il ne fait pas bon être intellectuels ou diplômés, traités de tous les noms d’oiseaux… Comprenez-vous cela ?

C’est simplement regrettable et malheureux cette aversion contre les intellectuels et/ou diplômés ; c’est même très dangereux en ce sens que c’est ‘’efforticide’’,’’laborieuticide’’, ‘’ambitieuticide’’ donc entretient une paresse intellectuelle. C’est précisément ce que dénonçait Gide, A. quand il écrivait : « les idées nettes sont les plus dangereuses parce qu’alors on ne peut plus en changer et c’est là une anticipation de la mort ». Il dénonce ainsi la fixité, la rigidité des idées ; une fois une idée est fixée de manière définitive, il devient difficile de la remettre en question ou de la changer. Cette rigidité mentale peut être vue comme une forme de stagnation ou de mort intellectuelle, puisqu’elle empêche l’évolution et l’adaptation de la pensée tuant par la même occasion l’ambition, l’effort, le labeur, etc.

Pour tout homme équilibré mentalement, qui jouit de sa faculté de juger, qui a le sens de l’objectivité, toute guerre contre les intellectuels et/les diplômés ne peut que paraître totalement absurde voire paradoxale, puisque l’intellectuel et/ou le diplômé sont incontournables dans nos sociétés ; il n’y a pas de domaine sans intellectuel et/ou diplômé. Ils constituent le phare de nos sociétés, de l’État. Ils se présentent comme un couteau à double tranchant, c’est-à-dire qu’ils sont capables du meilleur comme de son contraire, le pire. Il vaut toujours mieux de les avoir avec soi que de les avoir contre soi. Penser sincèrement qu’on peut se passer des intellectuels et autres diplômés, c’est le niveau le plus bas de la réflexion, c’est de la niaiserie dont on ne peut rien attendre de bon. Les armes que nous utilisons pour nous défendre, pour nous protéger, les industries de transformation de nos matières brutes, le pouvoir exécutif, judiciaire, législatif, l’éducation et la santé des populations, etc. sont le fait de diplômés. En tout état de cause, un système repose sur une idéologie qui, pour s’imposer, a besoin d’intellectuels et de diplômés pour la promouvoir. Qu’est-ce qu’on veut nous faire croire ? À mon humble avis, il faut dépassionner les débats. La défense d’un système ou d’une idéologie, c’est l’apanage des intellectuels et/ou diplômés ; jamais dans l’histoire de l’humanité on a vu des ‘’non-intellectuels’’ et des ‘’non-diplômés’’ prendre la parole pour défendre un système, une idéologie quelconque dont ils ne savent ni ne comprennent absolument rien ; c’est comme demander à un aveugle d’indiquer un chemin à un voyant ou demander à un sourd d’enseigner la notion de son à celui qui jouit de ses facultés auditives. C’est absurde. En clair, la guerre ou la haine contre les intellectuels et/ou diplômés relève de l’émotion, de la passion qui sont des états d’esprit qui privent leurs auteurs de la lucidité, du sens de l’objectivité, de la mesure.

Est-ce que ce discours ambiant anti-diplômés ne va pas à l’encontre de la promotion de l’école, une société progressiste est-elle possible sans l’école ?

De mon humble point de vue, il n’y a pas de contradiction entre le discours ambiant anti-diplômés et la promotion de l’école lorsqu’on se réfère aux nouveaux curricula où il n’est plus question de diplôme mais d’acquisition de compétences par les apprenants.

En réalité, les anti-diplômés ne sont pas contre l’école. Ils sont plutôt contre ce système qui forme des diplômés qui ne savent rien faire de leurs doigts, des diplômés sans aucune compétence. L’école quelle qu’elle soit, est le temple du savoir par conséquent toute société qui veut progresser, aller de l’avant ne saurait s’en passer. En d’autres termes, une société progressiste n’est point possible sans école. En tout cas, je n’ai pas connaissance d’un contre-exemple, c’est-à-dire une société qui a réussi à progresser sans école.

Pour justifier cette aversion contre les diplômés, certains évoquent leur manque de patriotisme. Est-ce que ce volet est vraiment pris en compte dans le cadre des réformes en cours ?

