Le tête à-tête de l'émissaire du roi Mohamed VI avec la présidente de la commission de l'Union africaine ce 22 septembre 2016 à New York

C’est maintenant officiel. Le Maroc veut effectuer son come-back à l’Union africaine qu’il a quitté en 1984 quand celle-ci s’appelait encore Organisation de l’Union africaine (OUA). La raison de ce départ à l’époque du royaume chérifien est relative à l’admission par l’OUA du Sahara occidental que le Maroc considérait et considère toujours comme faisant partie de son territoire.

Le tête à-tête de l'émissaire du roi Mohamed VI avec la présidente de la commission de l'Union africaine ce 22 septembre 2016 à New York
Le tête à-tête de l’émissaire du roi Mohamed VI avec la présidente de la commission de l’Union africaine ce 22 septembre 2016 à New York

C’est par une lettre remise ce jeudi 22 septembre 2016 à New York, à la présidente de la commission Dlamini Zuma que le Maroc a manifesté officiellement son intention de rejoindre l’Union africaine qu’il a quitté en 1984 quand celle-ci s’appelait encore Organisation de l’Unité africaine (OUA).
Le Royaume chérifien avait claqué la porte de l’OUA à cause de l’admission du Sahara Occidental que le Maroc considérait et considère toujours comme faisant partie de son territoire.
Un communiqué de l’Union africaine est ensuite venu confirmer la demande de réadmission soumise à l’UA par Sa Majesté Mohamed VI, roi du Maroc.

Confirmation de plusieurs mois de rumeurs

Cette officialisation de la demande de réintégration du Maroc à l’Union africaine, vient attester des rumeurs qui couraient depuis plusieurs mois sans jamais être confirmées par Rabat. Que ce soit pendant le 26e sommet de l’UA à Addis Abeba ou le 27e sommet à Kigali. L’annonce officielle aujourd’hui n’est pas fortuite. Si elle ne l’a pas été à Addis Abeba et à Kigali, il faut se dire que l’environnement n’était pas du tout favorable.
A Addis Abeba en fin janvier 2015, l’UA sous la houlette de son président Robert Mugabé et l’ONU représentée par son secrétaire général Ban-ki-moon n’avaient pas laissé de marges de manœuvre à la diplomatie marocaine. Ils avaient l’un et l’autre plaidé pour l’indépendance du Sahara Occidental, hors de tout contrôle marocain.

Ban-ki moon voulait voir le dossier sahroui aboutir

«L’ère de la colonisation était bien terminée et le Maroc ne pouvait plus continuer à maintenir le peuple sahroui sous le joug colonial. La communauté internationale et en particulier l’Union africaine dont la plupart des Etats membres ont bénéficié de la lutte pour l’émancipation des peuples, devrait faire quelque chose», avait indiqué en substance Robert Mugabé. Une vision partagée par Ban-ki-moon qui l’avait précédé à la tribune de l’UA. Le secrétaire général de l’ONU s’était même engagé à faire aboutir le dossier sahroui avant la fin de son mandat.
Voulant tenir cet engagement, le diplomate sud-coréen a dû faire preuve d’activisme débordant au point d’agacer par moments les autorités marocaines qui ne sont pas restées inactives de leurs côtés. En effet, pour maintenir ses positions sur le Sahara occidental, Rabat a par la suite lancé une grande offensive diplomatique auprès de certaines puissances onusiennes comme la Russie pour tenter de calmer les ardeurs de Ban-ki moon.
D’ailleurs, la présente demande de réintégration à l’Union africaine participe de cette offensive diplomatique du Maroc qui voudrait ainsi influencer de l’intérieur les positions de l’Union africaine sur la question. On le sait, le Maroc entretient de très bonnes relations avec plusieurs africains sub-sahariens.

Environnement international plus favorable au Maroc aujourd’hui

Aujourd’hui, plus qu’hier, l’environnement international semble plus favorable pour le Maroc. Ban-ki moon, qui va bientôt quitter ses fonctions, est en passe de perdre son bras-de-fer avec Rabat. A Hararé, Robert Mugabé est confronté depuis plusieurs semaines à des manifestations si bien que le dossier sahroui ne devrait plus être une priorité pour lui. Au niveau international, il y a comme une période de flottement qui pourrait profiter au Maroc.
A Addis Abeba, Dlamini Zuma a été obligée à rester sur place pour continuer à exécuter les affaires courantes de l’organisation continentale alors qu’elle aurait aimé bien se passer de cela, elle qui avait déjà la tête à la future élection présidentielle dans son pays. Aux Etats-Unis, le président Barack Obama apparemment attaché à la défense des intérêts des peuples, va lui aussi quitter dans quelques mois ses fonctions. En France, le président François Hollande n’est pas encore très sûr d’être reconduit à l’Elysée en mai 2017.
En Angleterre, Theresa May est loin encore d’avoir stabilisé le navire britannique après le Brexit pour se soucier des affaires sahrouies ; tout comme Angela Merkel en Allemagne, affectée depuis quelques temps par des déboires électoraux au point qu’elle a dû la semaine dernière faire son mea culpa par rapport à sa politique sur l’émigration, devenue source d’insécurité pour ses concitoyens. Enfin, ce n’est pas Xi Jinping à Pékin dont on prête des intentions expansionnistes en mer de Chine qui se mêlera de ce qu’il pourrait bien qualifier d’affaires internes au Maroc. Bref, le moment a été bien choisi par Rabat pour officialiser son intention de rejoindre l’Union africaine.

Grégoire B. Bazié
Burkina Demain

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