La déclaration a été adoptée le mercredi 8 juin 2016 au cours d’une réunion de haut niveau de l’AG de l’ONU

Au cours de l’Assemblée générale extraordinaire des Nations Unies sur la fin du sida tenue du 8 au 10 juin 2016 à New York, les Etats de la planète ont adopté un agenda historique et prioritaire destiné à accélérer les efforts pour en finir avec l’épidémie de sida d’ici à 2030. La Déclaration politique de cette AG extra. de l’ONU dont nous vous proposons les points saillants ici, fournit également un mandat global pour booster la riposte au Sida au cours des cinq prochaines années.

La déclaration a été adoptée le mercredi 8 juin 2016 au cours d’une réunion de haut niveau de l’AG de l’ONU
La déclaration a été adoptée le mercredi 8 juin 2016 au cours d’une réunion de haut niveau de l’AG de l’ONU

Les dirigeants mondiaux s’engagent atteindre les trois objectifs existants et 20 nouveaux objectifs d’accélération d’ici 2020, notamment la multiplication par deux du nombre de personnes sous traitement anti-VIH et l’accès universel aux services de prévention. Des engagements ambitieux que salue l’ONUSIDA.
«Les dirigeants internationaux ont reconnu qu’aucun pays n’avait mis fin au sida et qu’aucun pays ne pouvait se permettre de reculer dans la riposte au VIH. Alors que les États membres commencent à mettre en œuvre l’Agenda 2030 pour le développement durable, tous ont admis que mettre fin à l’épidémie de sida d’ici 2030 ne serait possible que si les objectifs de la stratégie Accélérer sont atteints d’ici 2020.

Les objectifs et les engagements adoptés dans la Déclaration politique sur la fin du sida, intitulée Accélérer la riposte pour lutter contre le VIH et mettre fin à l’épidémie de sida d’ici à 2030, guideront le monde pour mieux appréhender les liens critiques existant entre santé, développement, injustice, inégalité, pauvreté et conflits.

Une vision partagée

La Déclaration politique 2016 appelle le monde à atteindre les objectifs suivants dans le cadre de l’Agenda 2030 pour le développement durable :
1.Ramener à moins de 500 000 le nombre de nouvelles infections à VIH dans le monde d’ici 2020 ;
2.Ramener à moins de 500 000 le nombre de décès liés au sida dans le monde d’ici 2020 ;
3.Éliminer la stigmatisation et la discrimination liées au VIH d’ici 2020.

La Déclaration politique affirme que ces objectifs ne pourront être atteints qu’avec un leadership fort et l’implication des personnes vivant avec le VIH, des communautés et de la société civile.

Multiplier par deux le nombre de personnes sous traitement

Fin 2015, le nombre de personnes sous traitement anti-VIH a atteint 17 millions, soit plus que l’objectif de 15 millions de personnes fixé pour 2015. Les dirigeants se sont engagés à faire en sorte que 90 % des personnes (enfants, adolescents et adultes) vivant avec le VIH connaissent leur état sérologique vis-à-vis du VIH, que 90 % de ces personnes soient sous traitement antirétroviral et que 90 % des personnes sous traitement aient une charge virale indétectable.

Les pays se sont également engagés à agir rapidement pour remédier au faible taux de couverture de traitement chez les enfants vivant avec le VIH.
1.Atteindre la cible de traitement 90-90-90 pour faire en sorte que 30 millions de personnes vivant avec le VIH puissent accéder au traitement d’ici à 2020.
2.Faire en sorte que 1,6 million d’enfants vivant avec le VIH aient accès au traitement antirétroviral d’ici à 2018.

Accélérer la prévention de proximité

Les objectifs de prévention du VIH encouragent les pays à promouvoir l’accès à des services de prévention anti-VIH complets adaptés aux différents besoins pour toutes les femmes et les adolescentes, les migrants, les populations clés, à savoir professionnel(le)s du sexe, hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, consommateurs de drogues injectables et personnes transgenres, ainsi que les détenus. Des efforts spécifiques seront entrepris pour intensifier les actions de proximité dans les lieux où la transmission du VIH est élevée, avec des services pour les populations généralement plus exposées au risque d’infection.