Je crois savoir que les réformes en cours dans le domaine de l’éducation ont pris en compte l’idée de susciter et de développer le patriotisme chez les jeunes, les fers de lance de la nation Burkinabè à travers l’instauration de l’enseignement de l’éducation civique au post primaire et secondaire.

Vous êtes un expert d’une discipline qui étudie beaucoup la politique. Peut-on faire de la politique sans être patriote ? D’abord, philosophiquement, c’est quoi la politique ?

Question pleine d’intérêt. Philosophiquement, politique vient de polis qui veut dire cité. La politique, c’est l’art de gérer la cité, la société afin d’offrir aux hommes un cadre de plein épanouissement. Et l’expression ‘’faire la politique’’ pourrait désigner le fait de s’engager dans un parti politique, d’être militant d’un parti politique qui vise à conquérir le pouvoir politique et à l’exercer au niveau local et/ou central. Ceci dit, toute personne faisant la politique devrait aimer par-dessus tout sa patrie donc on ne devrait pas faire la politique sans être patriote. Hélas, l’histoire nous enseigne tout le contraire principalement dans les États d’Afrique noire francophone et c’est déplorable. Des dirigeants s’y sont tristement illustrés ; quand ils ont le pouvoir ou ils sont au pouvoir, ils s’adonnent aux excès aux dépens de leur patrie et compatriotes à travers les pillages des ressources, des détournements, la corruption, des infrastructures réalisées au rabais plongeant l’état dans un cycle d’éternel recommencement. Il y en a même qui poussent leur apatridie loin, prêts à toute sorte de compromission pour faire brûler leur pays dès qu’ils perdent le pouvoir. Ce sont là des exemples de comportements qui démontrent ou prouvent à souhait qu’il existe hélas bel et bien des gens qui font la politique sans être patriotes. Seul importe, à leurs yeux, leur ventre ; l’avenir et le devenir de leur descendance, de leur patrie, ils n’en ont que faire. C’est tout simplement de l’égoïsme et de l’égocentrisme surdimensionnés, effrénés.

On entend dire aussi quand on étudie la philosophie, on est destiné à faire de la politique. Qu’en pensez-vous et quelle est votre expérience, si vous en avez ?

L’idée selon laquelle étudier la philosophie conduit à faire la politique ne me semble pas fondée ; il suffit de faire le tour de nos universités et lycées pour s’en convaincre. Le nombre de collègues politiquement engagés est très infime, j’allais même dire que l’exception, c’est de faire la politique. Et moi, je m’inscris dans cette exception. J’ai été un militant actif d’un parti politique où j’ai occupé le poste de secrétaire à la formation politique et morale du bureau provincial ; aux élections municipales de deux mille seize, j’ai été élu conseiller municipal de mon secteur. Le parti, malgré sa majorité simple, n’a malheureusement pas réussi à avoir le contrôle de l’exécutif, communal à cause des guéguerres de positionnement, les querelles intestines et byzantines. Ce séjour politique est une expérience pour moi qu’il fallait. Il m’a permis de découvrir une autre dimension de la connaissance de l’autre que mon simple statut d’être social et d’enseignant de philosophie ne pouvaient me le permettre.

En sus, je fus mis à la disposition de la Mairie de Banfora par le Maire suite un compromis où j’ai chapeauté la direction des matières transférées. Ce fut une autre grande expérience très enrichissante qui m’a permis de comprendre le processus de transfert des ressources et compétences aux collectivités territoriales, de connaître les domaines transférés, etc.

Politique et philosophie font-elles oui ou non bon ménage ?

