Le journaliste-écrivain burkinabè, Adama Bayala invite ADO à revoir sa copie par rapport au cas Soro et de ses soutiens

Ceci est une lettre ouverte du journaliste-écrivain burkinabè, Adama Bayala, au président ivoirien Alassane Ouattara (ADO) par rapport à la situation de Guillaume Soro et de ses soutiens, en proie à une injustice. Lisez plutôt !

Le journaliste-écrivain burkinabè, Adama Bayala invite ADO à revoir sa copie par rapport au cas Soro et de ses soutiens

«Monsieur le  président,

Je ne sais pas trop comment, mais mon âme a surpris mon corps attablé, en train de vous écrire.  J’ai alors convoqué mon esprit pour réprimer  cette volonté, mais en vain,  tellement l’idée de vous parler la main  sur le cœur et le cœur sur les lèvres l’emportait sur toute autre considération.

Monsieur le président, je  voudrais vous prier de pardonner mon impertinence, mon insolence  et mon audace, eu égard au ton, au canal et à la manière.

Je le dis d’autant plus que citoyen burkinabè, vivant au Burkina Faso, vous pourriez aussi être offusqué que je me mêle des affaires ivoiro-ivoiriennes.

Si j’en suis arrivé là, c’est  principalement pour trois  raisons :

-Je me définis désormais comme un citoyen du monde ; une citoyenneté acquise de haute lutte, au prix de mes capacités intellectuelles et de mon aptitude à m’inviter dans n’importe quel salon du monde, avec mes  œuvres littéraires.

-Je suis un panafricaniste jusqu’au bout des ongles qui, soixante ans après les indépendances, ne croit plus en l’avenir des micro-Etats qui n’ont de cesse d’exposer leurs tares.  Je crois en une Afrique unie et solidaire. Je dois dire que je suis né à Divo, dans le Sud-Ouest de votre pays que j’ai dû quitter seulement pour la première fois de ma vie après mon admission au baccalauréat. Il me plait d’ailleurs de noter que mes parents y vivent encore. Tout ce qui arrive à ce pays en bien ou en mal me concerne.

-J’ai des amis et frères qui croupissent, je mesure les mots, injustement, dans les cachots du désespoir. Le plus célèbre d’entre eux est l’honorable Mamadou Kanigui SORO,  garçon courage, homme de foi et de conviction qui a inspiré et guidé mes pas  dans le grand mouvement syndical que fut  la FECSI à Divo, à travers ses conseils et ses orientations. Je me rappelle encore cette  nuit d’avril 1999 où il m’avait invité dans sa chambre à  l’université de Cocody   pour un entretien qui avait duré jusqu’au cœur de la nuit, alors que j’étais là dans le cadre d’une convention syndicale.

 

Monsieur le président,

J’avoue et je le concède, peut-être naïvement, j’attendais beaucoup  de votre adresse à la Nation, en date du 31 décembre dernier. Je croyais que vous jouerez la carte de l’apaisement, en célébrant le pardon et l’amour. Ce d’autant plus qu’à  la veille,  à l’occasion de la célébration par anticipation de la Saint Sylvestre,   vous aviez entendu    l’archevêque métropolitain d’Abidjan, Jean-Pierre  Kutwa,   dans son homélie vous conjurer, au nom de Dieu, à élargir les récents prisonniers politiques.

Je croyais, monsieur le président, que vous saisirez la balle au bond, en retoquant votre discours. Que nenni ! Que nous aviez-vous servi ?  Vingt-cinq minutes durant, vous vous êtes attelé à faire un discours bilan des grandes réalisations. Vous aviez botté  en touche, en accordant que seulement quatre minutes aux récents rebondissements politiques, marqués par le retour manqué de Guillaume Kigbafori SORO, l’émission d’un mandat d’arrêt international contre lui et l’arrestation de ses compagnons de lutte.

Pendant ce temps, j’ai pu noter que vous preniez plaisir à citer nommément votre dauphin putatif, Amadou Gon Coulibaly, comme pour le mettre sur orbite. La fin des haricots, vous ignorez avec faconde le nom de SORO et KONAN  BEDIE, qui pourtant vous ont servi encore que Gon COULIBALY  d’ascenseurs vivant et vibrant pour accéder au pouvoir.

Monsieur le  président,

Vous n’êtes pas juste.

Je peux comprendre que vous aimez certains de vos enfants   que d’autres. De là à accuser ces   derniers de tous les noms d’oiseaux, en les vouant aux gémonies. Je tombe des nues.

