Idriss Déby, chef suprême des forces tchadiennes a le dos au mur

L’armée tchadienne vient de payer un autre tribut dans sa lutte contre le terrorisme en Afrique : huit de ses soldats ont péri dans une opération contre des éléments  de Boko Haram au nord-est du Nigéria. Ces pertes importantes d’hommes interviennent au lendemain d’une intervention d’Idriss Deby Itno sur trois médias français. Intervention dans laquelle le président tchadien a exprimé sans détour la lassitude de son pays d’être, en quelque sorte, le gendarme de la bande sahélo-saharienne sans soutien conséquent et que si rien n’était fait pour soulager le Tchad, ses hommes allaient bientôt se retirer des zones d’opérations militaires.

Idriss Déby, chef suprême des forces tchadiennes a le dos au mur

Après le concept de ‘’l’Amérique d’abord’’ de Donald Trump sur les engagements internationaux des Etats-unis, assistons-nous à un autre, celui de «le Tchad d’abord» sur les engagements de N’Djamena sur les fronts de lutte contre le terrorismedans la bande sahélo-saharienne ?

«Je suis absolument certain que les Tchadiens sont déçus et estiment que le Tchad en a trop fait, qu’il doit se retirer de ces théâtres là pour se protéger et éviter que la situation sociale se dégrade davantage. (…) Nous sommes arrivés au bout de nos limites. Nous ne pouvons pas continuer à être partout, au Niger, au Nigeria, au Cameroun, au Mali et surveiller 1200 kilomètres de frontière avec la Libye. Tout cela coûte excessivement cher et si rien n’est fait, le Tchad sera malheureusement dans l’obligation de se retirer. », a indiqué le président tchadien Idriss Deby Itno, à nos confrères du Monde, de RFI et de TV5. Il ajoutera même que la question du retrait est à l’étude et que l’année 2018 sera déterminante.

Avec la mort des 8 soldats…

Idriss Deby a accordé son interview avant le dernier évènement : lamort de huit soldats tchadiens dans une opération contre  les jihadistes de BokoHaram dans le Nord-est du Nigéria. Maintenant que va faire le président Deby ? C’est la question que l’on peut se poser. S’il cherchait un alibipour se désengager, il l’a.

Mais, il peut également s’en servir pour augmenter la pression sur les partenaires tchadiens et les bailleurs de fonds pour espérer obtenir ce qu’il veut, un soutien financier conséquent.

La force du Tchad devenu son Talon d’Achille

A écouter le président tchadien, son pays est en droit de réclamer un soutien conséquent de la part de ses partenaires sahéliens et internationaux. Surtout que la manne pétrolière ne coule plus. Le Tchad a déboursé sur ses propres ressources, confie-t-il, plus de 300 milliards de francs CFA  pour la lutte contre le terrorisme, «sans un soutien quelconque de l’extérieur». Ce qui faisait et fait encore la force, l’admiration chez le président Deby, c’est son engagement ferme contre le terrorisme.

Dans un contexte  de lutte généralisée contre le terrorisme en Afrique, cela a certes permis au chef de l’Etat tchadien de placer son ex-ministre des affaires étrangères Moussa FakiMahamat à la tête de la Commission de l’Union africaine. Mais, l’effondrement des cours du pétrole a fini par convaincre l’homme fort de N’Djamena de l’impossibilité de tenir encore pendant encore longtemps ce rôle de gendarme de la bande sahélo-saharienne, sans soutiens externes.

Mathias Lompo

Burkina Demain

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