Cette question m’a toujours été posée par mes élèves quand j’étais encore en classe et même par des collègues et amis qui s’intéressent à la philosophie. Comme vous le savez, chez nous en philosophie, face à de telles questions, il nous est difficile de répondre de prime abord par un ‘’oui’’ ou par un ‘’non’’. En théorie, on est tenté de répondre par l’affirmative que politique et philosophie sont compatibles. En ce sens que toutes deux poursuivent la réalisation du plein épanouissement de l’homme, la défense des valeurs qui caractérisent l’espèce humaine, l’égale dignité des hommes par-delà les différences naturelles et sociales. Cependant, dans les faits, les deux ont tendance à se donner dos-à-dos ; quand par exemple la politique bascule dans la démagogie, la violence, la malhonnêteté, les intrigues de tous ordres, la philosophie s’égare. La philosophie, faut-il le rappeler, c’est la probité, la recherche sempiternelle de la vérité, la transparence, la conviction par la raison, la force de l’argumentation et jamais l’argument de la force comme on le voit malheureusement dans nos États. Un ‘’philosophe’’ qui s’engage en politique, il lui faudrait s’inféoder aux principes et objectifs poursuivis politiquement donc s’aliéner aux valeurs politiques. C’est sans contredit qu’un tel ‘’philosophe’’ souffrira au milieu des politiciens véreux, rapaces, toujours prêts au mal dès qu’ils ont l’occasion. On peut en déduire que politique et philosophie ne font pas bon ménage.

Entretien réalisé par Philippe Martin

Burkina Demain

Burkina : Gros plan des académiciens sur l’agroécologie

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Les académiciens du Burkina face à la presse le 17 octobre dernier à Bobo

A l’issue d’une caravane de presse tenue du 14 au 17 octobre 2024 ayant aux hommes et femmes de saisir les différentes de l’agroécologie au Burkina Faso, les académiciens ont animé jeudi dernier à Bobo Dioulasso une conférence de presse pour donner des éclairages sur les tenants et aboutissants de leur initiative qui a permis de faire un gros plan sur les pratiques agroécologiques dans le pays.

Des conférenciers face aux journalistes, de gauche à droite : Dr Dramane Coulibaly, facilitateur national ; l’académicienne Dr Nicole Ouédraogo et l’académicien Dr Souleymane Ouédraogo

«Par cette initiative, nous souhaitons que les hommes de médias puissent, de par leurs plumes puissent : influencer les consommateurs qui à leur tour peuvent tirer la production car, ce sont eux les premiers concernés par la qualité des produits agricoles mis sur le marché de la consommation ; sensibiliser les leaders d’opinions sur les avantages de l’agroécologie, également sur les limites et les dangers du modèle agricole actuel, et sur les alternatives qui existent ; montrer que l’agroécologie vise plusieurs défis», Dr Nicole Ouédraogo, économiste- gestionnaire et  l’une des cinq académiciens du Burkina Faso dans la déclaration liminaire de la conférence de presse.

Défi alimentaire et autres…

Dr Nicole Ouédraogo a exhorté à une unité d’action sur cette question de l’agroécologie au Burkina Faso

Et de poursuivre, énumérant ces nombreux défis de l’agroécologie : «le défi de l’alimentation : il s’agit de satisfaire les besoins alimentaires grâce à une production de qualité, en qualité adéquate et dans le respect de la souveraineté alimentaire ; le défi de la santé : il vise tant la santé des agriculteurs que celle des consommateurs ; le défi économique : il consiste à garantir l’avenir de l’agriculture Burkinabè à travers la rentabilité des exploitations, une augmentation du radio ;

le défi social : il impose de préserver, voire créer, des emplois attractifs et de qualité, en activant la formation, la revalorisation de l’image du métier d’agriculteur ; le défi sociétal : il s’agit de répondre aux attentes de la société et à leurs évolutions en termes de qualité de l’alimentation, en adaptant les modalités de production, de transformation et de distribution ainsi que la logique».

Défis environnemental, technique…

Pour l’académicien Dr Souleymane Ouédraogo, l’agroécologie ne relève pas des organismes génétiquement modifiés

Et ce n’est pas tout : «le défi environnemental : il implique de restaurer les fonctionnalités naturelles des écosystèmes (sols, milieux aquatiques…) pour mieux utiliser les interactions biologiques et leurs potentiels en réduisant les apports d’intrants chimiques et la consommation d’énergies non renouvelables ; le défi territorial : il s’agit de réaffirmer la vocation alimentaire et le lien à la terre de l’agriculture qui doit contribuer au dynamisme des territoires et à la préservation voire l’amélioration des paysages ;

le défi technique : il suppose que les innovations d’ores et déjà conçues par certains pionniers, soient effectivement intégrées et diffusées par la recherche, pour contribuer à relever l’ensemble des défis». «C’est ensemble que nous pouvons mener des actions en faveur de l’agroécologie et être les acteurs de changement», a-t-elle conclu.

