C’est bien fini depuis ce jeudi 26 juin 2025 au siège de l’ONU Climat pour la Conférence de Bonn. Si la conférence s’est achevée sur une note mitigée, n’ayant pas permis de répondre à toutes les attentes, elle a permis de rappeler aux participants et à l’opinion internationale les défis de la trentième Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 30) prévu du 10 au 21 novembre 2025 à Belém au Brésil.

La Conférence de Bonn s’est achevée sur une note mitigée

L’on attendait beaucoup de la Conférence de Bonn tenue du 16 au 26 juin 2025 pour donner un coup d’accélérateur à la mise en œuvre de l’agenda de la politique climatique mondiale.

Organisée à quelques trois cinq mois de la prochaine Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 30), Bonn se présentait de facto comme une étape importante de Belém, ville hôte de la COP30.

Cette COP30 aura pour thème central, la mise en œuvre de l’Accord de Paris et l’accélération de l’action climatique ; incluant la réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’adaptation aux impacts du changement climatique, et le financement climatique pour les pays en développement. Alors que retenir de la Conférence de Bonn qui a refermé ses portes le 26 juin dernier au siège de l’ONU Climat, dans l’ancienne capitale allemande ? Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’a pas répondu à toutes les préoccupations dans un contexte international difficile.

«Encore beaucoup à faire avant Belém»

le Secrétaire exécutif d’ONU Climat, Simon Stiell a livré le discours de clôture de la Conférence

Certes, la Conférence de Bonn a été fort utile dans le processus préparatoire de la COP30. Les négociateurs de près de 200 pays ont travaillé 10 jours durant à consolider les acquis de la COP29 de Bakou et surtout à mettre sur les rails le dispositif à venir de la COP30, avec en toile de fond l’ambitieux Objectif de l’Accord de Paris de limiter la hausse des températures mondiales à 1,5 °C.

Ainsi, les avancées de cette Conférence de Bonn portent entre autres sur le programme de travail pour une transition juste, l’égalité des sexes, la transparence et le dialogue des Emirats arabes unis.  Si dans son allocution de clôture de la Conférence, le Secrétaire exécutif d’ONU Climat, Simon Stiell, n’a pas passé sous silence ces acquis ; il ne s’est pas non plus voilé la face devant l’ampleur des difficultés et des défis restants.

«Le travail dans d’autres domaines, tels que les mesures de réponse et le programme de mise en œuvre technologique, a connu des difficultés. Je ne vais pas l’édulcorer ; nous avons encore beaucoup à faire avant de nous retrouver à Belém. Il y a encore tellement de travail à faire pour maintenir 1,5 en vie, comme l’exige la science. Nous devons trouver un moyen de prendre plus tôt les décisions difficiles», a-t- il  relevé.

«Attention à la tentative de réduction des financements»

Mohamed Adow, Directeur de Power Shift Africa, a relevé la lenteur sur la question des financements

Ce n’est plus un secret pour personne, depuis le second retrait des Etats Unis d’Amérique de l’Accord de Paris avec notamment le retour du Président Donald Trump à la Maison Blanche ; les financements climatiques sont devenus problématiques ; rendant compliquée la tenue des engagements financiers pris à Bakou lors de la COP29.

Alors qu’à Bakou la Communauté internationale avait pris l’engagement de tripler le financement aux pays en développement, par rapport à l’objectif précédent de 100 milliards de dollars par an, le faisant ainsi passer à 300 milliards de dollars par an d’ici à 2035 ; à Bonn, le Directeur de Power Shift Africa, Mohamed Adow a noté au cours des pourparlers une certaine lenteur sur des questions fondamentales telles que le financement, l’adaptation et la transition juste. Cela révèle, dit-il, «un écart de confiance croissant entre les pays riches et les pays vulnérables». Monsieur Adow, parle même de «tentative de mettre de côté l’article 9.1 et de réduire le financement climatique à une aide rebaptisée devrait nous alarmer tous». Pour lui, il ne s’agit pas là «seulement de querelles procédurales, il s’agit d’un retrait des obligations ». Or, a-t-il poursuivi, «si l’objectif mondial en matière d’adaptation doit avoir un sens, il doit être soutenu par un financement nouveau, prévisible et basé sur des subventions».

«Former des groupes de pionniers pour sortir des impasses…»

Ayant fait le même constat de la lenteur sur la question du financement, Khaled Hashim, coordinateur du G77+Chine, a souligné la nécessité que la bonne volonté affichée de financement soit désormais accompagnée d’actions concrètes. «Ce processus est le seul moyen dont dispose l’humanité pour empêcher un effondrement économique mondial provoqué par le climat, avec de terribles coûts humains. Tout comme nous n’avons pas de planète B, il n’y a pas de processus B», a-t-il soutenu.

Le Secrétaire exécutif d’ONU Climat, Simon Stiell ayant lui aussi observé ces retards dans l’agenda climatique, a encouragé les parties aux pourparlers à former des «groupes de pionniers» pour faire preuve d’ambition. Mais les observateurs notent que les coalitions volontaires, aussi bien intentionnées soient-elles, ne peuvent remplacer des engagements contraignants, en particulier lorsque des questions fondamentales telles que l’adaptation et le financement restent dans une impasse.

Grégoire B. Bazié

Burkina Demain