La Déclaration politique reconnaît l’importance du lieu et de la population concernés, car l’épidémie est différente dans chaque pays ou région, et elle encourage l’action régionale et la responsabilisation en fixant des objectifs régionaux pour la prévention et le traitement pour les enfants, les jeunes et les adultes, notamment :
3.Donner accès à toutes les femmes, adolescentes et populations clés à des services complets de prévention du VIH, y compris des programmes de réduction des risques, d’ici à 2020 ;
4.Atteindre 3 millions d’individus à haut risque d’infection à VIH avec des programmes de prophylaxie pré-exposition d’ici à 2020 ;
5.Faire en sorte que 25 millions de jeunes hommes subissent à titre volontaire une circoncision médicale dans les régions à forte incidence du VIH et que 20 milliards de préservatifs soient distribués dans les pays à revenu faible et intermédiaire d’ici à 2020.

En revanche, la Déclaration politique n’apporte pas la visibilité requise pour les populations clés les plus touchées dans les différentes régions.

Mettre fin aux nouvelles infections à VIH chez les enfants

L’engagement d’éliminer les nouvelles infections à VIH chez les enfants et d’assurer la santé et le bien-être durables de leurs mères est réaffirmé dans la nouvelle Déclaration politique, en mettant l’accent sur le fait d’assurer aux mères l’accès à un traitement antirétroviral immédiat et tout au long de leur vie.
6.Éliminer les nouvelles infections à VIH chez les enfants en réduisant les nouvelles infections de 95 % dans toutes les régions d’ici à 2020.

 

Nouvelle focalisation sur les femmes, les adolescentes, les jeunes et l’égalité des sexes

Chaque jour, deux mille jeunes sont nouvellement infectés par le VIH, ce qui représente un tiers de toutes les nouvelles infections, mais seulement 28 % des jeunes femmes ont une connaissance précise du VIH. Les dirigeants internationaux se sont engagés à soutenir les jeunes et à leur permettre de jouer un rôle critique dans le pilotage de la riposte en défendant le plein accomplissement de leur droit à la santé et à une éducation complète sur la santé sexuelle et reproductive et la prévention du VIH.

La Déclaration politique reconnaît également l’importance d’un accès universel à la santé sexuelle et reproductive et aux droits en matière de procréation.

Les dirigeants internationaux ont insisté sur la lutte contre l’immense fardeau de l’épidémie supporté par les femmes, en particulier les jeunes femmes et les adolescentes en Afrique subsaharienne.
La Déclaration politique s’engage à favoriser l’égalité entre les sexes, à investir dans le leadership féminin et à mettre fin à toutes les formes de violence et de discrimination envers les femmes et les filles, afin d’accroître leur capacité à se protéger du VIH. L’implication des hommes et des garçons dans ce processus est indispensable.
7.Ramener à moins de 100 000 le nombre d’adolescentes et de jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans nouvellement infectées chaque année par le VIH dans le monde d’ici à 2020.
8.Éliminer les inégalités entre les sexes ainsi que les abus sexuels et la violence sexiste.
9.Mettre fin à toutes les formes de violence et de discrimination à l’égard des femmes et des filles, comme les violences sexistes, les violences sexuelles et les violences au sein de la famille ou du couple, notamment en temps de conflit et d’après-conflit et dans les situations d’urgence humanitaire.
10.Encourager et soutenir le leadership des jeunes, élargir les programmes d’éducation complète sur la santé sexuelle et reproductive et protéger les droits des jeunes.

Toutefois, la Déclaration politique ne fixe pas d’objectif explicite en matière d’éducation complète à la sexualité, malgré le fait avéré que la majeure partie de l’épidémie se propage par la transmission sexuelle dans la plupart des régions. En Afrique subsaharienne, plus de 98 % des nouvelles infections à VIH sont le résultat d’une transmission par voie sexuelle. La Déclaration politique n’évoque pas les droits sexuels, notamment le droit à l’information, à l’autonomie, au consentement et à la non-discrimination, qui sont fondamentaux pour une riposte au sida efficace.

Le droit à la santé appartient à tous, partout

La Déclaration politique reconnaît par ailleurs que les progrès en matière de protection et de défense des droits humains des personnes vivant avec le VIH, exposées au risque et touchées par le virus sont loin d’être appropriés, et que les violations des droits de l’Homme restent un obstacle majeur à la riposte au VIH. Les États membres s’engagent à revoir et à réformer les lois susceptibles de créer des obstacles ou de renforcer la stigmatisation et la discrimination, ainsi qu’à promouvoir l’accès à des services de soins non discriminatoires, notamment pour les populations à plus haut risque d’infection, en particulier les professionnel(le)s du sexe, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les consommateurs de drogues injectables, les personnes transgenres et les détenus.
11.Revoir et modifier d’ici à 2020 les législations qui renforcent la stigmatisation et la discrimination et limitent l’accès aux services, imposent des restrictions en matière de voyage, imposent le dépistage obligatoire, ainsi que les lois punitives en lien avec la non-divulgation du VIH, l’exposition et la transmission.
12.Éliminer les obstacles, notamment la stigmatisation et la discrimination, dans les établissements de soins de santé d’ici à 2020.
13.Renforcer les systèmes nationaux de protection sociale et de protection de l’enfance pour faire en sorte que, d’ici à 2020, 75 % des personnes vivant avec le VIH, exposées au risque et touchées par le virus bénéficient d’une protection sociale prenant en compte le VIH.