ALA, une initiative du ministère allemand de l’agriculture

Pour l’académicien Adama Sawadogo, point focal au Ministère de l’Agriculture, des Ressources Agricoles et Halieutiques, l’Etat est engagé en faveur de l’agroécologie au Burkina Faso

L’Académie de Leadership en Agroécologie (ALA) est une initiative du ministère allemand de l’agriculture et mise en œuvre par GIZ. L’initiative réunit des experts et expertes de sept pays d’Afrique et de l’Inde dans un programme de renforcement de capacités avec l’appui d’un groupe de coachs, en vue de contribuer fortement à promouvoir des approches agroécologiques visant à conserver les sols fertiles et à réhabilité les sols infertiles de manière intelligente sur le plan climatique et respectueuse de l’environnement.

L’initiative dans le cadre de la présente caravane a également bénéficié au niveau du Burkina Faso de l’accompagnement de plusieurs projets et programmes : le projet d’appui à la promotion de la Contribution Déterminée au niveau National (CDN) ; le projet de protection et réhabilitation des sols dégradés et renforcement des instances foncières locales (ProSol) ; les projets FAIR_Sahel et le GRET/OKDB-Tuy.

Dr Dramane Coulibaly, coordonnateur du CESAO-AI et facilitateur national des académiciens, s’est félicité des résultats de la caravane de presse

«En tant qu’initiative d’apprentissage et de mise en réseau, l’Académie renforce les capacités des individus, des organisations et des réseaux. Les participants améliorent leurs compétences en matière de leadership et acquièrent des connaissances techniques dans le domaine de l’agroécologie. Ils travaillent au sein d’équipes nationales, tout en s’inspirant des expériences d’autres pays et des pionniers de l’agroécologie», a précisé l’académicienne Nicole Ouédraogo. Elle avait à ses côtés deux autres académiciens en l’occurrence Adama Sawadogo, point focal au Ministère de l’Agriculture, des Ressources Agricoles et Halieutiques et Dr Souleymane Ouédraogo, chercher à l’INERA, et le facilitateur national, Dr Dramane Coulibaly, coordonnateur du CESAO-AI.

Faire progresser la transition agroécologique aux niveaux national et mondial

Bref, l’objectif de l’initiative, c’est de faire progresser la transition agroécologique aux niveaux nationaux et mondial. Ainsi, pendant un an, les participants de Bénin, du Burkina Faso, de l’Ethiopie, de l’Inde, du Kenya, de Madagascar et de la Tunisie s’emploient à développer leurs capacités à contribuer efficacement à une transformation socio-écologique, à apprendre la complexité et lever les obstacles au changement pour le développement de l’agroécologie. Mais, au juste, c’est quoi l’agroécologie ?

«Les interprétation de l’agroécologie peuvent varier en fonction des perspectives individuelles de chaque acteur. Toutefois, les acteurs s’accordent à dire que l’agroécologie est mieux comprise à travers une triple perspective : une discipline scientifique, un mouvement social et un ensemble de pratiques agricoles», a explicité Dr Ouédraogo dans la déclaration liminaire des cinq académiciens du Burkina. «L’agroécologie n’est pas de l’agriculture biologique et ne relève des Organismes génétiquement modifiés», ont indiqué pour leur part, respectivement les académiciens Adama Savadogo et Souleymane Ouédraogo.

Du reste, les journalistes, qui ont participé à la caravane de presse précédant la présente conférence de presse, ont pu toucher du doigt les réalités et différentes facettes des pratiques agroécologiques au Burkina Faso. De Loumbila à Panamasso en passant par Yabasso, Houndé, Makogniedougou, Yanaba, ils ont en effet vu en grandeur nature la complexité, la diversité, les opportunités, les défis de l’agroécologie au Burkina Faso. Nous y reviendrons.

