A la veille de l’inauguration, ce 17 mai 2025 à Ouagadougou, du Mausolée du leader de la Révolution burkinabè d’août 1983, s’est jouée une pièce importante du puzzle de reconstitution ou réhabilitation de sa mémoire. Il s’agit de la conférence pédagogique ce 16 mai à l’Université Aube Nouvelle ayant culminé avec la remise par le conférencier Docteur Jean Hubert Bazié, ancien proche collaborateur du leader révolutionnaire assassiné le 15 octobre 1987, d’importants documents de portée historique.
«J’ai remis des manuscrits importants rassemblés en un document unique qui relate les réactions de tous les présidents de la sous-région après le coup d’État de 1987. Ces réactions révèlent qu’il y avait déjà quelque chose de louche et de sous-jacent dans la nuit du 4 août. Parmi ces manuscrits, il y a le document du discours que le Président Thomas Sankara devait prononcer le 15 octobre 1987. Je vous avoue que s’il avait réussi à le prononcer, il n’y aurait plus eu aucun prétexte officiel pour l’assassiner», a confié Dr Jean Hubert Bazié à l’issue de la remise de sa contribution pour la réhabilitation de la mémoire et de l’œuvre de Thomas Sankara.

Les documents remis sont destinés au Ministère de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme qui coordonne le processus de collecte des documents se rapportant à la période révolutionnaire. Et c’est à Jean Noël Bonkoungou, conseiller du ministre Pingwendé Gilbert Ouédraogo que l’honneur est revenu de réceptionner ce premier lot de documents détenus par l’ancien directeur de la presse présidentielle et directeur de publication de ‘’L’Intrus’’.
«Une source d’inspiration pour la jeunesse du Burkina»

«C’est un lot que nous allons rendre accessible, et qui sera utile aux étudiants et à la jeunesse du Burkina Faso, pour qu’ils puissent mieux comprendre la Révolution de 1983 à 1987. Si l’on ne se remémore pas ce que contient notre histoire, il est très difficile de se projeter dans l’avenir. Ces artefacts seront une source d’inspiration pour la jeunesse de notre pays», s’est félicité le conseiller Jean Noël Bonkoungou.
Il est à noter qu’au nombre des documents remis figurent également la directive des Comités de défense de la Révolution, le Plan de développement populaire, le plan quinquennal. Le restant du fonds documentaire révolutionnaire du Dr Bazié sera également remis au Ministère de la Culture.
Des témoignages poignants pendant la conférence

Les participants à la présente conférence pédagogique de Jean Hubert Bazié à l’Université Aube Nouvelle ce 1 mai, ont eu droit de poignants et émouvants témoignages de la part des acteurs de la Révolution d’août 1983.
«Thomas Sankara aimait la jeunesse et n’hésitait pas à lui confier des responsabilités pour peu que l’on soit engagé et défenseur actif de la cause de la Révolution. Ainsi, à 23 ans, il m’a confié la direction générale des douanes et à 26 ans le Bureau des ONG et Associations.», a confié le Daouda Traoré, ancien compagnon de Thomas Sankara.
«Quand il s’agissait d’appliquer les principes révolutionnaires, Sankara ne faisait pas de favoritisme, ni dans le népotisme. Quand un proche violait les principes, c’est la même rigueur de la loi qui s’appliquait. Avec lui, la justice sociale, l’équité, la dignité, l’égalité des citoyens étaient réelles», ont témoigné la plupart des intervenants.
«Comme la plupart des révolutionnaires authentiques, Thomas Sankara défendait des valeurs universelles qui restent et resteront d’actualité. Or, ses bourreaux en s’en prenant à lui, pensaient porter un coup d’arrêt à ses idéaux humanistes universels», a conclu le conférencier Bazié, exhortant les jeunes à s’intéressant à l’histoire politique et à se l’approprier pour construire l’avenir du Burkina Faso à partir des bases solides.
Martin Philippe
Ph. Marc Dikoudogo
Burkina Demain