Sortir le sida de l’isolement

La Déclaration politique affirme que la riposte au sida va stimuler les progrès dans l’ensemble de l’Agenda 2030 pour le développement durable. Elle appelle à la mise en place d’une couverture santé universelle et à l’accès universel à la protection sociale. En adoptant des objectifs allant au-delà du VIH, les États membres ont mis l’accent sur l’importance durable d’une approche intégrée sur toute une série de questions sanitaires, notamment la tuberculose, les hépatites B et C, le cancer du col de l’utérus, le papillomavirus humain, les maladies non transmissibles, ainsi que les maladies émergentes et celles qui réapparaissent.
14.Réduire de 75 % les nombre de décès liés à la tuberculose chez les personnes vivant avec le VIH d’ici à 2020.
15.Entrer en contact avec 90 % des personnes nécessitant un traitement antituberculeux, dont 90 % issus des populations les plus exposées, et traiter efficacement au moins 90 % de ces personnes d’ici à 2020.
16.Réduire de 30 % le nombre de nouveaux cas d’hépatite virale B et C chronique d’ici à 2020.
17.Traiter 5 millions de personnes contre l’hépatite B et traiter 3 millions de personnes contre l’hépatite C chronique d’ici à 2020.

Financer la fin du sida

Pour faire en sorte que tous ces objectifs soient atteints, les dirigeants internationaux ont pris des engagements ambitieux et concrets en matière de financement et d’attributions budgétaires effectives afin d’accélérer la riposte au sida. Les États membres ont également appelé à allouer 13 milliards de dollars à la cinquième reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Les États membres ont encouragé l’engagement stratégique renforcé du secteur privé dans le soutien des pays avec des investissements et des prestations de services destinés à consolider les chaînes d’approvisionnement, les initiatives sur le lieu de travail et la promotion sociale des produits de santé et des changements de comportement.
18.Augmenter et anticiper les investissements pour combler le manque de ressources en investissant au moins 26 milliards de dollars par an dans la riposte au sida d’ici à 2020.
19.Investir au moins un quart des dépenses consacrées au sida dans la prévention du VIH et investir au moins 6 % de l’ensemble des ressources mondiales consacrées à la lutte contre le sida dans les moyens d’action sociaux que sont la sensibilisation, la mobilisation sociale et politique, le suivi par la communauté, la communication publique et les programmes de proximité d’ici à 2020, et faire en sorte qu’au moins 30 % de toutes les prestations de services soient pilotées par les communautés d’ici à 2030.
20.Lutter contre les règlements, politiques et pratiques qui font obstacle à l’accès à des médicaments génériques et des systèmes de diagnostic sûrs, efficaces et abordables, ainsi qu’aux technologies de santé associées, y compris en assurant la pleine application des flexibilités de l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC), et renforcer les capacités régionales et locales à développer, fabriquer et fournir des produits de santé abordables de qualité certifiée.

Responsabilité et durabilité

Les États membres ont pris un certain nombre d’engagements pour renforcer le suivi et la responsabilité, en invitant à une implication plus active des personnes vivant avec le VIH, exposées au risque et touchées par le virus. Ils appellent le Secrétaire général des Nations Unies, avec l’appui de l’ONUSIDA, à continuer de fournir des rapports annuels à l’Assemblée générale et décident de convoquer une réunion de haut niveau sur le VIH et le sida dans le dessein de faire le bilan des progrès accomplis dans la riposte au sida dans ses dimensions sociale, économique et politique.

La Déclaration politique appelle également les États membres à veiller à ce que les Nations Unies et l’ONUSIDA soient à la hauteur de l’Agenda 2030 pour le développement durable.

Pour aller plus loin, les parties prenantes de la lutte contre le sida sont encouragées à intensifier la pression pour éliminer les obstacles au progrès les plus profondément ancrés et faire en sorte que la Déclaration politique puisse remplir son rôle d’instrument en faveur de la dignité et de la justice sociale.

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et Youtube.»

Burkina Demain
Source : ONUSIDA

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