Martin Philippe

Burkina Demain

Addis-Abeba : L’historique Maison de l’Afrique inaugurée

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Après des années de rénovations intensives, la Maison de l’Afrique (Africa Hall), lieu de naissance emblématique de l’Organisation de l’unité africaine, est inauguré. Sollicité par l’Empereur Hailé Sélassié Ier, le chef d’œuvre moderniste d’Arturo Mezzèdimit de 1961 a été pensé comme un espace où les Africains pouvaient se réunir pour délibérer sur des questions urgentes telles que l’indépendance, la liberté, le développement et un avenir meilleur. Communiqué.            

«L’historique Maison de l’Afrique sera inaugurée – Réflexion sur le passé et le présent de l’Afrique et un regard sur un avenir durable

Addis-Abeba, le 19 octobre 2024 (CEA)– Après des années de rénovations intensives, la Maison de l’Afrique (Africa Hall), lieu de naissance emblématique de l’Organisation de l’unité africaine, est inauguré. Sollicité par l’Empereur Hailé Sélassié Ier, le chef d’œuvre  moderniste d’Arturo Mezzèdimit de 1961 a été pensé comme un espace où les Africains pouvaient se réunir pour délibérer sur des questions urgentes telles que l’indépendance, la liberté, le développement et un avenir meilleur.

En tant que siège de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), elle a accueilli d’innombrables conférences depuis la signature en 1963, de la Charte de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) par les chefs d’État africains portant création de l’OUA, l’ancêtre de l’Union africaine (UA). La signature de la charte en ce lieu (Africa Hall) est considérée comme une réalisation importante d’unité pour l’histoire postcoloniale de l’Afrique.

Alors que les tentatives de rénovation avaient réellement commencé au cours des années précédentes où les anciens secrétaires exécutifs avaient plaidé en faveur d’un financement pour réhabiliter ses structures en ruine, c’est lors du 50ème anniversaire de la CEA que l’initiative de rénovation de la Maison de l’Afrique en tant que « Monument de l’histoire de l’Afrique » a été lancée en collaboration avec l’UNESCO, la Commission de l’Union africaine et le Gouvernement éthiopien.

La CEA, avec le soutien d’experts nationaux et internationaux, a achevé l’étude de faisabilité et la conception en 2014 et la 70ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies a approuvé le projet de rénovation, confiant à la CEA sa mise en œuvre.

Grâce à un plan de rénovation et à une vaste campagne de sensibilisation auprès des États membres, une cérémonie d’inauguration a amplifié son importance culturelle en tant que patrimoine ambitieux avec un potentiel touristique pour l’Éthiopie, au-delà de l’un des lieux de conférence les plus modernes et malgré la pandémie de COVID-19, les travaux de rénovation se sont poursuivis et la Maison de l’Afrique est progressivement devenu un établissement moderne, avec un nouveau centre de visiteurs et une exposition permanente et a conservé la vision architecturale et artistique des années 60.

Les contributions volontaires d’États membres tels que le Mali et le Portugal ont contribué à améliorer la rénovation. Par exemple, le Portugal a contribué à la restauration du Triptyque du Maître éthiopien Afework Tekle, un chef-d’œuvre artistique en vitrail qui se dresse à l’entrée de la Maison de l’Afrique sur le thème de « La libération totale de l’Afrique ». Sur ordre du feu Empereur éthiopien Hailé Sélassié Ier et inaugurée en 1961, ces vitraux de 150 mètres carrés résument les défis, les aspirations et l’avenir de l’Afrique. Les experts saluent ce chef-d’œuvre comme «une représentation extraordinaire de l’âme du continent, qui, au fil des années, s’est efforcé de revendiquer son propre destin ». D’autres œuvres artistiques se trouvent au sein de la Maison de l’Afrique, offertes principalement par les États membres.

Après l’inauguration, des évènements parallèles auront lieu et se clôturont par la Journée des Nations Unies, le 24 octobre.

