À Bobo-Dioulasso, difficile de passer une rue, un carrefour, un feu tricolore où un établissement financier sans voir des jumeaux avec leur mère en train de mendier. Si pour certains, ce n’est que pure superstition, d’autres par contre y voir le respect d’un rituel lié à la tradition. Mais pour des mères de jumeaux interrogées, c’est pour «survivre».

Assise devant la direction générale des douanes de l’ouest, dame Traoré et ses jumelles âgées d’environ 3 ans sont dit-elle à la recherche de la pitance quotidienne. « Nous n’avions pas à manger à la maison. Mon mari ne travaille pas. » Ainsi, avec ces jumeaux dame Traoré peut dit-elle avoir de quoi subvenir aux besoins de sa famille. « Nous pouvons avoir 1000f où 1500 f par jour. C’est avec cette somme que nous cuisinons à la maison. » laisse entendre dame Traoré.

Autre lieu et même constat. Nous sommes devant une institution bancaire de la ville de Sya. Une mère de jumeaux allaite ses enfants. Elle dit-être contrainte de sortir pour mendier par instinct de survie.  Comme dame Traoré, cette mère mendie avec ses jumeaux pour subvenir aux besoins de sa famille dit-elle.  Pour ses femmes et leurs enfants, mendier aux différents points de rue de la ville n’est pas toujours chose aisée. Ses enfants innocents sont confrontés à plusieurs phénomènes dangereux reconnaissent-elles.

Les jumeaux sont des êtres sacrés du point de la tradition

Les jumeaux sont dans la plupart des cultures africaines des personnes considérées comme mystérieuses. C’est pourquoi, dans certaines traditions, ils subissent plusieurs rites dès leur naissance. Pour Lamine Traoré traditionaliste, « les jumeaux sont des personnes sacrées. » Ils sont poursuit-il une bénédiction et un bonheur divins pour les familles.

Au regard donc de l’existence sacrée des jumeaux, plusieurs rituels leur sont dévolus. Dans certaines contrées du Burkina comme à Orodara, la capitale de la province du Kénédougou dans les Hauts-Bassins, des sacrifices s’avèrent nécessaires pour la « survie des jumeaux. » selon Lamine Traditionaliste. Pour ce traditionaliste, les rituels faits à l’endroit des jumeaux à leur naissance visent à leur « demander la raison de leur venue au monde. » Pour leur survie et leur bonne collaboration avec les autres, des sacrifices de poulets et autres rituels sont faits chaque année pour leur demander s’ils sont venus pour « le bonheur » de la famille ou pour autre chose. Lamine Traoré va jusqu’à affirmer que des jumeaux peuvent tuer leurs parents si ces rituels ne sont pas respectés.

 La tradition n’oblige pas les familles à se promener avec les jumeaux dans la rue selon Lamine Traoré

Les pratiques traditionnelles n’exigent pas que les familles se promènent avec les jumeaux pour quémander, affirme Lamine Traoré. Malheureusement déplore-t-il centaines familles utilisent cette pratique pour en font un fonds de commerce. Le traditionaliste de Orodara fait savoir que c’étaient les familles démunis qui sortaient dans le passé avec les jumeaux pour demander de l’aide. Mais force est de constater selon lui de voir de nos jours, même avec des conditions de vie moyens, des mères se promener avec leurs jumeaux pour quémander. Tradition, fonds de commerce ou pas, il est temps que les enfants jumeaux aient un cadre de vie meilleur que la rue dans la ville de Sya pour leurs pleins épanouissements.

Sotouo Justin Dabiré / Bobo

Burkina Demain

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