J’aurai voulu dire  que  tout le monde pouvait le faire, sauf vous. Si vous saviez combien nous tous vous estimions !  Si vous saviez combien nous, étrangers, avions souffert à cause de vous en Côte d’Ivoire ! Si vous saviez  combien nous rêvions de vous voir gravir les plus hautes marches de la magistrature suprême, avec l’espoir que  notre misère prendrait fin ! Et avec nous, ceux qui vous ont côtoyé de près et de loin.

Je ne parlerai pas des sacrifices consentis pour vous par Guillaume SORO. C’est de notoriété publique. Mais n’oubliez surtout pas qu’en 2004 qu’une certaine  soldatesque  a voulu récupérer la rébellion pour son propre compte, il a fallu lui, Soro, pour se dresser, en votre nom, avec le viatique de ses lieutenants, contre l’imposture. Vous connaissez la suite, une saignée de   sang de Korhogo à Bouakké.

N’oubliez pas que le Président Laurent Gbagbo avait été aux petits soins de Guillaume Kigbafori SORO. Il lui donnait tout,  argent et   pouvoir, afin de le corrompre et l’ankyloser à jamais.  La preuve, vous l’accusez aujourd’hui de détournement et de blanchiment de fonds dont vous-même   auriez été bénéficiaire, à en croire ses conseils, en   2008. Si ça se trouve, croyez-vous que Laurent Gbagbo ne serait pas au fait. Il misait   tout pour se payer  la tête de Guillaume SORO. Malgré tout, il était resté inflexible et droit dans ses bottes.

Je n’oublie pas que Soro et sa bande sont allés jusqu’à renier une partie de leur humanité, notamment leur conviction idéologico-politique. Hommes de Gauche, ils ont combattu ceux des leurs, invertébrés fossoyeurs de la démocratie, au service des thèses ivoiritaires, en basculant dans les eaux fangeuses de l’idéologie libérale que vous incarnez en Eburnie.

Monsieur le président,

Vous n’êtes pas juste,

Je peux vous assurer que SORO est fidèle et franc. Avec lui, tous ceux qui ont fait le pari de le suivre. J’ai envie de dire qu’ils n’ont pas eu tort, car eux aussi sont justes et vertueux. Ils ont tellement sacrifié pour vous, leurs  rêves de gosse et leurs ambitions.

Je connais un qui serait devenu à l’heure où je vous parle professeur d’Université si son penchant irrépressible pour la justice  n’avait pas pris le dessus, dans le contexte  burlesque de l’insémination et la promotion de l’ivoirité.  Je me rappelle, comme si c’était hier ; en classe de seconde A, le professeur de Français lui avait flanqué à la suite la note de  7,  lui reprochant de reprendre les corrections des devoirs, en se fondant sur les annales. Avec l’encouragement de ses camarades de classe, il s’était expliqué avec ledit professeur. A compter de ces instants, il  avait empilé des notes supérieurs à 15 en Français, jusqu’à la fin de l’année scolaire. Il excelle dans tout ce qu’il fait. J’en veux pour preuve que c’est lui qui pilote le plus grand et le plus structuré des partis politiques proches de Guillaume SORO.             Lui, c’est Mamadou Kanigui SORO.

Monsieur le  président,

vous n’êtes pas juste, car je n’arrive pas à comprendre le musèlement de ces pauvres qui vous ont pourtant tout donné. Je n’arrive pas à comprendre votre préférence  pour ceux qui, mus par des intérêts égoïstes, fricotaient avec l’ancien régime. Il est de notoriété publique que nombre d’entre eux ont empoché des sommes mirifiques, en contractant des marchés sulfureux.  Affaire Probo koala.

Je peux vous dire que vos enfants souffrent en ce moment, pas seulement pour les nuits de peine endurées, mais aussi et surtout parce que c’est leur papa qui leur en inflige. Je suis déboussolé. Je ne pense pas qu’il en soit autrement pour l’ancien président du Faso, un de vos grands visiteurs du soir, qui ne vous comprend  visiblement plus. Derrière lui, de nombreux chefs d’Etat en exercice. Ils ont d’ailleurs appelé SORO pour s’enquérir de son état d’esprit.

Je puis vous dire que la mauvaise passe que traversent vos enfants  est une offense  à notre Dieu qui est l’émanation de la justice. « Celui qui sème l’iniquité moissonne l’iniquité, et la verge de sa fureur disparait », nous apprend-on dans Proverbe 22 : 8   Votre fils Soro le sait si bien ; vous vous souviendrez que dans sa première réaction, il a invoqué Dieu.