 

Pour des photos, des vidéos et des moments historiques clés, rendez-vous sur : https://africahall.uneca.org

L’inauguration en images et en direct sur : https://webtv.un.org/en/asset/k11/k11zas88cf

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Section de la communication

Commission économique pour l’Afrique

B.P. 3001

Addis-Abeba

Éthiopie

Tél : +251 11 551 5826

Email : eca-info@un.org

 

Requêtes médias :

CEA : Sophia Denekew, Relations médias de la CEA : denekews.uneca@un.org

En savoir plus : https://africahall.uneca.org

 

-Fin-

À propos de la CEA

Créée en 1958 par le Conseil économique et social (ECOSOC) des Nations Unies, la CEA est l’une des cinq commissions régionales de l’Institution et a pour mandat d’appuyer le développement économique et social de ses États membres, d’encourager l’intégration régionale et de promouvoir la coopération internationale pour le développement de l’Afrique.

 

Composée de 54 États membres, la Commission économique pour l’Afrique (CEA) joue un double rôle en tant qu’organisme régional de l’Organisation des Nations Unies (ONU) et en tant que partie intégrante du paysage institutionnel régional en Afrique.

 

Pour plus d’informations, rendez-vous sur : www.uneca.org

 

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La Section des communications

Commission économique pour l’Afrique

BP 3001

Addis-Abeba (Éthiopie)

Tél. +251 11 551 5826

Adresse électronique : eca-info@un.org»

Afrique : Réformer l’éducation pour permettre une croissance plus rapide et inclusive

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Selon la dernière édition du rapport Africa’s Pulse, qui paraît ce lundi 14 octobre, sous le titre «Transformer l’éducation pour une croissance inclusive », deux facteurs sont essentiels pour parvenir à relancer la croissance : il faut, d’une part, stabiliser les économies et, d’autre part, transformer l’éducation de manière à doter une main-d’œuvre en plein essor de bases de connaissances plus solides et de compétences en adéquation avec les attentes du marché du travail. Communiqué de Presse.

«Il est urgent de réformer l’éducation pour permettre une croissance plus rapide et inclusive en Afrique

WASHINGTON, 14 octobre 2024 – Malgré les signes d’une reprise économique fragile, la croissance s’enlise en Afrique subsaharienne, menaçant de laisser de côté un grand nombre de jeunes. Selon la dernière édition du rapport Africa’s Pulse, qui paraît aujourd’hui sous le titre « Transformer l’éducation pour une croissance inclusive », deux facteurs sont essentiels pour parvenir à relancer la croissance : il faut, d’une part, stabiliser les économies et, d’autre part, transformer l’éducation de manière à doter une main-d’œuvre en plein essor de bases de connaissances plus solides et de compétences en adéquation avec les attentes du marché du travail.

D’après les prévisions de la 30e édition du rapport économique semestriel de la Banque mondiale sur l’Afrique subsaharienne, l’activité régionale devrait croître de 3 % en 2024, contre un point bas de 2,4 % en 2023, principalement grâce à la hausse de la consommation et de l’investissement privés. L’inflation devrait s’atténuer, pour passer de 7,1 % en 2023 à 4,8 % cette année, sous l’effet de politiques monétaires et budgétaires plus strictes, de la stabilisation des devises et d’une diminution des perturbations d’approvisionnement.

Cette reprise est toutefois insuffisante pour sortir des millions de personnes de la pauvreté. La croissance du PIB par habitant reste atone, à 0,5 % seulement en 2024, contre une moyenne de 2,4 % sur la période 2000-2014. Les conflits, le changement climatique et l’explosion des coûts du service de la dette sont autant de freins aux progrès. En 2024, le service de la dette absorbera 34 % des recettes publiques dans la région, au détriment des investissements productifs.

«Les gouvernements africains progressent dans leurs efforts de stabilisation des finances et de réduction des déficits budgétaires, souligne Andrew Dabalen, économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique. Mais le lourd fardeau de la dette limite leurs investissements dans des secteurs cruciaux comme l’éducation, la santé et les infrastructures, qui sont essentiels pour une croissance inclusive à long terme»

La population en âge de travailler augmente à un rythme plus rapide en Afrique que dans les autres régions, à la faveur des progrès de ces vingt dernières années dans la réduction de la mortalité infantile. Or, l’Afrique subsaharienne est aussi la région du monde qui consacre le moins de dépenses par habitant à l’éducation. Les auteurs d’Africa’s Pulse estiment que, pour parvenir à une éducation universelle d’ici 2030, les systèmes éducatifs devraient absorber environ 170 millions d’enfants et d’adolescents supplémentaires, ce qui nécessiterait la construction d’environ 9 millions de nouvelles salles de classe et le recrutement de 11 millions d’enseignants.

Le défi est de taille, mais la région a déjà accompli des avancées importantes : à l’heure actuelle, 270 millions d’enfants sont scolarisés dans le primaire et le secondaire, et les taux d’achèvement des études primaires se sont considérablement améliorés depuis 2000.

«À l’avenir, les jeunes Africains devront être bien instruits et correctement qualifiés pour avoir accès à des emplois de meilleure qualité et tirer parti des débouchés créés par l’économie numérique et la transition verte, » explique Dabalen. Une planification fondée sur des données probantes et des dépenses intelligentes seront essentielles pour élargir l’accès à l’éducation tout en améliorant les résultats en matière d’apprentissage et d’emploi. »

Actuellement, en Afrique subsaharienne, sept enfants sur dix n’ont pas accès à un enseignement préprimaire, et moins de 1,5 % des jeunes âgés de 15 à 24 ans suivent une formation professionnelle, contre 10 % dans les pays à revenu élevé. Il est indispensable de combler ces lacunes pour permettre à l’Afrique subsaharienne de réaliser tout son potentiel économique et d’assurer une croissance durable et inclusive. Il est également essentiel de soutenir l’entrepreneuriat et les nouvelles startups, de permettre aux petites entreprises de se développer ainsi qu’attirer des entreprises établies, afin que les titulaires de diplômes qualifiés trouvent des opportunités d’emploi attractives lorsqu’ils entrent et progressent sur le marché du travail.

Contacts :

À Washington :      Caitlin Berczik, (202) 4568-9351, cberczik@worldbankgroup.org

À Pretoria : Lavinia Englebrecht, +2773 267 6073 lengelbrecht@worldbankgroup.org» 

Blocus au Pont de Tarfila : La fin du calvaire annoncée pour bientôt !

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Depuis un mois environ, le trafic routier de la nationale n°7 s’est trouvé bloqué pour cause de la forte dégradation du pont de Tarfila, une localité située à 8 km du ucentre-ville de Banfora, chef-lieu des Cascades.

En effet, ce blocage serait occasionné par la montée considérable du niveau de l’eau de part et d’autre du pont qui est resté endommagé jusqu’à nos jours. Ainsi, l’état du pont se dégradait au fil de ces jours. Dès les premiers instants, les services des infrastructures avaient tenté d’apporter des solutions en utilisant de gros cailloux de granite afin de maintenir le pont. Cependant, il n’a pu résister face au courant torride de l’eau qui l’a fait céder définitivement. Ces vagues de pluies n’ont aussi pas épargné les chemins de fer.

Suite à des pluies incessantes et successives

Submersion du pont de Tarfila due à la montée du niveau de l’eau.

La submersion du pont est survenue suite à des pluies incessantes et successives qui ont persisté presqu’une dizaine de jours sans relâche dans cette localité. Les conséquences d’une telle situation ne sont pas des moindres pour les usagers infortunés et surtout les gros porteurs de marchandises et autres.

Tout comme du spectacle, c’est une longue file de camions remorques et autres qui ont stationné à partir de Tarfila jusqu’à Banfora. Plusieurs artères de la ville ont également été occupées par des camions

«A quand la fin du calvaire ? »

Les camions transportant des marchandises et stationnés à perte de vue depuis Tarfila jusqu’à Banfora.

«À quand la fin de ce calvaire ?»  À cette question que se posent les usagers, Madi Ouédraogo, Directeur régional des Infrastructures des Cascades, rassure quant à la résolution du problème dans les jours à venir : «Du matériel et des engins sont déjà arrivés. Pour ce qui est du délai d’exécution, cela ne saurait tarder dès que les techniciens démarreront les travaux».