Monsieur le  président,

Prenez garde et évertuez-vous en permanence à cultiver la justice, le pardon et la tolérance.  Je crains fort que vous vouliez porter le combat de trop. Vous risquez de le perdre et vous le perdrez si vous vous braquez. Ceux qui disent que  Soro peut rentrer à Abidjan  s’il ne se reproche rien ont tort et vous le savez très bien. Si non, que reproche-t-on à Kanigui Soro et autres ?

Pour mémoire, je voudrais vous rappeler quelques faits historiques. Au moyen-âge, vers 1200, Soumangourou Kanté a rassemblé tous les chefs du mandé  pour combattre   les royaumes esclavagistes. De victoire en victoire, il s’est retrouvé à la tête d’une fédération d’Etat sur laquelle il imprima un pouvoir dictatorial et autocratique.

Je ne dis pas que vous  avez un parcours similaire. Ce que je sais,  vous avez remporté d’importantes victoires, celles contre l’exclusion, les présidentielles de 2010 et de 2015, la lutte contre la pauvreté etc. Pas parce que vous êtes  le plus fort,  mais parce que vous étiez du côté de la vérité.   Je sais    aussi que Soumangourou Kanté a livré une bataille de trop, celle de Kirina, en 1235, contre Soundjata Keita.

Au soir de l’époque moderne, le fondateur de l’empire  toucouleur, le vieux El Hadj Oumar Tall a trouvé la mort dans des circonstances troubles, en 1865, alors qu’il voulait infliger une correction à ses coreligionnaires peulhs du Macina pour ne lui avoir pas prêté mains fortes alors qu’il était en prise avec l’armée coloniale française.

Plus récemment, le président Compaoré, alors qu’il s’offrait à lui une retraite dorée, s’était autorisé un nième combat de trop. La suite, vous la connaissez mieux que nous.

 

Je voudrais donc vous rappeler que  avez bien de choses en commun avec ses anciens dirigeants ouest-africains. Je pense à l’âge ; ils étaient âgés et vous aussi. Je pense aussi  à la durée au pouvoir ;   votre ombre plane sur le palais présidentiel depuis 1990, date de votre nomination à la primature.

Monsieur le président,

L’histoire ne ment pas. Elle   nous renseigne autant qu’elle nous enseigne et nous apprend à éviter les erreurs du passé. Gardez-vous des laudateurs zélés qui vivent du clairon de la discorde et de la zizanie.

Gardez   permanemment à l’esprit  qu’une grande formation politique comme le RHDP, c’est   une multiplicité de tendances.  Chez nous, on l’a vécu avec le CDP, incarné, entre autres, par  les tendances de Roch Kaboré, Simon Compaoré, Salif Diallo et François Compaoré. C’est ce qui a assuré la longévité de ce parti au pouvoir.

Vous auriez gagné à accepter que la tendance de Guillaume Soro cohabite au sein du RHDP avec   celles de Gon Coulibaly, Kobenan Kouassi Adjounani, Albert Mabri Toikeusse, Hamed Bakayoko,   Amadou Soumahoro, Daniel Kablan Duncun et autres. Vous n’auriez pas du assister, sans broncher, à épuration  des proches de Guillaume Soro  de la liste des candidats aux récentes élections législatives, à la tête des   institutions et autres  entreprises d’Etat.

A la suite de monseigneur Kutwa, je voudrais vous conjurer  de ramer dans la  volonté de notre père céleste. Votre héritage en dépend. Voyez-vous, Félix Houphouët Boigny a dirigé ce pays, permettez-moi de dire,  plus de 35 ans. Il n’a pas su préparer son héritage qui a fait long feu, moins de trois ans avec Aimé Henri Konan Bédié. Que pensez-vous qu’il adviendra du votre ?

 

A présent, je voudrais, vous inviter à décrocher votre téléphone pour appeler votre fils, Soro, pour ensemble jouer des notes de  rémission, d’amour, de réconciliation et d’harmonie.

Vous gagneriez à tout faire pour  évacuer au plus vite ces malentendus qui, au fur et à mesure qu’ils continuent d’être exposés, continuent de desservir votre cause.

Avant tout, libérerez-vous, j’ai envie de dire de l’emprise de quelques-uns de vos  proches et surtout libérez ceux  qu’il convient d’appeler les derniers prisonniers politiques de votre  fin de règne.

 

Pour finir, je voudrais vous inviter à méditer cette parole qui nous vient des Saintes écritures : «  Ne dépouille pas le pauvre, parce qu’il est pauvre et  n’opprime pas le malheureux à ta porte ; car l’Eternel défendra leur cause, et il ôtera la vie à ceux qui les auront dépouillés », Proverbe 22 : 22 & 23.

 

Adama BAYALA

Journaliste –écrivain»

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