L’état actuel du pont

En rappel, une dernière note du Gouverneur des Cascades, Badabouè Florent Bazié, en date du 8 octobre dernier, prévenait déjà les usagers et surtout l’ensemble de la population sur l’état défectueux du pont de Tarfila.

Par cette occasion, il les a invités à une plus grande prudence à ces encablures. Également, cette même note indiquait l’itinéraire Kiribina (route de Sindou RR2)-Lemouroudougou-champs de canne à sucre-Bérégadougou-embranchement RN7 et vice-versa à emprunter en attendant la construction du pont.

Un pont vieil de 40 ans

L’eau a quand même depuis coulé sous le fameux pont, avec notamment une baisse de niveau perceptible

Mais, à ce jour, cette déviation constitue la croix et la bannière pour les multiples usagers qui se sont retrouvés embourbés à certains endroits. De telles situations recommandent vivement l’esprit de civisme, a-t-il mentionné.

Par ailleurs, de sources concordantes ont précisé que ce pont qui vient d’être endommagé avait été construit vers 1984.

Soumaïla Soma, Banfora

Burkina Demain

Cascades: La coordination des communautés étrangères chez Sa Majesté Fadouga II

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La coordination des communautés étrangères vivant à Banfora, chef-lieu des Cascades, a rendu, le dimanche 6 octobre dernier, une visite de courtoisie à Sa Majesté Fadouga II, chef de Canton de Banfora.

Des communautés originaires de plusieurs pays frères d’Afrique vivent dans la région des Cascades. Elles viennent entre autres de pays comme le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Mali, le Sénégal et la Guinée Conakry. La coordination de ces communautés étrangères était le 6 octobre dernier chez Sa Majesté Fadouga II, chef de Canton de Banfora.

Une visite de courtoisie au Chef de Canton de Banfora

Sa Majesté Fadouga II, chef de canton de Banfora

Il s’agit une visite de courtoisie au chef de Canton de Banfora. «Nous sommes là dans le cadre d’une visite de courtoisie à Sa Majesté. Un autre aspect non- moins important de notre visite chez le chef de Canton, c’était de lui présenter le nouveau bureau exécutif de notre coordination, vu que nous vivons sur la terre de Banfora. Également, nous sommes venus demander des bénédictions auprès de Sa Majesté pour continuer à travailler pour le maintien du vivre ensemble et de la cohésion sociale. Concernant la cohabitation entre les communautés vivantes et le pays d’accueil, le Burkina Faso, nous nous réjouissons du bon accueil. Donc, il nous faut mieux avancer avec les autres communautés y compris celles coutumières et religieuses», a indiqué Namoun Pandam Jean Bamok, Président de la coordination.

Photo de famille avec Sa Majesté Fadouga II chef de canton de Banfora

«Comme activité menée après la naissance de la coordination et la mise en place du bureau exécutif, nous avons pu commencer la sensibilisation entre les différents pays. Nous n’avons aucun problème car nous sommes très bien accueillis et en plus nous sommes considérés. Et si vous voyez aujourd’hui que nous parlons de la naissance de la coordination des communautés étrangère vivantes de la région des Cascades, c’est le pays d’accueil qui a permis de nous sentir libres et organiser cette structure pour que nous puissions ensemble participer à cette cohésion sociale. Par cette occasion, nous remercions gracieusement le pays d’accueil pour tout son accompagnement», a-t- il poursuivi.

Créée le 21 septembre 2024

La coordination des communautés étrangères vivant à Banfora a été créée le 21 septembre 2024 pour faciliter les relations interpersonnelles des différentes communautés. Selon son Président Namoun Pandam Jean Bamok, la coordination a été mise en place pour la cohésion sociale, le partage entre les pays d’Afrique et surtout le vivre-ensemble.

Pour rappel, elle est composée des ressortissants de pays comme le Togo, le Bénin, le Sénégal, le Ghana, le Mali, la Côte d’Ivoire et la Guinée.

Soumaïla Soma, Banfora

Burkina Demain